Au vu de la ''gueule'' de
l'affiche, je me frottais déjà les mains à l'idée de concocter
une critique sévère mais néanmoins dotée d'un certain cynisme au
sujet de la dernière œuvre signée du réalisateur français
Jean-Pierre Améris dont je découvrais assez tardivement la
carrière. Ce n'est qu'en 2010 que ma compagne et moi avons
effectivement fait la connaissance de ce cinéaste avec Les
émotifs anonymes
qui, ma foi, nous avait laissé sur une impression plutôt positive.
Mais tout de même pas au point de nous donner envie de nous lancer à
l'époque dans une rétrospective remontant jusqu'en 1994, année où
il réalisa et écrivit son tout premier long-métrage intitulé Le
bateau de mariage.
Ni davantage que celle de le suivre ensuite scrupuleusement. Car des
onze qui suivirent la sortie des Émotifs
anonymes,
seuls Une famille à louer
en 2015, Profession du père
en 2020, Les folies fermières
en 2022 et Marie-Line et son juge
en 2023 ont attirèrent notre attention. Liste à laquelle nous avons
donc ajouté aujourd'hui Aimons-nous vivants.
Titre qui contrairement à la première impression qu'il donne ne
fait pas partie de ces comédies qui jouent ou s'inspirent en partie
(ou pas) sur le contenu de chansons françaises célèbres. Car rien
que pour les dix dernières années l'on peut notamment citer de par
chez nous, Toute première fois
de Noémie Saglio en 2015, Si j'étais un homme
d'Audrey Dana en 2017, Mais vous êtes fous
d'Audrey Diwan en 2019, J'irai où tu iras
de Géraldine Nakache, La plus belle pour aller
danser
de Victoria Bedos en 2023 ou encore Partir un
jour
en 2025 ! Autant dire que l'on a échappé au pire parce que
pour les plus jeunes qui ne le savent peut-être pas, Aimons-nous
vivants
est une chanson qui accuse cette année les trente-six ans et qui est
plus proche de standard français ringard que du classique de la
variété internationale ! Bref, sachant que le long-métrage de
Jean-Pierre Améris n'a donc absolument aucun rapport avec cette
chanson interprétée par François Valery et devenue populaire en
1989, c'est presque les yeux fermés que l'on pouvait se lancer dans
la projection d'Aimons-nous vivants.
Œuvre qui démarre tout d'abord nantie de si peu d'inspiration que
l'on s'exaspère par avance de ce que pourrait nous proposer la
suite. En effet, alors que Gérard Darmon incarne l'ancien crooner
Antoine Toussaint, le voici ''harcelé'' par Victoire qu'interprète
quant à elle Valérie Lemercier...
Et
pour commencer, à bord d'un train qui emmène l'ancienne vedette de
la chanson française jusqu'à Genève. Puis à l'arrière d'une
voiture avec chauffeur. Et enfin, jusqu'au bas des escaliers de
l'hôtel dont à loué une chambre pour Antoine, son manager de
toujours, Claude (Patrick Timsit). Ceux qui ont les mêmes références
que moi sentiront ce incommodant fumet du plagiat qui voudrait que
Aimons-nous vivants
ne ressemble pour l'instant qu'à un ersatz du classique de la
comédie signée en 1973 par le réalisateur Édouard Molinaro,
L'emmerdeur.
Au point que l'on s'attend presque à voir surgir de la chambre
mitoyenne à celle d'Antoine, une Victoria non pas suicidaire mais en
permission de sortie de prison pour les trois prochains jours. Sauf
qu'ici, si volonté (réelle) de suicide il y a, ça n'est pas du
côté de celle qui apparaît jusqu'à maintenant comme une véritable
casse-pieds qu'il faut regarder mais plutôt de celui d'Antoine.
Ancien chanteur, certes, mais au bout du rouleau et qui craint tant
de refaire un AVC
qu'il préfère en finir avec la vie. Et c'est pourquoi il est venu
jusqu'en Suisse où des protocoles d'euthanasie sont autorisés.
C'est alors que Aimons-nous vivants dévoile
sa véritable nature de comédie... dramatique. Et ceux que l'on
pensait devenir le nouveau duo de ''pitres'' uniquement voués à la
cause de l'humour dans ce nouveau long-métrage vont révéler deux
personnages beaucoup profonds et touchants qu'il n'y paraissait au
premier abord... Le nouveau long-métrage de Jean-Pierre Améris
n'est donc pas qu'une simple comédie mais s'attarde sur plusieurs
sujets beaucoup plus graves comme l'euthanasie. Une thématique dont
la gravité est fort heureusement contrebalancée par
l'interprétation de Valérie Lemercier qui incarne une Victoria
excentrique et un peu en marge, détenue en prison pour une affaire
remontant à plusieurs années mais aussi et surtout, personnage
solaire qui va tenter de redonner à Antoine le goût de vivre. Il y
a ici un petit côté Leaving Las Vegas
à la sauce française. On est loin de l'Actors
Studio
comme lorsqu'il était à l'époque bon ton de juger du talent d'un
ou d'une interprète mais Valérie Lemercier et Gérard Darmon
campent deux personnages drôles mais aussi et surtout vraiment
touchants. Rire et émotion sont donc au rendez-vous de cette
sympathique promenade en terre helvétique...
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