Il est amusant de
constater combien l'on peut avoir parfois de choses à dire au sujet
d'une œuvre qui n'a en réalité que très peu d'intérêt. Et c'est
bien le cas au sujet de Black Shampoo de Greydon Clark
! Un film de Blaxploitation, encore un, et dont le titre,
emprunt d'une propension à définir certains de ses contours, n'a
d’équivoque que la mystérieuse légende dont il me semblait qu'il
était auréolé. À le voir écrit partout où mes yeux se posèrent,
au beau milieu de n'importe quel post dressant la liste des films
entrant dans cette catégorie à découvrir avant de mourir, Black
Shampoo est une authentique douche froide. Mais, alors qu'en
ces temps de rude chaleur, rien ne paraît être plus compatible que
l'idée d'en prendre une lors des plus insoutenables hausses de
températures, le film nous fige. Dans l'attente d'y voir tout
d'abord durant les quarante premières minutes, autre chose que les
ébats répétés de notre héros incarné par John Daniels, lequel
transforme l'arrière salle de son salon de coiffure en lupanar !
Ancêtre des salons de massage où contre quelques billets de plus de
jolies jeunes femmes vous procurent un surcroît de plaisir,
l'enseigne de Jonathan est tenue par deux folles dont la première
est peroxydée et la seconde vêtue d'un costume rose bonbon ! Deux
caricatures gay qui auraient de nos jours fait monter sur leurs
grands chevaux des vagues de LGBT gauchisés si seulement le
long-métrage n'entrait pas dans la catégorie des films de
Blaxploitation (entre communautés dites ''minoritaires'', il
faut effectivement savoir se serrer les coudes). En dehors de
ressembler à un Lou Ferigno (la série L'incroyable Hulk)
ni blanc, ni vert mais ''black'', John Daniels est surtout considéré
ici comme un étalon noir. Ses clientes frétillant de la moule comme
de jeunes adolescentes agitées par leurs premiers émois sexuels,
celles-ci débarquent au salon le cheveu en bataille, non pas pour se
refaire le brushing ni même se faire shampouiner mais bien pour
retrouver ce beau mâle qui dépasse allégrement d'une tête tous
ses amis et opposants pour trouver entre ses bras la volupté que
leur conjoint semble leur refuser. Un an après avoir incarné le
Baron Noir dans The Candy Tangerine Man
de Matt Cimber, l'acteur troque son costume de proxénète pour celui
de ''garçon-coiffeur'' testostéroné capable de calmer sa furie en
allant frapper à la porte d'une cliente et ainsi la culbuter devant
la façade de sa propriété...
Sacré
polisson que ce Mr. Jonathan qui entre quelques massages dont il est
le seul à avoir le secret cherche à délivrer la jolie Brenda St.
John, jeune panthère noire dont il est tombé sous le charme,
incarnée par la longiligne Tanya Boyd qui la même année sera à
l'affiche d'Ilsa, gardienne du harem de
Don Edmonds avant d'interpréter le rôle de Genelva dans la série
Racines
de Marvin J. Chomy, John Erman, David Greene et Glibert Moses l'année
suivante. Comme bon nombre des figurantes, la jeune femme se fout à
poil en toutes occasions, permettant ainsi au spectateur de se rincer
l’œil à diverses reprises. Même lorsque cela ne tient pas
exclusivement aux séquences lors desquelles Brenda et Jonathan
éprouvent le besoin de se blottir dans les bras l'un de l'autre.
L'antagoniste du récit est une fois encore l'homme blanc et se
rapproche du rôle que tenait quatre ans auparavant l'acteur Paul
Stevens. Sauf que le gangster n'a ici pas la même saveur, le même
charisme, la même propension à figurer le Mal dans toute sa
puissance et sa domination. De facture relativement classique, le
scénario de Greydon Clark et Alvin L. Fast est si faible que durant
une bonne moitié du récit, on passe davantage de temps à dénicher
ce qui, dans la bande originale de Gerald Lee, pourrait nous faire
regretter de ne pas l'avoir chez nous sur support vinyl ! Entre
soul, funk et jazz, l'on a droit à quelques instrumentaux typiques
de la Blaxploitation
ainsi que deux ou trois chansons interprétées par des voix
féminines. Concernant le réalisateur, après avoir signé cette
bande proprement crapuleuse dévouée à la communauté
afro-américaine et se terminant dans un bain de sang nettement plus
graphique que le final de Massacre à la
tronçonneuse
que réalisa Tobe Hooper deux ans plus tôt, il faut savoir que
Greydon Clark n'est pas un inconnu pour les amateurs de films
d'horreur puisque quatre ans plus tard, il sera l'auteur du très
sympathique Terreur Extraterrestre
à l'origine duquel, à n'en point douter, s'inscrivit le scénario
d'un certain Predator
signé de John McTiernan. Réalisant ensuite une fausse suite à son
film d'horreur et de science-fiction avec The
Return,
les amateurs de nanars connaissent bien le bonhomme puisqu'en 1988,
celui-ci signa l'improbable nanar Uninvited,
connu chez nous sous le titre le clandestin...
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