Depuis 1947, la ville
d'Avignon accueille le plus important festival des arts du spectacle
et de théâtre du monde. Fondé par le metteur en scène français
Jean Vilar, il a servi cette année de cadre au premier long-métrage
réalisé par l'acteur, réalisateur et scénariste Johann Dionnet.
Présenté le 16 janvier dernier au festival de l'Alpe d'Huez aux
côtés des très sympathiques Les règles de l'art
de Dominique Baumard, Le répondeur
de Fabienne Godet ou du Mélange des genres
de Michel Leclerc (tous les trois chroniqués par votre serviteur),
le film a remporté le Grand Prix ainsi que ceux de Canal+
du meilleur film et du Coup
de cœur des Alpes !
Trois prix amplement mérités pour l'une des vraies bonnes comédies
françaises à avoir vu le jour sur grand écran dès le 18 juin
dernier... Écrit par Johann Dionnet lui-même ainsi que par le
réalisateur et scénariste Benoît Graffin, Avignon
a beau avoir été couronné de ces trois prix, force est malgré
tout de reconnaître qu'en terme d'originalité, cette comédie très
rafraîchissante est allée puiser dans des sources d'inspiration que
l'on aurait pu croire asséchées. Car des histoires où passion
amoureuse et humour s'entremêlent, le cinéma français en charrie
depuis que le septième art existe. L'un des principaux atouts du
long-métrage reste donc son cadre et ses festivités. Mais alors
qu'il semble avoir été tourné en plein cœur du Festival
d'Avignon, le tournage a en réalité eu lieu en plein été 2024
pour se conclure en septembre à Paris où se situent les dernières
séquences du film. Avignon met
en scène l'humoriste et acteur Baptiste Lecaplain dans le rôle de
Stéphane. Comédien de théâtre, il accepte de rejoindre son
ancienne troupe au Festival d'Avignon pour reprendre le rôle qui
tenait dans la pièce de boulevard Ma
sœur s'incruste
qui avait été repris par un remplaçant qui s'avère indisponible.
Réticent à l'idée de reprendre le rôle en question, il remonte
finalement sur les planches aux côtés de Coralie (Alison Wheeler),
d'Amélie (Constance Carrelet) et de Patrick (un rôle interprété
par Johann Dionnet lui-même). La pièce est dirigée par leur ami
Serge (Lyes Salem), lequel vient de faire appel au tout nouveau
régisseur Marc (Rdy Milstein). Alors que Stéphane et les autres
membres de la troupe placardent dans les rues de la ville affiches de
leur pièce, il tombe sur celle de la chanteuse Fanny (Elisa Erka),
une jolie jeune femme qu'il a brièvement connue il y a des années
et sur laquelle il tombe peu de temps après.
Alors
qu'ils échangent quelques mots, un quiproquo va contraindre Stéphane
à mentir à Fanny. En effet, séduite par le jeune homme et surtout
à l'idée qu'il joue le rôle principal de Rodrigue dans la pièce
Le Cid
donné par une autre troupe, celui-ci n'ose pas lui avouer qu'il joue
en réalité dans une petite pièce de boulevard... Sur ce postulat
de base, Johann Dionnet signe une comédie fraîche reposant sur une
interprétation et des dialogues absolument jouissifs. Avignon
se situe à la croisée des chemins entre le style propre à la
Troupe du Splendid
(formée
il y a presque cinquante ans autour de Christian Clavier, Gérard
Jugnot, Thierry Lhermitte, Michel Blanc, Josiane Balasko, Marie-Anne
Chazel et Bruno Moynot) et une œuvre vers laquelle le long-métrage
de Johann Dionnet tente à se rapprocher : Les
grands ducs
de Patrice Leconte dans lequel trois comédiens de théâtre en
retraite (incarnés par Jean Rocheford, Jean-Pierre Marielle et
Philippe Noiret) voyaient l'opportunité de remonter sur scène dans
une pièce de boulevard intitulée Scoubidou !
Dans un cas comme dans l'autre, les deux films jouent sur les
rapports humains, les jeux de séduction tandis que le personnage de
Serge rappelle peu ou prou celui incarné à l'époque par Michel
Blanc (le producteur escroc devenant désormais un metteur en scène
ayant de grosses difficultés à financer ses interprètes et la
location du théâtre). Avignon
présente une galerie de personnages hauts en couleurs, brillamment
caractérisés et auxquels chaque interprète fait honneur. Les bons
mots fusent en permanence et le spectacle auquel il nous est donné
d'assister ressemble lui-même à une pièce de boulevard. Adaptation
de son propre court-métrage Je Joue Rodrigue
qu'il réalisa deux ans auparavant en 2022, Johann Dionnet signe une
comédie romantique tout sauf mièvre, très drôle et profondément
humaine. Bref, de quoi satisfaire toutes celles et ceux qui depuis
des lustres ne croient plus en la comédie française...
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