Parmi les vieux de la vieille qui jouissent d'une
réputation pas toujours à la hauteur de leur longue, très longue
carrière d'interprète, Nicolas Cage est peut-être encore de ceux
qui ne s'en sortent pas trop mal. Avant que l'on annonce sa maladie,
Bruce Willis fut essoré jusqu'à ne plus pouvoir maîtriser sa
parole et sa pensée tandis que Steven Seagal a souffert d'une
filmographie qui aura fini par apparaître aussi bouffie que lui.
L'avantage de tourner à la chaîne est qu'avec un peu de chance l'on
peut parfois espérer tomber juste. En 2024, le neveu du réalisateur
Francis Ford Coppola n'a pourtant tourné ''que'' dans trois
longs-métrages mais l'un d'entre eux aura bénéficié d'un intérêt
certain auprès des médias et du public : Longlegs
d'Osgood Perkins. Acteur touche à tout, que l'on a pu découvrir
dans nombre de comédies, de films d'action, de thrillers ainsi que
dans quelques productions horrifiques et fantastiques sans oublier le
formidable drame Leaving Las Vegas
de Mike Figgis qui demeure sans doute à ce jour sa plus remarquable
interprétation au cinéma, l'année dernière, il est apparu dans un
énième long-métrage post-apocalyptique. Écrit par Mike Nilon et
réalisé par Benjamin Brewer dont il s'agit du troisième film après
Beneath Contempt
en 2011 et The Trust
en 2016, Arcadian
est à ne pas confondre avec la série Arcadia
diffusée
depuis 2023 même si là encore le récit s'articule après qu'une
catastrophe mondiale ait touché l'humanité. Le long-métrage de
Benjamin Brewer se différenciant de cette dystopie en l'éloignant
du concept totalitaire pour se pencher sur un père et ses deux fils
qui survivent dans un monde où à l'échelle planétaire, notre
espèce a été en grande partie décimée. Reprenant étonnamment
l'idée centrale du roman de science-fiction I
Am Legend
de l'écrivain américain Richard Matheson sorti en 1954 sans pour
autant y faire référence, la pandémie qui a laissé l'humanité
sur le carreau a ici été causée par la piqûre de mouches
mutantes, bien présentes à l'image en de rares occasions, mais qui
visuellement nous rappellent surtout cette entomophobique peur que
causent chez certains d'entre nous, blattes et autres cafards !
Transformant ainsi leurs victimes en d'improbables créatures
photophobes que n'aurait sans doute pas renié le regretté
Jean-Pierre Putters, auteur en 1991 de l'ouvrage Ze
craignos monsters.
En
effet, dans un environnement en grande partie concentré autour de la
demeure du père (Nicolas Cage dans le rôle de Paul) et de ses deux
fils qu'il a élevé seul depuis leur plus jeune âge (Jaeden Martell
et Maxwell Jenkins, interprètes respectifs de Joseph et Thomas), le
trio se défend contre les assauts répétés de monstres qui,
sensibles à la lumière, n'interviennent que lorsque tombe la nuit.
Fortifiée, leur maison est leur seul salut. Pour Paul, l'essentiel
est donc de protéger ses fils mais aussi de les former afin qu'ils
se défendent en cas d'attaque. Alors que Joseph est le petit génie
de la famille, un amateur d'échec capable de fabriquer des armes de
défense avec ce qui lui tombe sous la main, Thomas est un électron
libre qui peine à suivre les recommandations de son père. Et pour
cause : non loin de chez eux vivent les Rose au sein d'une
petite communauté et dont la fille, Charlotte (interprétée par
l'actrice britannique Sadie Soverall) ne laisse pas indifférent le
jeune garçon. Mettant ainsi en péril sa propre survie ainsi que
celle de son père et de son frère lorsqu'un jour alors que Joseph
et lui sont partis chercher du matériel, il décide de contrevenir
aux ordres de Paul pour aller retrouver l'adolescente. Une décision
qui aura de lourdes répercussions sur son avenir ainsi que sur celui
de ses proches... Si l'on compare Arcadian
à un certains nombre de longs-métrages qui l'ont mis en scène ces
dernières année, Nicolas Cage ne s'en sort pas trop mal.
Considérant qu'il est tout d'abord présenté comme le héros du
récit, ce sont en fait les deux jeunes interprètes qui
l'accompagnent qui sont en réalité au cœur de l'histoire. Le film
traite des liens qui unissent les membres d'une même famille, de la
survie en milieu nocturne hostile, drainant son cortège
d'invraisemblances (comment Charlotte et Thomas ont-il pu notamment
parcourir de nuit une telle distance entre la demeure des Rose et
celle de Paul sans être inquiétés par la présence des
créatures?), mais au fond, pas si mauvais qu'on pouvait le craindre.
À contrario, Arcadian
fait preuve d'un goût particulièrement douteux concernant les
bestioles qui de nuit hantent la campagne alentours. D'une indicible
laideur couplée au ridicule le plus crasse, les créatures
ressemblent vaguement à des loups-garous au long cou et dont l'une
des particularités (celle de secouer énergiquement la tête) ne
trouvera aucune explication. Bref, Arcadian
se regarde avec un certain amusement non dénué d'intérêt. Pas un
chef-d’œuvre du genre mais certainement pas un nanar non plus...
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