Après avoir lu le
commentaire d'un olibrius visiblement peut en accord avec l'humour
que j'essaie de disperser ça et là dans mes articles, j'ai pensé
un moment à m'auto-censurer avant de me dire qu'il pouvait
finalement aller se faire enc... (Mouarf!). La bien-pensance ne
faisant pas partie de mon catalogue intellectuel et n'ayant pas pour
habitude de me justifier auprès d'un inconnu, mon nouveau choix de
film s'est étrangement porté sur l'antépénultième long-métrage
de Todd Solondz. Personnage sans doute aussi cynique que la majorité
de ses personnages et dont j'avais déjà découvert une grande
majorité des œuvres dès l'apparition chez nous du génial Welcome
to the Dollhouse
voilà trente ans... Alors qu'il aura fallut attendre une décennie
entière pour profiter de son prochain film (Love
Child,
lequel est pour l'instant en pré-production), Dark
Horse
se positionne entre le tristounet Life During
Wartime
(dont j'avais patiemment mais aussi très durement attendu la sortie
puisqu'il s'agissait de la suite de l'excellent Happiness)
et le sympathique Wiener-Dog
sorti voilà maintenant neuf ans ! Depuis ? Rien ! Tel
un dealer aux abonnés absents, Todd Solondz n'est pas venu fournir
ses fans en ''came'' depuis trop longtemps. C'est pourquoi, la
moindre occasion de mettre la main sur l'une ou l'autre de ses œuvres
est importante. Sans doute pas vitale, mais importante malgré
tout... Dans l'univers des courses hippiques, l'on considère un
''cheval noir'' comme un outsider. Une bête prometteuse mais qui
doit tout d'abord faire ses preuves... Et ceci est un peu l'objet de
Dark Horse
dans lequel l'acteur ventripotent Jordan Gelber incarne le
personnage de Abe, fils d'une bonne famille engagé dans l'entreprise
de son père, Jackie (interprété par le génial Christopher
Walken). Sa mère, Phyllis (l'actrice Mia Farrow) est très proche de
lui, le cocoone et s'avère très attentive au confort de son fils.
Abe ? Un raté à vrai dire. Qui n'a jamais terminé ses études,
n'a pas de diplômes et vit tel un ''Tanguy''
dans l'ombre de son frère Richard (Justin Bartha) qui au contraire a
réussi et est devenu médecin... Pourtant, une éclaircie semble se
profiler dans l'existence de ce quadragénaire qui vit encore chez
Papa-Maman mais n'en branle pas une au travail. Pourtant
compréhensif, son père ne lui demande pas grand chose : juste
de lui fournir des feuilles de calcul, ça n'est quand même pas la
mer à boire, hum ?
Bref,
Jordan Gelber incarne un être immature, fainéant et pourtant sûr
d'être indispensable... L'univers de Dark Horse
est proche de celui de bon nombre de longs-métrages réalisés par
John Waters. L'Amérique rêvée des années cinquante transposée
dans le présent. Couleurs chatoyantes et personnages parfois rétros,
le film est également pour notre héros l'occasion de faire la
rencontre avec une très jolie brune en la personne de Miranda
(délicieuse Selma Blair). Sa carrière d'écrivain ayant échoué,
tout comme sa relation avec son ex petit ami Mahmoud (Aasif Mandvi)
n'a pas tenu sur la durée, la jeune femme accepte de nouer une
relation avec Abe. Malgré certaines réticences sur lesquelles aime
d'ailleurs à s'appuyer Todd Solondz. Sans énumérer précisément
ces dernières, le cinéaste parvient malgré tout à nous éclairer
sur ce qui peut se passer dans la tête d'une jolie fille pas très
bien dans sa tête et dans son corps au contact d'un type pas
franchement séduisant et un peu bêta ! Comme toujours chez
Todd Solondz perce au delà de l'humour noir des thèmes beaucoup
plus graves. Voire sombres... Lorsqu'il évoque notamment et une fois
encore la maladie. Ici, une hépatite B qui empêche littéralement
Miranda de vivre pleinement son existence. Comme toujours, les
personnages dans leur globalité trahissent des failles. Du côté
des parents d'Abe, rien ne semble être plus approprié que de suivre
les recommandations des psychiatres et ainsi de se bourrer de
médicaments. Ce qui explique sans doute le jeu aussi savoureux que
léthargique de Christopher Walken ! En jeune femme dépressive
et peu sûre d'elle, Selma Blair est touchante. Et ça n'est pas
seulement parce que son personnage dégage un fort et étrange
pouvoir de séduction que l'on aimerait la prendre dans nos bras.
Notons que Dark Horse
prend parfois des chemins de travers très curieux. Surtout lorsque
Abe croise régulièrement et de manière fort inattendue sur sa
route, Marie (Donna Murphy). Secrétaire de son père qui apprécie
particulièrement le fils, celle-ci débarque inopinément avant que
l'on ne comprenne qu'elle fait l'objet de ''fantasmes''ou de crises
de ''schizophrénie'' de la part de notre quadragénaire ! Là
encore, Todd Solondz s'amuse des ''travers'' sexuels en transformant
une femme d'âge mûr plutôt discrète en une couguar avide de
jeunes hommes... Bref, avec Dark Horse,
Todd Solondz nous rassurait sur sa capacité à remonter la pente
après le semi-échec Life During Wartime.
Les fans du cinéaste apprécieront...
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