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mercredi 13 août 2025

Animals de Nabil Ben Yadir (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 



Tout commence lorsque le 1er mai 2012, le corps du liégeois d'origine marocaine Ihsane Jarfi est retrouvé nu dans une prairie d'une section de la commune belge de NandrinVillers-le-Temple en Wallonie. Alors âgé de trente-deux ans, il disparaît tout d'abord le 22 avril 2012 après avoir été vu pour la dernière au sortir du bar gay L'Open Bar situé rue des Mineurs. Frappé à mort par quatre individus, il meurt de ses blessures pour n'être ensuite retrouvé qu'une semaine plus tard... Ceci n'est pas une fiction mais l'histoire vraie d'un jeune homme cultivé, bien éduqué, issu d'un ''brassage ethnique'' entre une mère européenne et un père originaire du Maroc et qui n'eut d'autre tort que celui d'être homosexuel... Ce fait divers sordide portera le nom d'Affaire Ihsane Jarfi. À l'issue de l'arrestation de ses quatre bourreaux, trois d'entre eux seront condamnés à la prison à perpétuité. Ce qui signifie qu'en théorie, ils finiront leurs jours en prison. Le quatrième, lui, sera condamné à trente ans de prison... Animals du réalisateur, scénariste et acteur belge Nabil Ben Yadir retranscrit le calvaire que vécu le jeune homme à travers l'histoire de Brahim, jeune homme de trente ans d'origine maghrébine, homosexuel, mais qui avant de rencontrer ceux qui l'ont torturé et assassiné participe à l'organisation de l'anniversaire de sa mère. Un premier acte qui mêle plans-séquences et scènes découpées en plusieurs plans. Filmée caméra à l'épaule et au format 4/3 pour plus de réalisme, cette première partie presque anodine nous convie à explorer le quotidien de Brahim dont presque toute la famille ignore son attirance pour les hommes et pour un certain Thomas en particulier qu'il fréquente maintenant depuis cinq ans. Seul son frère Medhi (Salim Talbi) et son épouse savent qu'il est gay depuis que cette dernière s'est confiée à son mari après avoir aperçu le couple dans la rue.


Une certaine tension naît autour de ce secret considéré de honteux pour le couple qui n'envisage évidemment pas de révéler aux autres membres de la famille ainsi qu'aux amis la vérité sur Brahim. Étouffant malgré les festivités qui entourent l'anniversaire de sa mère, le jeune homme préfère quitter la fête pour se réfugier dans le bar gay qu'il fréquente habituellement et où il espère retrouver Thomas qui plus tôt a été pris à parti part Medhi. Son compagnon absent, Brahim sort de la boite et se dirige vers un véhicule dont l'un des quatre passagers emmerde littéralement une jeune femme. Afin d'apaiser la situation, le jeune homme leur propose de les emmener dans une boîte remplie de femmes où ils pourront à loisir ''partir en chasse''. Mauvaise idée... On devine évidemment la suite et ce que l'on s'apprête à vivre en tant que spectateur dépasse de très loin ce que l'on peut imaginer. Quoique... À lire les différents commentaires disponibles sur le net, ceux-ci donnent véritablement l'impression que l'on s'apprête à plonger visuellement dans l'horreur la plus absolue. Un pressentiment renforcé par l'idée que le film repose sur un fait-divers authentique. S'il est envisageable de penser que certains spectateurs détourneront le regard tandis que d'autres ressentiront un véritable malaise devant l'atroce spectacle d'un homme mis plus bas que terre, humilié, avant d'être purement et simplement battu à mort, il est fort à parier que d'autres demeureront coi devant une succession de plans, certes, relativement dérangeant, mais au fond bien moins rudes que ce à quoi il s'attendaient !


Cette seconde partie, tout d'abord elle aussi filmée caméra à l'épaule se rapproche encore davantage des personnages lorsque la caméra s'efface pour laisser la place aux smartphone des bourreaux. Quatre monstres qui n'en perdent pas une miette et figurent ce que peut représenter une partie heureusement infime de notre société. Dénuée d'empathie, de raison, de moralité ou d'humanité... Bien qu'assister au sort accordé à Brahim, excellemment incarné par l'acteur bruxellois Soufiane Chilah, devienne parfois compliqué (difficile en effet de demeurer insensible), l'une des séquences les plus fortes du long-métrage n'est pas tant cette série d'actes de barbarie et d'humiliation subits par le jeune homme que cette scène durant laquelle la victime est enfermée dans le coffre de la voiture de ses agresseurs. Une poignée de minutes qui semble durer des plombes. Nabil Ben Yadir a su parfaitement capter l'effroi de Brahim. Le souffle et le regard du jeune en disant plus long que n'importe quel discours. Une fois l'acte de pure folie homophobe consommé, la troisième partie de Animals se concentre alors sur le personnage de Loïc (Ginni Guettaf). L'un des quatre bourreaux de Brahim. De retour chez lui l'on assiste au quotidien du jeune homme dont rien ne vient heureusement justifier l'horreur à laquelle il a participé. Tout au plus le film donne le sentiment qu'il s'est laissé guidé par les trois autres. Un acte insensé, qui sous forme de ''passage à l'âge adulte'' et d'admission au groupe de dégénérés que constitue le reste du quatuor stipule sans doute qu'il fut accompli sous la contrainte... Sans doute moins éprouvant que l'épouvantable The Girl Next Door de Gregory M. Wilson lui aussi tiré d'un fait-divers authentique, Animals n'en est pas moins une œuvre essentielle. Ne vous laissez pas influencer par ceux qui peuvent penser à de la complaisance puisque la monstration, quelque soit sa durée et l'intensité des actes commis est ici parfaitement justifiée...

 

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