Cinq ans après le
thriller Vaurien,
l'acteur, réalisateur et scénariste français Peter Dourountzis
revient en 2025 avec son second long-métrage Rapaces.
Une œuvre dont la démarche peut se confondre avec le formidable La
nuit du 12
que réalisa Dominik Moll il y a trois ans. Sorti le 2 juillet
dernier, Rapaces
se réfère de part son intitulé à deux formes ''secondaires''
s'agissant du groupe d'animaux rassemblant les oiseaux de proie, tels
les vautours, terme qu'aurait tout aussi bien pu employer le cinéaste
pour décrire une grande partie des individus qui constituent les
protagonistes du récit. En effet, Peter Dourountzis s'intéresse
tout d'abord à un fait-divers criminel qui eut lieu sur le
territoire français en 2002. ''L'affaire
Élodie Kulik''.
Cette jeune femme qui cette année là fut assassinée dans la nuit
du 10 au 11 janvier le fut par plusieurs individus dont au moins deux
d'entre eux furent tout d'abord suspectés après qu'une analyse
scientifique démontre leur culpabilité. Reprenant la tragédie en
écrivant tout d'abord son scénario avec le soutien de Christophe
Cantoni, Christophe Cousin et Fabianny Deschamps, Peter Dourountzis
évoque à travers le titre Rapaces,
ces prédateurs nocturnes qui épient, traquent, enlèvent, violent
et assassinent leurs victimes. Mais en l'occurrence, le titre se
réfère en première lieu à ces journalistes d'investigation qui
œuvrent dans le sensationnel et dans la rubrique ''Chiens
écrasés''.
Cette presse véhiculant une image relativement négative du
journalisme est ici figurée à travers Détective
(depuis renommé Le
nouveau détective)
dont les personnages de fiction Samuel, Christian, Aubin et Elizabeth
en sont certains des principaux représentants. Tandis que Rapaces
décrit tout d'abord les liens qu'entretiennent ces journalistes avec
certains membres de la magistrature et de l'autorité policière,
lesquels collaborent avec eux afin de leur fournir les éléments qui
pourraient leur permettre d'avancer dans leur enquête, le
réalisateur se penche essentiellement sur le personnage de Samuel
qu'interprète à l'image l'acteur Sami Bouajila. Un personnage
ambigu, prêt à mentir à un homme dont la fille vient d'être
retrouvée morte après avoir été violée et défigurée à l'acide
chlorhydrique. Simulant ainsi l'empathie afin de récolter
suffisamment d'informations pour pouvoir avancer dans sa recherche du
ou des coupables...
Un
personnage, au fond, peu chaleureux, pas vraiment moral et qui en
outre s'adjoindra les ''services'' de sa propre fille Ava (excellente
Mallory Wabenecque), la poussant à mentir à un père anéanti par
la mort de sa fille (Samuel Jouy dans le rôle du père de Jessica),
jusqu'à même la mettre involontairement en danger lors d'un climax
particulièrement tendu ! Jouant sur les terres balisées de
Dominik Moll, Peter Dourountzis signe un second thriller marqué du
blason de la Tension. Un film qui préoccupe par l'intense angoisse
qu'il dégage même lorsqu'il s'agit d'aller interroger un père en
deuil (la vision du fusil accroché au mur) ou le frère d'un
assassin mort en prison qui semble avoir bien du mal à respecter la
proxémie entre le journaliste et lui. Le tournant du film se situe
justement après cette dernière rencontre, lorsque Samuel
s'intéresse aux méthodes employées par les cibistes qui
communiquent à l'aide d'un appareillage dont il prendra lui-même
possession afin de traquer... les traqueurs ! Rapaces
prend
alors un tournant audacieux en plongeant Samuel et sa fille Ava au
cœur d'un jeu dangereux qui trouvera son ultime expression dans un
bar-restaurant du nom de Napoléon
et dans lequel les supposés assassins de deux jeunes femmes ont
l'habitude de se regrouper ! Du long-métrage de Peter
Dourountzis l'ont retiendra tout d'abord l'excellente incarnation de
ses deux principaux interprètes mais aussi la quasi inutilité du
personnage incarné par Jean-Pierre Darroussin, au demeurant
excellent, mais dont l'utilité reste encore à prouver autrement que
par le comblement de certaines séquences probablement produites afin
de rallonger le récit. L'ambition de départ est alors réduite au
champ d'action de Samuel et ce qui aurait pu donner lieu à un
thriller très ''Soderberghien''
portant essentiellement sur le travail ''généralisé'' d'un groupe
de journalistes d'investigation à la recherche du scoop se réduit
finalement presque autour d'un père et de sa fille. Poisseux mais
néanmoins presque touchant dans cette relation contrainte entre
Samuel et Ava alors confrontés à la même enquête et aux mêmes
instants de tension, Rapaces
n'est peut-être pas tout à fait au niveau de La
nuit du 12
de Dominik Moll mais demeure malgré tout un excellent thriller...



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