Straw de Tyler Perry (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 

 

Dans le genre ''J'ai passé une journée de merde et faut pas me faire chier'', on peut dire que Janiyah Wiltkinson se pose en caricature ultime de la femme sur le dos de laquelle colle une poisse particulièrement tenace. Employée d'une petite supérette où elle tient l'une des caisses devant une queue de clients mécontents, vilipendée par un gérant qui se fout de ses problèmes personnels, incapable de payer son loyer et virée de son logement par sa propriétaire, on n'a pas fini d'énumérer tous les problèmes que rencontre notre héroïne. Sa fille est gravement malade et doit supporter un protocole médical strict. À l'école, la gamine est mise à l'écart puisque sa mère n'a pas payé les quarante dollars qu'elle doit débourser pour la cantine. Alors que son patron lui accorde une demi-heure pour régler ses problèmes avec la directrice de l'école, alors qu'elle n'a pas tenu sa promesse de payer son loyer à dix heures pétantes et alors qu'elle assiste en direct au retrait de sa fille par les services sociaux, pour couronner le tout, la jeune femme est victime d'un accident de voiture qui frôle le drame. Elle est prise en charge par un type très agité qui se révèle être un flic excessivement nerveux et possiblement xénophobe ! Mieux ! Ou pire ! Alors qu'elle est de retour à son poste de caissière, Janiyah est convoquée par son boss qui lui signifie son renvoie illico ! C'est tout ? Ben non, évidemment. Puisqu'elle assiste au moment de demander son chèque à un braquage dont l'un des bandits fera les frais, involontairement abattu par Janiyah qui s''est saisie de son arme et par le meurtre cette fois-ci tout à fait volontaire de son patron qui refusait de lui remettre son dû. Bref ! S'il existe bien un film dont la traduction reflète parfaitement ce que peut ressentir son héroïne, c'est bien le dernier long-métrage du réalisateur afro-américain Tyler Perry. Traduit du titre Straw, A bout met donc en scène l'actrice américaine Taraji P. Henson lors d'une succession de confusions tellement improbables mises bout à bout que même le spécialiste du quiproquo à la française Louis de Funès n'aurait jamais osé les joindre les unes aux autres en un si court laps de temps. Parce que tout ce qui va venir envenimer l'existence des protagonistes du récit n'est non pas l'étalage d'une consécution d'événements s'étant produits sur une période de plusieurs jours, semaines ou mois mais bien en l'espace d'une seule journée !

Après cette avalanche d'obstacles qui sans doute en auraient poussé d'autres qu'elle à se foutre en l'air ou faire un carnage au sein de leur petite localité, Janiyah, elle, préfère presque tranquillement se diriger vers la banque pour encaisser le chèque maculé de sang que lui avait refusé son patron désormais refroidi. Mais là encore, rien ne va se passer comme prévu. L'employée qui se charge d'elle la prend pour une braqueuse de banque et tout se précipite alors très rapidement. La police est prévenue et la banque est désormais encerclée. À l'intérieur, les ''otages'' sont au nombre de six, employées comprises. L'inspectrice Kay Raymond (l'actrice Teyana Taylor) va être désormais chargée de négocier avec Janiyah tandis que la directrice de la banque Nicole Parker va tout faire pour calmer cette dernière... Curieux film que Straw. Le réalisateur, scénariste et producteur Tyler Perry y met tellement d'éléments et de cœur pour rendre infernale la journée de son héroïne et ainsi ''justifier'' tout ce qui va suivre que l'on finit par ne plus savoir s'il faut rire ou pleurer de sa condition de victime sur laquelle le sort s'abat avec un certain acharnement. C'est d'autant plus dommage que dans les premiers instants, l'incarnation de Taraji P. Henson s'avère relativement touchante. Jeune femme désemparée sur laquelle tous les problèmes tombent en l'espace de quelques heures, Janiyah est plutôt bien incarnée. Mais à trop vouloir être démonstratif, Tyler Perry transforme ce qui aurait dû ne demeurer qu'au statut de drame et de thriller en comédie probablement involontaire. Les gesticulations de son héroïne devenant par la-même désopilantes ! Trop gourmand mais aussi trop généreux dans sa propension à vouloir en donner pour son argent au public, le réalisateur signe une œuvre sympathique, plaisante à regarder, assez peu ennuyeuse mais au fond, relativement maladroite. Bref, une tragédie qui plonge dans une ambiance hystérique parfois inappropriée. Dommage...