Huit ans après Mad
Mutilator
et seulement une année avant Alien Platoon,
le réalisateur, scénariste et libraire français Norbert Moutier
revenait avec un nouveau zé-d'œuvre du zédième-art. Trepanator
que ça z'appelle. Le plus zédifiant cinéaste hexagonal revenait en
1991 avec une œuvre ambitieuse se référant à l'écrivain
américain H.P.Lovecraft à travers cette citation : ''La
vie est une chose hideuse et de la face cachée de notre savoir,
suintent de démoniaques fragments de vérité qui la rendent mille
fois plus hideuse''...
C'est par cette phrase poético-morbide extraite du recueil de
nouvelles Facts
Concerning the Late Arthur Jermyn and His Family que
le romancier publia pour la première fois en 1920 que sous son
habituel pseudonyme de N.G.Mount, Norbert Moutier attise notre
curiosité en inscrivant donc son œuvre dans la traditionnelle
ambition de l'homme se prenant pour Dieu. Plus proche du chirurgien
fou de la nouvelle Herbert
West – Reanimator
que H.P.Lovecraft fera publier sous forme de feuilleton dès juillet
1922 que du roman de la romancière britannique Frankenstein;
or, The Modern Prometheus
qui
vit quant à lui le jour en 1818 avant d'être traduit en français
trois ans plus tard, Norbert Moutier semble d'ailleurs insister à ce
sujet puisque le neurochirurgien qu'interprète à l'écran Michel
Finas (que l'on reverra très rapidement au générique d'Alien
Platoon)
se nomme Herbert East (signifiant ''Est'', par opposition à West qui
lui, signifie ''Ouest''). Descendant d'un médecin aussi fou que lui
qui fut assassiné par la police alors qu'il opérait dans
d'abominables conditions des patients qui perdaient littéralement la
tête. Herbert a donc depuis repris les travaux de son ancêtre et
cherche à faire fructifier ses travaux en revendant aux plus
offrants le fruit de son labeur. Et ça tombe bien car actuellement
se préparent les futures élections présidentielles américaines....
Ah oui ! J'oubliais de le préciser mais après une séquence
d'introduction se déroulant en France, voici les protagonistes
désormais projetés aux États-Unis. Une illusion qui aurait été
presque parfaite si tout ce qu'avait entrepris le chef-décorateur
pour nous faire croire qu'effectivement le film se déroulait
outre-atlantique n'avait pas été sabordé par des moyens financiers
au raz des pâquerettes !
Car
tout comme projet initié par Norbert Moutier, Trepanator
sent le film fauché. Sans doute quelques dizaines de milliers de
francs (et je suis large) ont apparemment servi à tourner ce film à
la vas comme j'te pousse, sans répétitions et sans prises
multiples. Un film 100% bio, sans addictifs autres que des tonnes de
latex servant à fabriquer des crânes, des mains, des jambes, des
têtes, des bras tous plus factices les uns que les autres et
auxquels ont été ajoutés des abats d'animaux pour un résultat, ma
foi, plutôt réussi. Compte tenu du budget et du manque de talent de
l'auteur et de ses interprètes, on ne va pas gâcher le seul aspect
de Trepanator
qui peut encore retenir le spectateur devant son écran. Côté gore,
on en a donc pour notre argent. Ça saigne beaucoup. Les trépanations
en question n'étant qu'une mise en bouche gracieusement offerte en
apéritif avant que notre neurochirurgien ne passe la frontière du
raisonnable et ne se transforme en un véritable équarrisseur. La
table d'opération se transformant rapidement en un véritable étal
de boucher, Herbert East peut compter sur l'assistance de Karl, sorte
de Igor frenchie glauquement incarné par Michael Raynaud, créateur
ici des effets-spéciaux et dont la carrière d'acteur s'arrêtera à
ce seul long-métrage. Notons que parmi les principaux interprètes
l'on retrouve le réalisateur Jean Rollin. Cinéaste et écrivain
culte qui a fait du mythe du vampire son principal gagne-pain sur
grand écran et dans les librairies (il adaptera notamment au cinéma
en 1997 son propre roman Les
Deux Orphelines vampires
édité quant à lui en 1993 dans la collection culte, Angoisse,
des éditions Fleuve
Noir).
Mais le plus surprenant reste ici la courte présence à l'image du
réalisateur américain William Lustig. Auteur du cultissime Maniac
en
1980, il apparaît sous les traits d'un patient victime de cauchemars
récurrents qui se présentent sous la forme d'une silhouette. Celle
d'un flic. Celui qu'incarna l'acteur Robert Z'dar dans la franchise
Maniac Cop
que réalisa également William Lustig. Une silhouette qui ne prête
d'ailleurs absolument pas à la confusion puisque le visage, certes
ombragé, fait référence au problème de chérubisme dont était
victime l'acteur américain ! Pour ce qui est de l'histoire,
Trepanator s'intéresse
essentiellement à son chirurgien fou et au dirigeant de
l'établissement où il travaille (quiconque se retrouve à devoir
passer le pas de la porte d'un tel endroit pour s'y faire opérer est
condamné à une mort certaine). Mais également a ce jeune homme
politique pas très futé dont Herbert choisi de prélever le cerveau
afin de l'échanger avec celui de son père ! Après, tout par
en vrille, ce film de savant fou se transformant en une invasion de
zombies ! Bref, c'est du grand n'importe quoi jouissif malgré
la légion de tares que porte en lui le film de Norbert Moutier !
Culte !
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