Victime d'une incroyable
avalanche de critiques négatives, il fallait absolument que j'aille
jeter un œil sur Wounds
du réalisateur, scénariste et producteur britannico-iranien Babak
Anvari. Originaire de Téhéran installé à Londres depuis 2002 et
auteur dernièrement de l'excellent Hallow Road,
il semblerait donc qu'il y ait un infranchissable pont qualitatif
entre celui-ci et son second film tourné voilà six ans. Signifiant
''Blessures''
une fois traduit dans notre langue, les raccourcis un peu trop
faciles dont a été victime Wounds
expliquent le mécontentement d'une grande majorité de celles et
ceux qui ont découvert cette histoire beaucoup moins alambiquée
qu'elle n'y paraît. Si l'on veut être tout à fait objectif,
l'antépénultième long-métrage de Babak Anvari n'est pas un grand
film et n'est donc pas dénué d'un certain nombre de défauts
réduits par certains critiques à leur plus simple expression. Pas
mal d'événements se produisent. Jugés selon moi un peu trop
rapidement et arbitrairement. Les pièces d'un puzzle qui donnent à
Wounds une
allure très particulière, le spectateur ne sachant plus vraiment où
veut en venir le cinéaste. L'histoire semble pourtant très claire :
employé dans un bar de la Nouvelle-Orléans, Will reçoit ses
clients habituels lorsqu'un groupe de quatre jeunes étudiants vient
s'asseoir à une table. Accoudés au zinc, ses ''amis'' Alicia (Zazie
Beetz, vue notamment dans Deadpool 2,
Bullet Train
ou Joker: Folie à Deux)
et Jeffrey (Karl Glusman) prennent un verre en sa compagnie lorsque
déboulent Eric (Brad William Henke) et d'autres gros bras qui comme
lui sont déjà éméchés. Lors d'une partie de billard, une
violente dispute intervient alors entre cet employé d'une station
pétrolière maritime qui loge à l'étage et l'un de ses
''camarades'' qui parvient à l'entailler à la joue à l'aide d'un
tesson de bouteille. Alors que Will prévient sa clientèle qu'il
vient d'appeler la police, tout le monde ou presque fuit les lieux. À
commencer par le groupe d'étudiants dont plusieurs n'ont pas atteint
l'âge pour pouvoir traîner dans un bar ainsi que Eric et son
agresseur. Alors que le barman s'apprête ensuite à fermer les
lieux, il trouve un téléphone appartenant probablement à l'un des
quatre jeunes gens. L'emportant chez lui, dans l'appartement qu'il
partage avec sa compagne Carrie (Dakota Johnson, découverte dans
The Social Network
ou Fifty Shades of Grey),
Will y découvre d'abominables photos...
Bientôt
victime d'hallucinations et suivi par une étrange voiture noire,
l'homme perd peu à peu le sens de la réalité. Voilà ! Ça
n'est pas plus simple que cela ! Dans le genre scénario
alambiqué, récit labyrinthique, avouons que l'on a vu pire. Et
d'ailleurs, si l'intrigue était si tordue et incompréhensible que
certains le prétendent, sans doute ne serais-je pas parvenu à
décrire le contexte dans lequel évoluent les personnages. Le plus
réaliste serait de concevoir qu'en arrière-plan ait été conçu
une sous-intrigue satanico-fantastique que les amateurs de cinéma
d'horreur et d'épouvante aient eu le malheur de ne pas voir être
davantage déployée au sein du récit. Des éléments résiduels à
vrai dire qui ne servent que d'engrais à la lente descente aux
enfers d'un protagoniste sans cesse pris de boisson, se sachant
délaissé sentimentalement par sa compagne, très épris d'une
Alicia fermement accrochée au bras de son nouveau petit ami et
tombant dans une psychose parfois visuellement proche du Body
Horror.
Bien que bénéficiant d'un réquisitoire s'inscrivant en général
dans le cadre de la critique gratuite, acerbe ou témoignant d'une
profonde méconnaissance s'agissant des intentions de son auteur,
Wounds
porte en son titre la résolution de son intrigue. Il s'agit en effet
davantage de la description d'un individu qui dans sa recherche de la
vérité va tout perdre. Sa compagne, son boulot, ses amis et
surtout... la tête ! Les blessures du titre, en somme. La
structure du scénario et la mise en scène prenant peut-être,
alors, il est vrai, une forme inhabituelle, mais qui en voudrait à
un homme qui cherche à sortir des contingences pour offrir à son
public un spectacle différent ? Certainement pas les
''aventuriers du septième art'' qui en ont probablement marre qu'on
leur serve toujours la même recette. Alors c'est un fait :
Wounds
n'est effectivement pas un grand film mais il a le mérite d'explorer
des thèmes comme les rituels sataniques, l'obsession des réseaux
sociaux, l'addiction à l'alcool, les rapports intimes, amoureux ou
plus simplement humains sous une forme inattendue. Bref, Wounds
ne laissera personne indifférent. À commencer par ceux qui
considérèrent avoir perdu leur temps, ainsi que ceux qui comme
votre serviteur ont passé un moment plutôt agréable de cinéma...
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