Alors que le dernier
long-métrage de Brad Anderson The Silent Hour est
directement sorti sur Canal+
en France, certains des aspects du récit font étrangement écho à
ceux d'un petit thriller britannique sorti douze ans plus tôt sous
le titre Tower Block.
Première et dernière collaboration entre David Beton et James Nunn,
le film situe exclusivement ou presque son intrigue à l'intérieur
d'une tour d'habitation vouée à la démolition. Nous sommes à
Londres, en pleine nuit, lorsqu'un adolescent monte jusqu'au dernier
étage du block 31. Poursuivi par deux individus cagoulés, il est
sauvagement agressé. L'immeuble ayant été vidé de ses habitants
en dehors de cet étage en vue de sa destruction prochaine, personne
n'intervient malgré les suppliques de la victime qui demande de
l'aide. Retrouvé mort, une enquête est menée mais ne donne aucun
résultat. Trois mois plus tard l'on retrouve les derniers locataires
de l'immeuble aux prises avec un sniper qui d'un immeuble situé à
plusieurs centaines de mètres de distance abat tout ceux qui du
dernier étage du block 31 osent se montrer aux fenêtres. Becky et
son compagnon Ryan prennent leur petit déjeuner lorsque ce dernier
prend une balle dans la tête. Il sera la première victime d'une
longue série de meurtres perpétrés par un homme dont l'identité
restera longtemps inconnue... L'on suppose d'emblée qu'il s'agit
d'une histoire de vengeance et de ce point de vue là, il n'y a donc
rien d'extraordinaire à attendreau niveau scénaristique. L'objectif
principal du récit reposant sur le script du scénariste James Moran
étant de de décrire une situation de tension entre des locataires
divers et variés cherchant par tous les moyens à se protéger face
à l'agresseur et surtout de trouver par quel moyen ils vont pouvoir
s'en sortir. L'un des points positifs de Tower
Block
s'inscrit au niveau du Bodycount
puisque les réalisateurs assènent de manière quasi métronomique
des meurtres au fusil de sniper. Et tout le monde y passe. De la
vieille femme que l'on imagine préparer des pots de confiture pour
ses petits-enfants, en passant par des gamins qui n'auront même pas
eu le temps d'atteindre leur adolescence, jusqu'aux deux voyous qui
furent responsables du meurtre trois mois auparavant. Téléphone
coupé à tous les étages mais électricité fonctionnant à plein
régime, on a le sentiment d'un quartier complètement abandonné
dans son ensemble comme semblent l'indiquer les rares plans
d'extérieur. Pas de chance pour nos locataires puisque il ne semble
pas y avoir davantage de réseau. Donc, aucune possibilité d'appeler
la police.
Mais
heureusement, Becky est là pour redonner foi à des locataires qui
pourtant tombent comme des mouches. Incarnée par Sheridan Smith,
elle demeure l'esprit fort du groupe de survivants. Elle est
d'ailleurs la seule qui trois mois plus tôt avait tout de même
tenté d'aider l'adolescent de quinze ans. Autour d'elle l'on
retrouve entre autre un couple de personnes du troisième âge (Ralph
Brown dans le rôle de Neville et Jill Baker dans celui de Violet),
les trois trafiquants de drogues Kurtis, Gary et Mark (Jack
O'Connell, Nabil Elouahabi et Kane Robinson), une mère et son fils
amateur de jeux vidéos en ligne (interprétés par Julie Graham et
Harry McEntire) ou encore un voisin de Becky alcoolique prénommé
Paul et incarné par Russell Tovey... Qu'il s'agisse de la mise en
scène, de l'interprétation ou du scénario, où que se porte le
regard du spectateur, c'est la désolation. Concernant le script, en
dehors de l'idée plutôt excitante de voir toute une tribu de
poltrons se faire dézinguer par un tireur fou armé d'un fusil à
lunette, le scénario de James Moran est basique. Entre les diverses
personnalités des protagonistes, on s'en doute, les esprits vont
s'échauffer. Pour le reste, ça n'est rien d'autre que du très
convenu ! Côté mise en scène, on est tout juste entre un
épisode de Derrick et
le téléfilm dramatique familial du dimanche après-midi. C'est
plan-plan, sans inspiration et presque exclusivement tourné dans le
couloir du dernier étage en dehors d'une sortie sur le toit de
l'immeuble ou un passage situé dans les escaliers menant au
rez-de-chaussée. Incapables d'exploiter les environnements, David
Beton et James Nunn signent un thriller fade et redondant. Côté
acting, rien d'exceptionnel non plus. Le voyou Kurtis en fait des
tonnes tandis que l'héroïne interprétée par Sheridan Smith se
prend pour la version féminine de John McClane de la franchise Die
Hard.
Reste quelques amusantes invraisemblances. Comme l'incroyable agilité
du tueur qui parvient à deviner où se trouve chaque nouvelle
victime au vu de la vitesse avec laquelle celle-ci se prend une balle
dans le coffre. Ou pire, lorsque la mère et son geek de fils
parviennent jusqu'au rez-de-chaussée avant d'être tués à leur
tour. Allez donc expliquer aux spectateurs comment, des dizaines
d'étages plus haut, Becky et les autres peuvent être en mesure de
deviner qu'ils viennent d'être abattus ! Invraisemblable,
ouais, mais amusant ! Bref, Tower Block
est tout à fait dispensable. Perso, je préfère redécouvrir
l'excellent Self Defense (Siège)
que réalisèrent Paul Donovan et Maura O'Connell près de trente ans
auparavant...
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