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jeudi 14 août 2025

La Piedad d'Eduardo Casanova (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

 

La folie n'ayant pas de frontières, il n'est pas un continent qui ne partage pas cette même vision totalement barrée du septième art. De l'Asie, en passant par l'Amérique, l'Australie ou comme ici l'Europe du Roi espagnol Felipe VI, il est des cinéastes qui ont compris que pour faire bouger les choses ou du moins ancrer leur message dans la tête des téléspectateurs il ne leur fallait pas se contenter de matérialiser leurs fantasmes à travers une mise en scène par trop classique. Auteur de nombreux courts-métrages dont Eat My Shit en 2015 qui donna naissance deux ans plus tard à une extension cinématographique beaucoup plus longue sous le titre Pieles, l'acteur, scénariste et réalisateur espagnol Eduardo Casanova est à lui seul un véritable ovni. Avec son look qui ne laisse parfois presque aucun doute quant à son orientation sexuelle, l'homme a déjà derrière lui de sacrés bagages en matière de filmographie. Si Pieles ressemblait déjà à l’œuvre-somme d'un artiste qui semblait n'avoir déjà plus rien à prouver en matière de délire visuel et prosthétique, son avant-dernier long-métrage intitulé La Piedad confirme l'angle sous lequel il a décidé de mener sa carrière. Après avoir exhibé lors de son antépénultième long-métrage des individus affublés de difformités physiques pour le moins fort improbables, le voici mettant en scène la relation toxique entre une mère et son fils. Même goût prononcé pour les couleurs pastelles. Pour le rose-bonbon. Un design une nouvelle fois remarquable même s'il n'empêche pas au film de revêtir un apparat parfois des plus kitsch ! Tout comme la bande-musicale confiée cette fois-ci au compositeur Pedro Onetto. Parfois si outrancièrement caricaturale que sa grandiloquence finit par grossir le trait d'une émotion qui pour émerger à cependant besoin de sa présence. Car à force de cultiver son goût pour des costumes que nos semblables parmi les plus détachés du ''qu'en-dira-t-on'' n'oseraient peut-être pas porter et à laisser envisager que la plupart des décors ne sont qu'un assemblage d'images reproduites sur fond vert, il est parfois difficile de voir en La Piedad autre chose qu'un étrange rêve, un conte dérangeant axé sur l'étrange relation d'une mère et de son fils alors confrontés à la maladie et la mort...


En sous-intrigue qui originellement ne semble avoir qu'un intérêt tout relatif, Eduardo Casanova ajoute une série d'informations télévisées toutes exclusivement consacrées à la Corée du Nord. Mais ce qui semble être tout à fait hors de propos, sortant ainsi du cadre principal, est peut-être l'élément qui permet à Libertad (Angela Molina) de retenir chez elle son fils Mateo (Manel Llunell). Comme la première partie de l'italiano-australien Bad Boy Bubby du réalisateur austro-néerlandais Rolf de Heer dans lequel une mère retenait pendant trente-cinq dans une pièce unique son fils en lui faisant croire que l'air extérieur était toxique ! Esthétiquement, les deux oeuvres n'ont pourtant aucun point commun. Après la crasse de Bad Boy Bubby, c'est au tour du visuel très léché de La Piedad. Un film qui ne recule devant rien lorsqu'il s'agit d'être démonstratif. Même lorsque cela ne sert pas forcément l'histoire. Comme lorsque mère et fils vomissent à grands jets sur la table de la salle à manger. Le spectateur qui s'est déjà fait la main sur le précédent long-métrage de l'espagnol aura le plaisir d'assister à quelques très rares fulgurances comme lors de la séquence de l'accouchement. Pittoresque, absurde, confondant le drame et la comédie, La Piedad ne convainc pas toujours. Et même, à vrai dire, assez peu. Même si la complicité de ses deux principaux interprètes est tangible et palpable. Pourtant, derrière cette froideur dont on se demande si elle est toujours assumée se cache quelques trésors d'émotion qui récompensent les spectateurs les plus courageux. Ou du moins, ceux qui auront décidé de vivre cette étrange expérience jusqu'au bout. Car alors, comment oublier cette séquence entre la mère et son fils, assis sur le lit maternel, et tandis qu'après avoir pris son traitement contre le cancer incurable dont il est atteint, Mateo prend le sein que Libertad lui tend. Un acte d'amour que d'aucun jugera de provoquant mais qui au fond symbolise à merveille ce besoin charnel, cette passion et donc cet amour que le réalisateur n'a cessé de vouloir filmer durant plus de quatre-vingt dix minutes. Bref, une expérience hors norme, digne successeur de Pieles...

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