Un an après avoir
incarné le rôle du Père Gabriele Amorth dans le très mauvais The
Pope's Exorcist
de Julius Avery, le néo-zélandais Russell Crowe est réapparu en
2024 dans celui d'Anthony Miller, acteur alcoolique, veuf depuis que
son épouse est morte d'un cancer et qui renoue avec sa fille Lee
(Ryan Simpkins). Sevré, lui est alors offerte l'opportunité
d'interpréter le rôle principal d'un film d'horreur depuis que
l'acteur qui devait le tenir à été retrouvé mort dans d'étranges
circonstances sur le plateau de tournage. Bien que le réalisateur
ait toute confiance en lui, les mauvais démons d'Anthony vont
pourtant ressurgir. C'est du moins ce que semble tout d'abord nous
dire le film avant que le comportement de l'acteur ne change. Devenu
violent, paranoïaque et incapable de jouer son rôle tel qu'il a été
défini par son auteur, l'homme replonge dans ses travers avant de
montrer des signes de possession... Bien qu'il ait effectivement
connu une sortie en juin 2024 sur le territoire américain, The
Exorcism
de Joshua John Miller remonte en réalité à quelques années en
arrière, en 2019. Alors que le Covid-19
devient l'une des principales causes d'inquiétudes à travers notre
planète, la sortie du long-métrage est repoussée aux calendes
grecques et ne verra donc le jour que cinq ans plus tard. Donnant
ainsi l'impression que le film de Joshua John Miller succède à
celui, totalement raté, de Julius Avery. N'étant ni une suite ni
réellement proche de la plupart des œuvres portant sur le sujet de
la possession, des exorcismes et du Malin, The
Exorcism
est une mise en abîme du septième art qui s'exprime à différents
niveaux. Déjà, comme la plupart des longs-métrages qui reposent
sur ce concept, les personnages évoluent au sein d'un récit qui les
place au beau milieu du tournage d'un film. Ensuite, l’œuvre ayant
été réalisée par le fils de l'acteur Jason Miller qui dans le
chef-d’œuvre de William Friedkin L'exorciste
en 1973 incarna le rôle du père Damien Karras, le rapport entre les
deux œuvres est indéniable. Assistant le père Lankester Merrin
(Max Von Sydow) dans sa tentative de délivrer du Mal la pauvre Regan
Theresa MacNeil (Linda Blair), on se souvient des conditions dans
lesquelles son personnage se sacrifia en se jetant dans le vide
depuis la fenêtre de la chambre de l'adolescente ! Bien que
rien ne vienne corroborer le fait que Jason Miller ait eu à l'époque
un quelconque problème d'alcool ou d'addiction à une ou plusieurs
drogues, le long-métrage de son fils ressemble à une catharsis,
réglant ainsi des comptes probablement imaginaires avec celui qui
fut son père...
C'est
en tout cas ce que semble vouloir exprimer le réalisateur. Ajoutant
à cela, la rédemption d'un père alcoolique, de la difficulté
d'assumer son rôle jusqu'aux retrouvailles et une conclusion
bienheureuse entre sa fille et lui. De manière tout à fait
allégorique, The Exorcism
explore également cette forme d'emprise que peut avoir un personnage
sur son interprète. Tout étant ici, qu'il s'agisse de l'implication
d'Anthony dans le projet, son alcoolisme ou dans ses rapports
familiaux, symbolisé à travers ce (mauvais) démon qui s'est emparé
de son esprit. N'étant pas un pur film d'horreur ou d'épouvante
même si le réalisateur tente de jouer sur la relance perpétuelle
du concept de Jumpscares
avec, au moins, une réussite en la matière, et sur la peur du noir
et de l'inconnu dont il abuse d'ailleurs parfois, The
Exorcism s'inscrit
également sur la fibre dramatique des liens familiaux. Le
long-métrage débouchant sur une série de séquences relativement
lentes que les plus critiques jugeront de ''ventres mous'' ! Et
pourtant, dès lors que l'on accepte le concept s'agissant d'un
mélange des genres, entre fantastique et dramatisation des rapports
humains, The Exorcism
s'avère être en fait une assez bonne surprise. Surtout si nous
vient l'idée de le comparer à la purge The
Pope's Exorcist.
Les acteurs sont majoritairement convaincants. Surtout Russell Crowe,
son visage bouffi et son regard triste participant à l'incarnation
d'un individu jamais vraiment libéré de ses mauvais démons. Le
film n'évite pas quelques écueils. Comme cette part d'inclusivité
qui continue à parasiter le septième art dans son ensemble. Que la
fille du héros soit lesbienne et qu'elle entretienne une relation
avec une jeune femme d'origine afro-américaine (Chloe Bailey) n'est
en soit pas un problème. Mais que cette dernière face figure
d'alternative woke de l'irremplaçable Regan lors de séquences de
possession proprement ridicules rend le projet parfois absurde. En
effet, dans le rôle de Blake Holloway, la jeune femme incarne une
pseudo-Regan possédée plus risible que véritablement
effrayante. Bref, le long-métrage de Joshua John Miller n'est
peut-être pas LE nouveau classique du genre mais ayant vu pire en la
matière, les fans du genre s'en contenteront malgré tout
aisément...
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