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jeudi 31 juillet 2025

Prosper de Yohann Gloaguen (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

J'ai récemment affirmé que ma petite série d'articles consacrés à la Blaxploitation allait arriver à son terme mais ayant très récemment mis la main sur le premier Black Caesar ainsi que les trois volets originaux de la franchise Shaft, j'ai le regret de vous dire que vous allez continuer à en bouffer ! J'ai pourtant décidé de faire une petite pause en visionnant une comédie dont je n'attends absolument rien. Juste histoire de me détendre et de pondre, je l'espère, un article au mieux désopilant et au pire, tout sauf inspiré ! Pas de bol, j'ai choisi de regarder Prosper du réalisateur français Yohann Gloaguen. Un inconnu qui réalise ici son premier long-métrage après une série de courts et qui, (mal)heureux hasard, met en scène une majorité d'acteurs blacks ! Bon, en même temps, très chers ''culs blancs'', je vous ai habitué ces derniers temps à vivre des expériences qui sortent peut-être de votre zone de confort. Ici, pas de communautarisme cinéphilique ! Si vous voyez encore d'un mauvais œil la famille de sénégalais qui s'est installée près de chez vous il y a quelques semaines, je pourrais vous recommander une cure de Blaxploiation afin d'apaiser la fièvre ''xénophobique'' qui s'est emparée de vous. Mais à voir les héros qui s'y meuvent, entre proxénètes, trafiquants de drogue ou flics corrompus, pas sûr qu'une dose de ce genre cinématographique soit vraiment conseillée ! Alors, pourquoi ne pas se payer une bonne grosse tranche de rire devant une comédie française principalement incarnée par des femmes et des hommes de ''couleur'' (je mets le mot entre des parenthèse car j'ai dans mon entourage un pote sénégalais qui déteste qu'on dise de lui qu'il est noir!) ? En 1982, Zabou (pas encore Breitman) voyait des nains partout. En 2025, c'est au tour des spectateurs de voir l'acteur Jean-Pascal Zadi partout. Rien qu'en 2024, le bonhomme est apparu dans cinq longs-métrages et une série. Cette année, on a déjà pu voir sa tronche de caricature dans quatre films tandis que deux autres s'apprêtent à débarquer !


C'est donc ça la French Blaxploitation ? Reprenant certains des codes visibles dans la plupart des films du genre majoritairement produits dans les années soixante-dix outre-atlantique, il n'est plus question ici de mettre en scène des acteurs d'origine afro-américaine mais afro-européenne. Et pourquoi pas, afro-française ! Des interprètes qui rapidement et fièrement, clament leurs origines africaines. L'espace dévolu à l'homme blanc étant ici réduit à sa plus simple expression, il devient donc inévitable de nier le lien qui unit Prosper aux films de Blaxploitation nés sur le territoire américain. Dès l'affiche, curieux mélange entre la posture des protagonistes qui s'étalaient il y a cinquante ans sur les devantures des cinémas et ce style visuel particulièrement redondant qui font se ressembler toutes celles des comédies actuelles (poses des acteurs sur fond unis, chauds ou froids), il semble que Yohann Gloaguen se pose en héritier d'un courant très spécifique dont on pouvait cependant parfois découvrir une certaines résurgence au niveau mondial (Joe Bullet du réalisateur sud-africain Louis de Witt). Rendant ainsi hommage au genre et notamment à travers la Société des ambianceurs et des personnes élégantes plus connue sous l'acronyme SAPE. Un style vestimentaire qui remonte à la fin du dix-neuvième siècle lorsque les esclaves congolais décidèrent par contestation de s'habiller comme les colons qui les exploitaient. Il y a bien des manières d'envisager cette curieuse ''mode'' consistant à porter des vêtements pétant de couleurs, bariolés, de plus ou moins bon goût et dont les plus remarquables détenteurs de la Blaxploitation étaient souvent des proxénètes ou des dealers de drogue (tandis que l'homme blanc portait généralement des costumes-cravate). Plus qu'une œuvre purement axée sur l'humour, Prosper est un mélange entre comédie, thriller et fantastique.


Jean-Pascal Zadi incarne Prosper Koffi, chauffeur UBER qui un jour prend à bord de son véhicule Joachim Kassongo, dit le King (l'acteur Makita Samba). Le roi de la sape, propriétaire d'un bar-restaurant, compagnon d'Anissa (Cindy Bruna) et meilleur ami d'Alpha (Mamadou Minté). Mais un soir, alors qu'il quitte sa boîte, il est épinglé par un homme qu'il vient d'humilier devant ses clients. Se dirigeant vers le véhicule de Prosper, deux coups de feu retentissent et le King tombe raide mort sur le siège arrière. Apeuré, Prosper roule sur quelques kilomètres avant de se débarrasser du corps sans avoir omis de le délester d'une enveloppe remplie de billets et de sa paire de bottes en croco ! Rien que de très commun jusque là, me direz-vous. À la seule différence que les chaussures de la victime en question ont le pouvoir de transférer l'âme du défunt à la place de l'esprit de celui qui les porte ! Sur cette idée on ne peut plus originale, Prosper navigue sur un ton humoristique tandis que le réalisateur et ses interprètes tentent une approche beaucoup moins joviale lorsqu'il s'agit de confronter Prosper aux anciens amis du King ! En dehors de quelques sympathiques séquences, le film souffre d'une écriture sans inspiration. Le rire a du mal à surgir tandis que le suspens est désamorcé par la seule présence de Jean-Pascal Zadi qui avec son improbable dentition ne peut que faire sourire. Autre problème : le jeu d'acteurs. Qu'il s'agisse de l'acteur vedette ou de toutes celles et ceux qui l'accompagnent dans cette aventure, leur interprétation est souvent poussive. Que de blancs entre chaque phrase, entre chaque échange et même parfois à l'intérieur des phrases elles-mêmes. Pourquoi se donner la peine de rejouer une scène ? Le spectateur lambda n'y verra de toute manière que du feu. Jean-Pascal Zadi a beau avoir un certain capital sympathie, mon dieu ce que son jeu d'acteur peut être mou ! Après, on a vu pire. Autant dans la comédie française que dans les vieux films de Blaxploitation. Prosper,méritait-il cependant que l'on se déplace en salle au moment de sa sortie ? Non, certainement pas. Maintenant, si vraiment vous avez envie de découvrir cette pâle imitation d'un genre authentiquement culte provenant des années soixante-dix aux États-Unis, vous pouvez toujours louer le film sur l'une des nombreuses plateformes qui le proposent à la location...

 

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