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jeudi 20 mars 2025

Grafted de Sasha Rainbow (2024) -★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Premier long-métrage réalisé par Sasha Rainbow et écrit par Lee Murray, Hweiling Ow et Mia Maramara, Grafted fait étrangement écho à The Substance de la française Coralie Fargeat. Dans un cas comme dans l'autre, la recherche de la beauté mène à une troublante dérive s'inscrivant dans le genre Body Horror cher au réalisateur canadien, David Cronenberg. Un courant du cinéma horrifique qui désormais prolifère comme une bactérie, s'attaquant aux organismes de ses principaux protagonistes quand ceux-ci ne se rendent tout simplement pas coupables de faits monstrueux parmi leur entourage. Bien qu'ayant été auréolé du Prix du Scénario au Festival de Cannes en 2024 ou de la Meilleure actrice dans un film musical ou une comédie pour Demi Moore aux Golden Globes 2025, The Substance était d'une telle absurdité doublée, triplée, voire même quadruplée d'incohérences scénaristiques que le film pu être perçu comme une authentique déception. Ceux qui n'apprécièrent donc pas le film malgré les performances de Demi Moore et de Margaret Qualley ou même celle de Dennis Quaid pouvaient donc se retourner vers Grafted. Une œuvre demeurée dans l'ombre, sans doute à cause de sa production et sa distribution bien trop proches de celle de The Substance. D'autant plus qu'après avoir découvert ce dernier, il n'est pas certain que la totalité des spectateurs aient eu l'envie pressente de plonger aussi rapidement dans ce même type d'univers. Tandis qu'Elisabeth Sparkle (Demi Moore) tentait de retrouver une seconde jeunesse par un procédé scientifiquement mais aussi et surtout physiologiquement et psychologiquement invraisemblable, le problème de Wei n'est pas tant de conserver sa jeunesse puisqu'elle n'est encore qu'une adolescente que de poursuivre les travaux de son génie de père malheureusement décédé afin de se débarrasser à son tour d'une maladie congénitale qui atteint depuis sa naissance une partie de son visage. Grafted démarre par une séquence d'introduction plutôt hard lors de laquelle le père de l'héroïne alors en pleines recherches s'injecte une solution de son invention qui doit permettre aux cellules de la peau de se régénérer. Un sérum dont l'action est si remarquable qu'elle ne fait pas que s'attaquer aux cellules malades mais condamne l'homme à mourir dans d'abominables circonstances. Une séquence bien gore qui précède donc le passage à l'adolescence de Wei (excellente Joyena Sun) qui désormais part s'installer chez sa tante qui l'accueille très généreusement.


Contrairement à sa cousine Angela (Jess Hong) qui très vite prend la jeune fille en grippe. Tout comme sa meilleure ami Eve (Eden Hart) qui évite autant qu'elle le peut tout contact avec cette étrangère au comportement décidément très curieux. L'intégration est d'ailleurs au centre du récit même si le thème est évoqué sous l'une de ses formes les plus délicates à aborder : celle de la culture ! Grafted ne déroge pas aux règles du Body Horror, genre dans lequel le ratio drame/horreur est en général calculé pour que tous s'y retrouvent. Mais les amateurs de films gore risquent de ne pas en avoir tout à fait pour leur argent puisque le long-métrage de Sasha Rainbow reste relativement timide malgré la promesse offerte par la séquence d'introduction de tâcher l'écran blanc de nos téléviseurs aussi sûrement que les spécialistes habituels du genre. Et à dire vrai, en la matière, l'emploi d'effets-spéciaux conçus par Casey Belsham et Dean Clarke est assez rare et surtout, relativement redondant dans la manière qu'ont les deux spécialistes à aborder l'horreur corporelle. De ce point de vue là, The Substance remporte la victoire haut la main. Et même si l'on n'apprécie pas spécialement le dernier film de la réalisatrice française, il est fort peu probable que Grafted obtienne davantage de faveurs de la part de ses détracteurs. D'une durée pourtant raisonnable n'excédant pas les quatre-vingt seize minutes, le long-métrage de Sasha Rainbow s'avère parfois neurasthénique. Pourtant, le film n'est pas avare en idées originales, parmi lesquelles, la réalisatrice et ses scénaristes créent un nouveau concept de Body Snatching permettant à l'héroïne de changer d'apparence grâce à des greffes de peaux agrémentées d'une injection procédant des recherches poursuivies par Wei à la mort de son père. Autre idée sur laquelle semble reposer le récit : une sorte d'exo-cannibalisme reposant sur ce même concept d'appropriation de cellules humaines non plus ingurgitées avant d'être digérées mais fusionnant directement à même la peau de Wei. Le résultat vaut par ailleurs son pesant d'or : Jess Hong et Eden Hart qui jusque là n'incarnaient respectivement que les personnages d'Angela et Eve vont se voir contraintes d'adopter le comportement de Wei qu'incarnait jusque là Joyena Sun. Prouvant ainsi le talent de l'une et de l'autre des interprètes dans la capacité qui est la leur de se fondre dans divers personnages. Malheureusement, sorti de cette simple observation, il est un fait que Grafted ne remplit par vraiment l'objectif que l'on attendait de lui. Le film n'est pas l'objet traumatisant que la bande-annonce promettait. Noyé parmi des dizaines d'autres exemples de Body Horror, le film de Sasha Rainbow fait malheureusement partie des maillons faibles...

 

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