Tout comme d'autres
figures emblématiques du cinéma fantastique et d'horreur tels que
Dracula, Frankenstein, Leatherface (Massacre à la tronçonneuse
de Tobe Hooper en 1974), Michael Myers (Halloween
de John Carpenter en 1978), Jason Voorhees (Vendredi
13
en 1980), Freddy Krueger (Les griffes de la nuit
en
1984), Sadaka (Ring en
1997) ou plus récemment, Art (Terrifier
en 2016), Chucky est entré dans la légende en passant par la grande
lucarne et ce, dès 1988, date où sortait dans les salles de cinéma
le premier volet de la franchise Child's Play.
Lequel sortira alors chez nous sous le titre Jeu
d'enfant.
Un petit film d'horreur qui se transforme très rapidement en
classique et qui dans le futur, sera à l'origine de plusieurs
séquelles ainsi que d'un certain nombre d'émules. On pense bien
entendu tout d'abord au premier volet de la saga Annabelle
signé de John R. Leonetti qui malgré tous les efforts de son auteur
ne parviendra jamais à faire oublier les premières aventures de ce
croquemitaine en culotte courte. Ou plutôt, en salopette de jean
décoré de dessins enfantins sur un pull mêlant des bandes de
couleurs pseudo arc-en-ciel. Resserrant l'intrigue en moins de
quatre-vingt dix minutes, le réalisateur et scénariste Tom Holland
qui en 1985 avait déjà mis en scène les créatures à dents
longues de l'excellent Vampire, vous avez dit
vampire ?
et trois ans plus tôt avait écrit le scénario du film culte de
Mark L. Lester, Class 1984,
signe une œuvre efficace dont le souvenir n'a depuis, pas quitté
l'esprit de celles et ceux qui eurent le privilège de le découvrir
dans les salles obscures à sa sortie le 5 avril 1989, soit six mois
après être sorti sur le territoire américain, le 9 novembre 1988 !
Child's Play
démarre sur les chapeaux de roues avec un Brad Dourif en mode
psychopathe. Dans le rôle de Charles Lee Ray, surnommé ''Chucky''
par ses proches, l'acteur endosse le court rôle d'un criminel
poursuivi par l'inspecteur Mike Norris. Celui que tout le monde
surnomme ''l'étrangleur
de Lakeshore''
se réfugie dans un magasin de jouets où trônent des étagères
remplies d'exemplaires de Brave
Gars,
une poupée que tous les gamins s'arrachent. Lorsque l'inspecteur le
retrouve, il lui tire dessus. Mais avant de mourir, Charles Lee Ray
invoque un rituel vaudou qui lui permet de transférer son âme dans
l'une des poupées en question juste avant de mourir. Une fois la
séquence d'introduction arrivée à son terme l'on fait connaissance
avec Andy Barclay (le jeune Alex Vincent, alors âgé de seulement
sept ans) ainsi qu'avec sa mère Karen (l'actrice Catherine Hicks qui
notamment apparu deux ans auparavant dans Star
Trek 4 : retour sur Terre
de Leonard Nimoy dans lequel elle incarnait le personnage de
Gillian).
Vivant
tout deux dans un appartement, Karen offre à son fils une poupée
Brave Gars
achetée
in-extremis à un clochard. Un soir, la sœur de Karen qui s'occupe
de son neveu pendant que la mère est au travail traverse la fenêtre
de la cuisine pour se retrouver morte, écrasée au sol, plusieurs
étages plus bas. Au beau milieu d'une myriade d'agents, Karen fait
alors connaissance avec l'inspecteur Mike Norris qui enquête sur cet
étrange accident. En outre, Andy apprend à sa mère qu'il
communique avec sa poupée qu'il a décidé de surnommer Chucky. En
habillant son jeune protagoniste comme la poupée qu'il vient de se
faire offrir par sa mère, le réalisateur Tom Holland aurait très
bien pu cultiver le doute, du moins un certain temps, quant à
l'hypothèse d'un gamin atteint de schizophrénie. Un pronostic qui
devient très rapidement inenvisageable. Et ce, en raison de la
séquence d'ouverture, justement, et qui laisse clairement entendre
que la poupée est effectivement investie par l'âme vengeresse de
Charles Lee Ray et que donc, le jeune Andy n'est pas en proie à un
délire d'ordre psychiatrique ! Ça ne fut pas la première fois
que Tom Holland dirigeait Chris Sarandon qui dans le cas présent
incarne le flic puisque ce dernier interpréta le vampire Jerry
Dandrige trois ans auparavant dans Vampire, vous
avez dit vampire ? Et
ça ne fut pas non plus la première fois que l'acteur joua dans un
film d'horreur puisqu'il fut engagé sur le tournage de l'excellent
La Sentinelle des maudits
de Michael Winner en 1977. Il incarne donc ici le sympathique
inspecteur chargé de l'enquête, d'abord sceptique (comme le sera
d'ailleurs elle aussi durant un temps la mère de l'enfant) avant
d'être lui-même confronté à ce qui s'avérera effectivement être
une poupée possédée par l'esprit de ''l'étrangleur
de Lakeshore''.
Accompagné par l'anxiogène et minimaliste partition du compositeur
américain Joe Renzetti (lequel aura à son actif les bandes
originales du Roman d'Elvis
de John Carpenter, de Dead & Buried,
Mort ou vif et
Poltergeist 3
tous trois signés de Gary Sherman ou encore des second et troisième
volets de la franchise Basket Case
signée de Frank Henenlotter). Bien rythmé et très bien exécuté
par le réalisateur, le monteur et les interprètes, les
effets-spéciaux ne sont pas en reste puisque Kevin Yagher a créé
pour l'occasion une poupée en animatronique plutôt convaincante et
dotée d'un faciès tantôt souriant, tantôt grimaçant et de
répliques cinglantes (dues à Brad Dourif lui-même) relativement
jouissives. Bref, Child's Play est
une petite pépite qui aura droit deux ans plus tard à une première
séquelle sous le titre Chucky, la poupée de
sang.
Une suite qui sera cette fois-ci réalisée par John Lafia...
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