Les très bons films
d'horreur ou d'épouvante étant une denrée rare, 2025 ne fait pas
exception à la règle. Et bien qu'il reste six mois avant que ne se
termine l'année, il y a peu d'espoir de rencontrer l’œuvre qui
mettra tout le monde d'accord... Vraiment ? Juste par curiosité,
amusez-vous donc à rechercher sur Google
''Les meilleurs films d'horreur de l'année 2025''.
Si comme moi vous êtes exigeant, les résultats risquent de vous
faire pouffer de rire. Car en dehors de l'excellent Companion
de Drew Hancock, lequel s'inscrit tout d'abord dans le registre de la
science-fiction afin de dériver effectivement vers l'horreur, qui
peut donc prétendre avoir signé LE film d'horreur de cette année ?
Leigh Whannell avec Wolf Man ?
Certainement pas. Danny Boyle avec 28 ans plus
tard ?
Encore moins. Ryan Coogler avec Sinners ?
Pas davantage. Sans omettre d'ailleurs d'évoquer le Until
Dawn
de David F. Sandberg outrageusement surestimé quoique très
acceptable, la vérité est qu'il aura fallut chercher du côté
d'une paire de jumeaux, déjà auteurs en 2022 d'un Talk
to Me
largement recommandable à destination non pas d'un public très
exigeant mais plutôt de spectateurs voulant se faire la main
(Mouarf!) sur une œuvre horrifique tout en emmenant avec eux leur
jeune progéniture. Un long-métrage divertissant, bien creepy, mais
qui au regard de ce qu'allaient nous offrir trois ans plus tard les
frères Danny et Michael Philippou, demeurerait au fond relativement
anecdotique. Il n'est pas impossible que l'un et l'autre aient digéré
une somme de sources d'inspiration comme le firent tant d'autres
avant eux tant Bring her Back
paraît emprunter à certaine racines de l'épouvante, parmi ses
meilleurs composants. Des fragments de séquences qui s'inspirent
donc, au juger, du dérangeant Sinister
de Scott Derrickson. Comment en effet ne pas relier ces images
morbides filmées caméra à l'épaule lors de curieux rites
sataniques à celles, tout aussi glauquissimes, découvertes un jour
dans le grenier d'une maison acquise récemment par son nouveau
propriétaire ? Comment ne pas voir dans les dites images le
plus éblouissant témoignage d'amour pour L'exorciste
de William Friedkin là où tant d'héritiers du cinéastes se sont
cassés les dents ? Comment ne pas ensuite observer ce couple
étrange femme/enfant et leur univers sous le même angle que celui
de l'effrayant Ich Seh Ich Seh
que réalisèrent les autrichiens Severin Fiala et Veronika Franz en
2014 (et dont le réalisateur américain Matt Sobel réalisera le
remake huit ans plus tard sous le titre Goodnight
Mommy) ?
Comment,
surtout, ne pas penser à cette vague de thriller
horrifico-psychologiques qui depuis maintenant dix ou vingt ans
déferlent sur nos petits et grands écrans, faisant ainsi la nique
au pur film d'horreur dénué, lui, de toute approche intellectuelle
du récit ? Il y a pourtant à travers le scénario de Danny
Philippou et de Bill Hinzman des choses qui ne sont pas toutes
neuves. Comme le deuil, l'absence et cette impossibilité de
reprendre une existence normale. Alors, lorsque après le décès de
leur père est offert à Andy et Piper l'occasion de trouver une
famille d'accueil et ainsi de rester unis, la venue de Laura dans
leur vie sonne comme un espoir. Ouais, sur le papier car en réalité,
les deux réalisateurs précipitent leurs deux jeunes héros incarnés
par Billy Barratt (l'un des principaux interprètes du nullissime
Cratère de
Kyle Patrick Alvarez il y a deux ans) et par Sora Wong (dont Bring
her Back
demeure actuellement le premier et seul rôle au cinéma) dans un
univers que l'on devine trop rapidement comme étant vicié par la
personnalité de Laura. Excellemment incarnée par l'actrice Sally
Hawkins (que l'on a pu notamment voir dans le rôle principal d'Elisa
Esposito dans l'excellent film de GuillermoDel Toro, La
forme de l'eau
en 2017), elle est accompagnée par un personnage qui saisit
immédiatement par son apparence. Pour son second rôle au cinéma,
le jeune acteur australien Jonah Wren Phillips n'est pas sans
rappeler l'actrice Melanie Gaydos atteinte de dysplasie ectodermique
et que l'on a pu découvrir dans une quinzaine de projets dont
l'étonnant Tous les dieux du ciel
de
Quarxx en 2018. Thriller horrifico-dramatico-psychologique, Bring
her Back
est d'une redoutable efficacité et s'avère être un condensé des
pires horreurs que les fans puissent rêver de découvrir en un seul
film. Relation toxique entre une femme et la fille qu'elle vient
d'accueillir chez elle. Machination diabolique vis à vis du frère
qu'elle n'avait pas désiré recevoir chez elle au départ. Rites
sataniques. Perte tragique d'un enfant. Nécrophilie,
(auto)cannibalisme, Body
Snatching
(débarrassé ici de toute vision extraterrestre du phénomène),
plans gore visuellement éprouvants, le long-métrage de Danny et
Michael Philippou est un condensé d'horreur épidermique et
psychologique qui mettent notre estomac et nos cellules grises à
rude épreuve ! Autant dire que l'on tient là une perle du
cinéma d'horreur. Une œuvre qui non seulement confirme ce que l'on
pensait des deux frangins après la sortie de Talk
to Me
mais qui plus encore avec Bring her Back
donne envie de nous plonger dans leurs futurs travaux... Bref !
Une claque !
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