Tout cinéphile qui se
respecte cherche son coup de cœur de l'année. 2025 n'est pas encore
arrivée à son terme que j'ai déjà trouvé le mien. Sorti sur le
territoire français mercredi dernier sous le titre En première
ligne, le dernier long-métrage de la réalisatrice et
scénariste suisse Petra Biondina Volpe aurait mérité de conserver
son titre original. Même chez nous et partout ailleurs dans le
monde. Car Heldin,
qui en allemand signifie Héroïne,
caractérise parfaitement le personnage incarné par l'actrice
originaire de Hambourg, Leonie Benesch. Difficile de trouver le mot
juste ou l'onomatopée qui reflète la sensation que l'on éprouve
devant une œuvre aussi intense : ''Ouch !'',
peut-être ? Car Heldin
est effectivement un coup de poing. Que l'on prend en pleine tête,
dans les reins, le foie et toutes les parties du corps sensibles à
la maladie. Mais ici, il est moins question d'évoquer ce que l'on
peut ressentir en tant qu'hypocondriaque devant la nuit de garde
d'une infirmière dans un service d'oncologie que du bouleversement
qu'entraînent la plupart des séquences. Presque un ''temps réel''
si ce n'est que la nuit en question est concentrée en un tout petit
peu plus de quatre-vingt dix minutes. Je tombais tout à fait par
hasard sur un article de La
voix du Nord,
une critique concernant le long-métrage de Petra Biondina Volpe dans
laquelle l'on pouvait lire que le film n'atteint pas ''La
tension provoquée par L'histoire de Souleyman''
de Boris Lojkine. Une œuvre certes très convaincante mais qui au
regard de Heldin
pourrait presque prêter à sourire à la lecture d'une critique
probablement démagogique de la part d'un
quotidien
régional du nord de la France
qui
semble ne pas vouloir essayer de cacher certaines de ses
orientations ! Bref, si l'on veut pouvoir objectivement déclarer
avoir vu en 2025 un film offrant une immersion totale et réaliste
quel que soit le sujet traité, il faut absolument se rendre en salle
et aller découvrir l'immense claque que viennent de nous offrir la
réalisatrice et sa principale interprète. Découpé en petits
plans-séquences (si tant est que l'on puisse inscrire le montage
sous cette forme), Heldin nous
présente la jeune infirmière Floria Lind à sa prise de service.
Décrivant avec force le quotidien d'un service hospitalier chargé
des pathologies liées au cancer, le film montre surtout les
difficultés que rencontrent depuis des années les différents
personnels...
Comme
ici, justement, où Floria ne peut compter sur le soutien que d'une
collègue infirmière et d'un médecin. Un personnel restreint pour
une nuit qui va se révéler particulièrement chargée. De la
première à la dernière seconde, la caméra de Petra Biondina Volpe
suit notre infirmière. Entre visites, soins, urgences, pressions,
Leonie Benesch interprète surtout l'héroïne en question. Cette
femme qui voue son existence aux autres. Découle de son attachement
à soigner les patients, apaiser leurs douleurs ou comme lors de
cette bouleversante séquence, chanter une comptine à une vieille
dame atteinte de la maladie d'Alzheimer, une course contre la montre
qui transforme le drame en un authentique thriller. Un terme qui se
voudrait presque vulgaire pour une œuvre pleine d'humanité,
réaliste dans ses moindres recoins et touchante au plus haut point
mais qui ne traverse jamais la frontière et garde le même cap
durant plus d'une heure et trente minutes. Absolument formidable,
l'allemande Leonie Benesch saisit par son implication. Que l'on
évoque son attitude ou plus simplement son regard, toutes les
émotions la traversent. Parvenant ainsi à communiquer au spectateur
ce même amour pour son prochain, mais aussi cette appréhension qui
peut provenir d'un très court moment d'inattention liée à la
multitude de tâches accomplies durant cette nuit sans répit !
Que l'actrice soit formidable, c'est un fait. Ajoutons à cela, une
mise en scène moins sobre qu'elle n'y paraît. Le déplacement des
caméras, le montage et le choix de décors forcément glaçants
tendent à donner à Heldin
l'attrait d'un documentaire sur l'état des lieux d'un hôpital
manquant cruellement de personnel et de moyens. Petra Biondina Volpe
se montre cependant relativement sereine vis à vis des patients et
de leurs familles puisque l'impatience des uns et des autres ne
reposera fort heureusement que sur quelques ''sujets'' relativement
antipathiques. Plus qu'un divertissement, Heldin
est surtout une somme d'informations inouïe qui vue par le plus
grand nombre de spectateurs possible devrait permettre à ces mêmes
impatients qui parfois ''vrillent'' aux services des urgences de
relativiser et de laisser ceux qui leurs viennent en aide au
quotidien à faire leur travail dans les meilleures conditions
possibles. Bref, un bon gros 10/10...
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