Tout comme dans n'importe
quel genre cinématographique, qu'il s'agisse d'action, de
fantastique,de science-fiction, d'horreur ou encore d'aventure ou de
policier, il y a à boire et à manger... et même parfois à
régurgiter par des voies qui n'ont rien de réellement naturelles.
Film de Blaxploitation sorti
en 1975, Welcome Home Brother Charles du
réalisateur afro-américain Jamaa Fanaka entre dans la catégorie
des tentatives ratées. Ce qui n'a pas empêché le bonhomme qui
tournait là son tout premier long-métrage d'avoir persévéré
durant une période s'étalant sur une quinzaine d'années et à
travers une toute petite série de longs-métrages qu'il réalisa,
scénarisa et produisit lui-même ! Bref, la manière
théoriquement idéale de mettre en pratique le mouvement Do
it yourself
selon lequel il s'agit de tout faire par soit-même. Après avoir
réalisé le court-métrage de vingt minutes A
Day in the Life of Willie Faust, or Death on the Installment Plan
en 1972 et alors qu'il étudiait encore à L'Université
de Californie à Los Angeles,
Jamaa Fanaka choisit d'exploiter le filon de la Blaxploitation
avec ses propres moyens. Et donc, à travers un budget sans doute
dérisoire d'après le résultat à l'écran. Si certains des acteurs
continueront leur carrière cinématographique, d'autres n'iront pas
plus loin que cette seule tentative de dramatisation parfois
ésotérico-fantastico-absurde de ce cinéma propre à la culture et
à la revalorisation de la communauté afro-américaine. Parmi ces
derniers, Marlo Monte, Ben Bigelow et Jake Carter. Le troisième
n'ayant que peu d'intérêt puisque son interprétation d'un
proxénète n'ira pas au delà d'une petite poignée de minutes, les
deux autres sont déjà nettement plus intéressants. Commençons
donc par Ben Bigelow. Incarnant l'officier Harry Freeman, l'acteur
est littéralement surexcité, caricatural et donc parfaitement
grotesque dans le rôle du flic BLANC raciste, machiste et dont la
femme préfère retrouver les bras d'amants de passage devant
l'inaptitude de son mari à lui donner du plaisir. Et celle-ci,
incarnée par Tiffany Peters, choisissant parmi ses conquêtes d'un
jour de beaux étalons noirs, son mari semble avoir logiquement
développé une haine viscérale vis à vis de la communauté
afro-américaine. Et Marlo Monte incarne justement l'un de ses
représentants en incarnant le rôle de Charles Murray. Un black pas
tout ''blanc'' puisqu'il exerce le ''métier'' de dealer de dope !
Lors
de son arrestation, l'officier Harry Freeman se montre
particulièrement agressif et tente de l’émasculer tandis que son
collègue Jim Cunningham (interprété par Stan Kamber, une sorte
d'Oliver Reed version Temu)
détourne de regard. Accusé de violence sur ''dépositaire de
l'autorité publique'' comme l'on a désormais l'habitude de décrire
nos forces de l'ordre, Charles prend cher puisque le juge, lors de
son procès, le condamne à trois ans ferme ! Notons que ces
trois années seront réduites à l'image, à trois minutes montre
chrono. Obsédé par l'agression dont il fut victime, Charles fait le
même cauchemar (dont la description ne nous sera révélée que bien
plus tard). S'agissant de son passage en prison, Jamaa Fanaka ne
s'embarrasse pas de décrire le milieu carcéral au beau milieu d'une
foule de criminels plus endurcis les uns que les autres mais filme la
séquence en noir et blanc et à travers des photogrammes sans
intérêts se fixant en gros plan sur le seul visage du protagoniste !
Sorti de taule, Charles cherche à revoir sa compagne Twyla
(l'actrice Jackie Ziegler) qui depuis est maquée avec N.D, un ancien
ami du héros. Là encore, le réalisateur et scénariste ne se prend
pas la tête et stoppe net une sous-intrigue qui aurait pu être
passionnante s'agissant de l'affrontement entre deux hommes dans la
quête pour l'un, de la réappropriation de son ex. (Dé)monté à la
truelle par un monteur dont l'incompétence est si remarquable
qu'elle en devient saisissante, Welcome Home
Brother Charles
est en outre doté de séquences foireuses et inutiles. Celle mettant
notamment en scène l'officier Harry Freeman lors du déminage d'une
valise étant parfaitement emblématique de l'absence de maîtrise du
réalisateur vis à vis de son script et de sa mise en scène. Plus
tard, le long-métrage bifurque du côté du ''fantastique''. En
effet, doté d'un appendice démesuré, Charles tue Freeman et l'un
des intervenants lors de son procès en agitant devant eux un
braquemart monstrueux avec lequel il va les étrangler !!! En
outre, cette victime de l'injustice et de la corruption policière
qui le condamnèrent à trois ans de prison va littéralement
envoûter les épouses des deux hommes en question. Reste cependant à
savoir si Charles a ensorcelé l'une et l'autre à l'aide de son
regard ou de sa queue ! Bref, Welcome Home
Brother Charles
est une belle merde dont nous ne retiendrons que cette hallucinante
séquence du pénis/serpent, totalement inattendue et point d'orgue
d'un film de Blaxploitation
parmi les plus décevants...
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