Après avoir parcouru
l'une des nombreuses et excellentes vidéos du youtubeur Azz
L'epouvantail, l'envie de
découvrir Siksa Neraka
du très prolifique réalisateur et scénariste indonésien Anggy
Umbara s'est faite très pressante. Il faut dire que l'idée de
découvrir sa vision de l'enfer avait de quoi faire travailler mon
imagination. D'autant plus que le long-métrage jouit d'une
réputation de film extrêmement gore. Si graphiquement violent que
l'état de Brunei situé sur l’île de Bornéo ainsi que la
Malaisie ont purement et simplement décidé qu'il n'aurait pas droit
à une sortie en salle. Interdit et donc forcément auréolé d'une
''renommée'' que les fans de cinéma d'horreur se doivent de
vérifier. Tout d'abord, il est indéniable qu'Anggy Umbara sait se
servir d'une caméra. Multipliant les travellings, l'image est
propre. Presque irréelle. Le récit prend forme au sein d'une
famille musulmane dont les membres sont très pieux et dont
l'existence tourne essentiellement autour de leur Dieu, Allah !
Deux parents et quatre enfants. Tout débute il y a dix ans, alors
qu'Azizah, Tyas et leurs frères Saleh et Fajar sont élevés dans la
religion, punis lorsque leur père Syakir (Ariyo Wahab) estime qu'ils
doivent l'être et surtout sont éduqués dans la conscience qu'il
puisse exister un enfer où les mènera tous leurs péchés. Dix ans
plus tard, les enfants ont bien grandit. Devenus étudiants, l'un
d'eux qui avait quitté le cocon familial revient le jour où la
meilleure amie d'Azizah décède. Alors que la jeune femme est
préoccupée par le concours de chant qui a lieu le soir-même mais
auquel son père lui a refusé d'assister, tandis que Syakir et son
épouse Ibu Rika (Astri Nurdin) sont partis rendre visite aux parents
de la défunte, ses trois frères et sœurs décident de passer outre
les ordres de leur père et d'accompagner Azizah à son concours.
Mais la pluie tombe, drue, et la rivière qu'ils doivent traverser
afin de rejoindre le lieu du spectacle au plus vite monte à toute
vitesse. Lors de sa traversée, trois d'entre eux mourront tandis que
la quatrième survivra... Et c'est là que débute alors ce qui
prétendument devait justifier la censure dont a été victime le
long-métrage d'Anggy Umbara.
Nous
ne sommes pas à Hollywood et par conséquent, les spécialistes
chargés des effets-spéciaux numériques sont d'une toute autre
envergure. Si dans l'imaginaire des communautés musulmanes on
peut comprendre l'affect de certains de ses membres vis à vis de
quelques visions outrancières de l'enfer décrit dans le film, la
qualité relativement médiocre des effets-spéciaux visuels amenuise
cependant leur impact. Déjà qu'en premier lieu Siksa
Neraka
a tout du Soap Opera, de sa mise en scène jusqu'à l'interprétation
et en passant par la bande musicale composée par Al. Alors, bien
évidemment, si le public indonésien est plus prompt à assister à
ce genre de spectacle plutôt plan-plan qu'à voir des rivières de
lave et des créatures encapuchonnées torturer indéfiniment les
pécheurs, alors oui, on peut comprendre que la censure ait été
aussi dure avec le long-métrage. Autrement, Siksa
Neraka risque
surtout de faire sourire le public occidental. À cause effectivement
de cette mollesse que l'on rencontre généralement dans certaines
séries télévisées brésiliennes qui inondent le marché américain
et même international, de cette approche esthétique et artistique
mielleuse ou encore de cet enfer décrit de manière théoriquement
effroyable mais qui souffre donc d'une approche technique dépassée.
S'en trouvent alors amoindries les séances de tortures subies par
trois des quatre jeune adultes. Pourtant confrontés à des sévices
tels que le visage recouvert de lave, la langue tranchée, le corps
perforés à l'aide de lances rougeoyantes, le visage défoncé et
autres joyeusetés, la seule bonne chose dans ces actes horribles qui
au fond apparaissent comme totalement factices est leur répétition.
Combien de langues coupées, de corps traversés encore et encore par
des lames en fusion ? Malheureusement, le résultat est
visuellement puéril. L'on ressort alors de la séance avec le
sentiment d'être passé à côté de quelque chose qui aurait pu
être Grand si seulement son auteur avait bénéficié de
suffisamment de moyens et de la maîtrise de véritables artisans du
numérique pour accoucher d'une œuvre grandiose. Mais tel n'est
malheureusement pas le cas ici...
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