Avant de se lancer dans
la projection de Pédalo,
il va tout d'abord falloir s'assurer que les sous-titres français
sont disponibles. En effet, le premier long-métrage du réalisateur,
scénariste et acteur Stéphane E. Roy étant incarné par des
interprètes au fort accent québécois, il y a eu de fortes chances
pour que le spectateur hexagonal ne comprenne pas le dixième des
dialogues qui seront prononcés par le quatuor d'acteurs qui forme le
casting principal de cette comédie adaptée d'une pièce de théâtre.
À l'origine, le scénario de Pédalo
a donc connu une première vie sur les planches. Écrite par son
adaptateur sur grand écran en collaboration avec son compatriote,
l'acteur, scénariste et chroniqueur canadien Benoît Roberge, la
pièce semble avoir rencontré un certain succès dans son pays
d'origine en mettant en scène Marc Fournier dans le rôle de
Sébastien et Stéphane E. Roy dans celui de l'un de ses meilleurs
amis, Bruno. Les deux comédiens tinrent les spectateurs durant
quatre-vingt dix minutes en étant positionnés à bord d'un pédalo
installé sur une plate-forme surélevée avec en arrière-plan,
plusieurs cadres représentant la mer ! La représentation de la
pièce aura lieu entre le 2 juillet et le 28 août 2022 avant qu'elle
ne soit adaptée sur grand écran trois ans plus tard. Mais alors que
les planches du Théâtre
des Grands-Chênes situé
à Kingsey Falls au Canada accueillirent les deux seuls personnages
masculins de l'histoire, Benoît Roberge, Stéphane E. Roy mais aussi
Marie-Josée Ouellet voient les choses en un peu plus grand
concernant l'adaptation en salle de la pièce. Outre divers
personnages secondaires dont l'importance est toute relative, Marc
Fournier et Stéphane E. Roy qui interprètent toujours les rôles de
Sébastien et Bruno sont désormais respectivement accompagnés de
Catherine Proulx-Lemay et Camille Felton. La première incarne
Claudia, épouse de Sébastien dont elle est toujours amoureuse mais
qu'elle trompe avec d'autres hommes à défaut de faire l'amour avec
lui. La seconde interprète quant à elle la jeune Mia, une jolie
blonde rencontrée par Bruno lors d'un rendez-vous galant. Moitié
moins âgée que lui, Mia accepte son invitation de passer des
vacances à Cuba en compagnie de Claudia et Mia.
Si
le scénario s'étoffe à travers la présence de nouveaux
personnages, le résultat n'en est pas moins décevant. En effet,
l'écriture s'avère d'une cruelle pauvreté. L'histoire sépare
rapidement les personnages masculins de leurs compagnes. Si tout
comme dans la pièce de théâtre Sébastien et Bruno vont se
retrouver au large de la mer des Caraïbes, à bord d'un pédalo dont
il perdront rapidement le contrôle, Claudia et Mia vont ''profiter''
de leur absence pour profiter des festivités proposées par l'hôtel
qui accueille les deux couples. Si la jeune Mia passe son temps à
s'inquiéter de l'absence de Bruno et par extension de celle de
Sébastien, pour Claudia, c'est l'occasion rêvée de faire des
rencontres et surtout celle de boire plus que de mesure. Leur virée
en pédalo pour les deux hommes leur offrira l'opportunité
d'échapper un temps à leur compagne respective. Le premier étant
fatigué de devoir surveiller son épouse en perpétuelle prise avec
l'alcool et le second regrettant d'avoir fait le voyage avec une
jeune femme au tempérament bien trop éloigné du sien. Le principal
attrait de ce genre de production reposant généralement sur les
dialogues, il n'est pourtant ici pas rare d'éprouver un profond
ennui devant des échanges manquant foncièrement d'inspiration.
Bourré de clichés et de stéréotypes, les personnages sont englués
dans un verbiage que l'on croit avoir été écrit voilà des
décennies en arrière. Tout, de la mise en scène en passant par
l'interprétation et jusqu'à l'écriture sent le réchauffé et
l'absence de maîtrise du cadre enfonce un peu plus Pédalo
dans ce qui chez nous aussi, condamne la plupart des comédies
françaises à n'être qu'une succession de redites dénuées de la
moindre imagination. Dire que tout est raté est un euphémisme. De
l'apparition d'un requin aux abord d'une barrière de corail jusqu'au
soleil de plomb qui tape sur le ''système'' de nos deux héros
masculins contraints, pour passer le temps, de régler quelques
comptes, rien ne va. Pas un rire. Pas même un sourire de la part du
spectateur ne vient souligner le fait que Pédalo
fut envisagé au départ comme une comédie. Une œuvre terriblement
larguée qui en outre, retient en otages ses spectateurs durant cent
minutes. Bref, un quasi naufrage...
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