Pour son premier
long-métrage, la réalisatrice et scénariste gréco-canadienne
Joanna Tsanis signe un petit film d'horreur. Une œuvre dont les
quelques photos particulièrement gratinées étaient la promesse
d'une aventure riche en scènes gores. Mais au final que reste-t-il
de ces quelques précieuses ''données photographiques'' à
destination des amateurs de gros bouillons de sang ? Et bien,
pour être franc, pas grand chose. Cela n'est peut-être pas tout à
fait évident à comprendre lorsque notre héroïne ou tout autre
personnage est confronté à l'une des victimes du Killgrin mais ces
dernières sont censées arborer de sinistres sourires. On retiendra
surtout de ces craspecs apparition, des bouches béantes et
sanguinolentes du plus réjouissant effet. Et profitez bien de ces
quelques passages gores car ils seront particulièrement rares. Et
surtout, très répétitifs. Bref, pas de quoi se mettre grand chose
sous la dent ! The Killgrin
est donc un nouveau venu dans le bestiaire horrifico-fantastique. Un
nouveau ''modèle'' de légende urbaine. Un boogeyman parmi les plus
pathétiquement drôles comme pourront le constater les spectateurs,
effarés devant une telle créature. Harmonisant ainsi les concepts
de laideur et de ridicule. Projetant l'image d'un antagoniste se
nourrissant de la tristesse et du désarroi des personnages affligés
par la mort d'un proche, le Killgrin est selon la voyante que
consulte l'héroïne Miranda (Konstantina Mantelos), une infection de
l'aura... Pour commencer, la jeune femme est témoin du suicide de
son compagnon, qui après l'avoir assuré que tout allait bien s'est
jeté du haut d'une fenêtre de leur appartement. Deux semaines
s'écoulent et Miranda se décide enfin à participer à une
thérapie de groupe où elle fait notamment la connaissance de Brian
(Adam Tsekhman). Un olibrius très maladroit mais fort sympathique
qui, bien qu'elle s'y refuse, tente sans cesse de se rapprocher
d'elle. La thérapie est dirigée par un certain Sam qu'incarne
l'acteur Peter MacNeill qui après une longue carrière au cinéma et
à la télévision et à l'âge de soixante-douze ans échoue donc
dans cette production fade et aseptisée... En dehors de sa charmante
protagoniste, interprétée de manière plutôt juste par l'actrice
elle aussi gréco-canadienne, Konstantina Mantelos et quelques effets
gores plutôt réussis, The Killgrin
n'a donc malheureusement rien pour lui. Extrêmement répétitif et
surtout très mou, le long-métrage de Joanna Tsanis multiplie la
présence de personnages secondaires et de situations parallèles qui
n'apportent en fait pas grand chose à l'intrigue...
Histoire
de combler les trous d'un récit qui au fond n'a pas grand chose
d'original à nous offrir, la réalisatrice, scénariste et
productrice introduit la présence de deux flics dont l'inutilité
est à l'aune de ce qu'en fait la cinéaste : deux personnages
aussi dispensables à l'écran que dans l'imaginaire d'un scénario
qui les traite comme des fonctionnaires plus prompt à remplir des
formulaires qu'à se rendre sur le terrain ! Chaque thème ou
presque est simplement survolé. Qu'il s'agisse des diverses
séquences tournées lors de la thérapie de groupe, du contact entre
Miranda et son ancienne camarade de lycée qui sera la première
victime du Killgrin ou de l'apparition à l'écran de Damien
(Cristo Fernández), l'ancien petit ami toxique de la jeune femme,
tout est tourné de manière fort dérisoire. Comme un téléfilm
sans budget, sans réelle vision personnelle et artistique et sans
enthousiasme. Le spectateur aura du mal à se raccrocher au wagon
autrement qu'en se posant la question de l'identité de celui qui
arrache les mâchoires de ses victimes. À ce titre, l'on n'aura même
pas droit à un quelconque twist. Pas de retournement de situation
qui nous ferait penser qu'en nous endormant, Joanna Tsanis serait
finalement parvenue à nous piéger. Pourtant, si The
Killgrin
est mauvais, il n'est pas impossible que dans un certain sens il
puisse devenir une future légende du nanar... Non pas dans son
ensemble mais pour ce qui à coup sûr deviendra bientôt pour les
amateurs du genre une séquence d'anthologie : l'intervention du
Killgrin en chair et en os. Probablement l'une des créatures les
plus ridiculement grotesque, sorte de mix improbable entre le pire
des cénobites de la franchise Hellraiser
et une créature qui aurait pu être hypothétiquement conçue pour
le film House
de Steve Miner en 1985. Bref, après un long, très long, beaucoup
trop long moment d'attente, apprêtez-vous à rire devant ce qui
durant une heure-trente aura traumatisé notre héroïne et nous aura
fait tant cogité quant à son existence réelle ou non. Au final, le
Killgrin du
récit n'est pas qu'un monstre hideux. Il est la cerise sur un gâteau
dont la date de péremption est dépassée depuis des décennies...
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