Lorsque l'on redécouvre
pour la seconde fois un film mais que l'on n'est pas fichu de s'en
souvenir, c'est peut-être le signe d'une maladie neurologique
dégénérative grave. Ou peut-être plus simplement celui d'une
œuvre dont l'intérêt est si faible que dans le meilleur des cas
l'on en oublie l'essentiel et dans le pire, que l'on a purement et
simplement omis son existence. Mais lorsque cela vous arrive deux
fois, coup sur coup, il y a, je pense, moyen de s'inquiéter de
l'état de ses neurones. Les premiers symptômes se déclarèrent
avant-hier soir, au moment de ''découvrir'' Discount
de Louis-Julien Petit dans lequel une poignée d'employés d'une
supérette apprenaient qu'ils allaient bientôt faire partie d'une
charrette et qui avant l'échéance de trois mois allaient
entreprendre d'arrondir leurs fins de mois en détournant des
marchandises et en les revendant à une clientèle triée sur le
volet. Des symptômes qui ont perduré puisque hier soir, au beau
milieu de la projection des Cadors
de Julien Guetta, je me suis rendu compte que j'avais déjà vu le
film... que j'avais oublié jusque là ! Mettant en scène deux
frères interprétés par Jean-Paul Rouve et Grégoire Ludig,
Christian et Antoine Dagostino se retrouvent à l'enterrement de leur
père après des années de séparation. Ayant vécu une enfance
douloureuse après que leur mère ait choisi de quitter le cocon
familial et après avoir subit des violences physiques de la part de
leur père, on ne peut pas dire que sa mort soit réellement
traumatisante pour les deux hommes. Surtout pour Christian qui passa
son enfance et son adolescence à protéger son frère des coups de
leur géniteur. Antoine en a d'ailleurs gardé une profonde
reconnaissance qui aujourd'hui le contraint à veiller à son tour
sur son électron-libre de frère. Un brin marginal, fan du chanteur
Renaud et adepte de bagarres et de concours de baffes, Christian est
ingérable ! Antoine va cependant l'accueillir chez lui, au sein
du couple qu'il forme avec Alexandra, interprétée à l'écran par
Marie Gillain.
Parallèlement
à sa vie de couple et de parent, Antoine arrondit ses fins de mois
en acceptant de travailler pour un certain Jean-Pierre Deloup (Michel
Blanc). Un escroc, un contrebandier qui contre d'importantes sommes
d'argent agit dans le trafic de drogue ou le vol de voitures. Mais
indirectement puisqu'il fait donc appel à Antoine... Les
Cadors
débute comme une pure comédie. Avec un Jean-Paul Rouve qui débarque
dégingandé à bord d'un camion de glaces à l'enterrement de son
père, un Grégoire Ludig qui gère plus ou moins bien son couple et
un Michel Blanc en responsable malfaisant d'un syndicat des dockers
situé à Cherbourg, le long-métrage de Julien Guetta plonge dans le
second degré, voire le troisième, avant de changer presque
radicalement de ton lorsqu'il évoque justement les agissements de
Jean-Pierre Deloup, infâme personnage qu'incarne avec un naturel
presque déconcertant le regretté Michel Blanc ou lorsque les deux
frangins se remémorent tour à tour l'enfance parfois difficile
qu'ils vécurent auprès d'un père alcoolique et violent. Sur la
base d'un scénario écrit par le réalisateur, par Jean-Paul Rouve
ainsi que par Lionel Dutemple (auteur pendant de longues années à
Canal+
pour les émissions Les
Guignols de l'info,
Visiophon,
Nulle part
Ailleurs
ou pour la série H),
le film signe une tendre complicité entre deux personnages, deux
acteurs, deux frères de fiction convaincants. Entre humour et
gravité, Les cadors
n'en est pas moins une comédie dramatique dispensable. Que l'on
prend un certain plaisir à regarder mais qui s'oublie relativement
vite et que l'on n'aura donc pas forcément la tentation de revoir (à
moins qu'une perte de mémoire ne nous pousse justement à la
''(re)découvrir''). Notons également les présences féminines
d'Aurore Broutin dans le rôle de Madeleine, pendant féminin de
Jean-Paul Rouve/Christiant et de Marie Gillian, excellente actrice
n'apparaissant que trop rarement au cinéma en comparaison d'autres
artistes qui mériteraient parfois de disparaître des
écrans-radars...
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