De plus en plus de femmes
se mettent à la réalisation de films d'horreur, d'épouvante ou de
fantastique. Amenant avec elles leur sensibilité toute féminine.
Sans avoir la volonté de passer pour un vieux misogyne qui ne
verrait par là qu'une faiblesse rédhibitoire, il est certain que
parmi elles plusieurs ont su saisir leur chance pour apporter quelque
chose de beaucoup plus ''grand'' et intense que chez leurs
concurrents masculins. C'est d'ailleurs sans doute ce qui est arrivé
à The Beldham,
le premier long-métrage en tant que réalisatrice et scénariste de
l'actrice américaine originaire du Minnesota, Angela Gulner. Sous
couvert d'une tension véritablement palpable, d'une présence
hostile et prétendument fantastique ou de l'intrusion du surnaturel
relativisée à travers le portrait remarquablement trouble de son
héroïne, ce premier coup d'essai et une véritable réussite. Qui
axe sont récit sur plusieurs choses. Tout d'abord sur le retour chez
sa mère Sadie (Patricia Heaton) d'une jeune femme prénommée Harper
(Katie Parker) dont la petite fille Christine (Lincoln Taylor) n'est
âgée que de quelques mois. La relation entre Sadie et Harper n'est
sans doute pas vraiment conflictuelle mais cependant, l'on sent une
tension véritablement tangible entre ces deux femmes. Après qu'elle
ait fait la connaissance de son nouveau beau-père qui est venu la
chercher en voiture (l'acteur Corbin Bernsen dans le rôle de Frank).
Harper découvre en outre qu'est installée chez sa mère une
certaine Bette (Emma Fitzpatrick). Une aide à domicile qui malgré
les apparences n'est pas là pour aider Sadie mais pour soutenir
Harper dans ses besoins. En effet, la mère de Christine a récemment
vécu un traumatisme physique et psychologique qui l'on poussée à
s'écarter durant quelques temps de toute vie sociale. Katie Parker
incarne une jeune femme fragile, célibataire (le scénario ne
s'épanchant pas sur la relation qu'elle pu avoir avec le père de
Christine) suivi par l'assistance sociale et confiée à sa mère,
toujours très inquiète de son état mental mais aussi et surtout
très préoccupée pour la sécurité de sa petite-fille. Une
bienveillance que Sadie mène d'ailleurs de manière très
particulière. Patricia Heaton incarne ainsi une mère dont le
comportement va très vite se révéler ambigu. Mais heureusement,
Harper va surtout pouvoir compter sur le soutien totalement
désintéressé de Bette. Jeune femme douce et avenante qui donc est
incarnée par une Emma Fitzpatrick dont la présence à l'écran
suffit à désamorcer certains passages relativement tendus...
La
mise en scène, le scénario et l'interprétation paraissent parfois
d'autant plus communs que l'histoire fait entrer le fantastique dans
un contexte de drame familial comme le cinéma d'épouvante à
désormais l'habitude de régulièrement nous le présenter. C'est
donc avec une évidence matinée de coutumes horrifiques presque
ancestrales que le spectateur s'apprête à plonger dans un univers
délétère, où des faits transgressant les normes d'une vie de
famille ordinaire vont venir gripper la convalescence de notre
héroïne et par là-même jouer avec nos préjugés. Car ici, il n'y
a que deux cas d'école qui semblent pouvoir justifier tout ce qui se
déroule à l'écran. De manière aussi rationnelle qu'élémentaire,
l'on pensera tout d'abord à l'hypothétique folie qui semble avoir
prise sur Harper. Avant de supposer que le fantastique s'est
introduit dans cette famille reconstituée et ''augmentée'' par la
présence d'une aide à domicile. Quelques résurgences propres à
des expériences passées en matière de cinéma horrifique
pourraient même faire surgir l'idée d'une machination perpétrée
par tel ou tel protagoniste contre notre pauvre et jeune mère de
famille en souffrance psychologique. Et c'est là qu'intervient alors
toute la sensibilité d'Angela Gulner. Sans savoir si cette femme
marié est la mère d'un ou de plusieurs enfants, la cinéaste est
semble-t-il ici très attachée au thème de la famille et des liens
qui rattachent certains membres entre eux. The
Beldham est
à ce titre presque exclusivement incarné par des interprètes
féminines en dehors de Corbin Bersen qui dans le rôle de Frank
interprète une sorte de gardien chargé de veiller à ce que tout se
déroule dans le calme. Distillant en permanence des indices qui
laissent augurer d'une présence fantastique et hostile appuyée en
outre par la présence d'un journal intime au contenu plutôt
inquiétant, Angela Gulner a évidemment derrière la tête une toute
autre idée du récit. Et c'est bien là que la force du long-métrage
s'exprime pleinement, lorsque la connexion entre une histoire qui
emprunte davantage au drame qu'à l'horreur et la subtilité du
script de la réalisatrice entrent en interaction. Ce qui jusque là
pouvait entraîner autant de lassitude que de rejet épidermique face
à l'efficace tension menée de bout en bout par Angela Gulner et ses
interprètes se conclue avec une émotion réelle. Preuve que la
cinéaste américaine est parvenue à son but. Faire croire à
l’indicible pour mieux happer le spectateur dans une vérité crue,
pathologique et poignante...
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