Sorti sur le territoire
américain le 16 août dernier, Skincare
est le premier long-métrage de fiction réalisé par Austin Peters
après une carrière principalement constituée de clip musicaux dont
une grande majorité fut produite pour le musicien de country,
Orville Peck. Si la bande son possède ici une importance plus ou
moins considérable, le sujet est pourtant ailleurs. En effet, le
script écrit conjointement entre le réalisateur et les scénaristes
Sam Freilich et Cerf Regan prend place à notre époque, où
l'ambition démesurée de certains individus les pousse à agir
parfois de manière immorale. Long-métrage à la durée
particulièrement raisonnable puisqu'il n'excède pas les
quatre-vingt seize minutes, Skincare
met tout d'abord en scène l'actrice et réalisatrice américaine
Elizabeth Banks qui du haut de ses cinquante ans est toujours la
superbe interprète d'une petite centaine de films et d'épisodes de
séries télévisées, ayant elle-même touché à la caméra à
diverses reprises comme avec la navrante adaptation de la série
Drôles de dames
intitulée Charlie's Angels
en 2019. Ou comme l'année dernière avec Crazy
Bear
censé s'inspirer d'un fait divers authentique entourant un ours qui
aurait perdu la vie après avoir fait une overdose ! Skincare,
lui, s'éloigne de ce genre de thématique pour s'enfoncer dans celle
qui mène de manière obsessionnelle certaines personnes à devenir
célèbres. C'est donc le cas de Hope, jeune femme pétillante et
ambitieuse qui s'apprête à lancer sur le marché hollywoodien sa
propre marque de produits de beauté. Alors qu'elle vient
d'enregistrer une émission de télévision qui devrait être
diffusée dans les jours à venir et qu'une boutique portant le nom
de sa marque est enfin prête à accueillir ses premières clientes,
Hope constate avec effroi qu'un concurrent vient de s'installer sur
le trottoir d'en face. Angel (Luis Gerardo Méndez) devient très
rapidement la nouvelle coqueluche des médias et s'attire les faveurs
des femmes qui jusqu'à maintenant ne juraient que part Hope. Pire :
quelqu'un semble avoir piraté les comptes de la jeune femme qui voit
arriver chez ses contacts un déluges de messages particulièrement
obscènes les invitant notamment à se rendre dans sa boutique afin
qu'elle leur offre des services ''très
particuliers''.
Renouant
connaissance avec le coach de vie Jordan (Lewis Pullman) qu'elle
avait perdu de vue depuis quelques années, Hope décide de tout
mettre en œuvre pour faire cesser le harcèlement dont elle est la
victime et dont elle met en cause son nouveau voisin. À commencer
par la police qu'elle contacte afin de lui faire part de ses
inquiétudes... C'est étrange mais Skincare
a beau avoir de grandes ambitions en incorporant l'idée qu'il situe
son action au cœur de l'univers plein de paillettes d'Hollywood, la
situation géographique telle qu'est est filmée durant le récit
semble n'avoir jamais été aussi éloignée des convoitises sociales
de notre héroïne. Une femme à l'appétence dévorante,
manipulatrice et fourbe comme le détaillent d'ailleurs certains
petits indices et pourtant illuminée par la seule présence de son
interprète, Elizabeth Banks. Une quinquagénaire qui n'a absolument
pas à rougir face à ces minettes de quinze ou vingt ans qui rêvent
de conquérir le monde en ayant très tôt recours à la chirurgie
esthétique. Le long-métrage d'Austin Peters s'articule presque
exclusivement autour du personnage de Hope à proximité de laquelle
viennent se greffer quelques spécimens de parasites forcément de
sexe masculin. Comme cet animateur télé du nom de Brett Wright
(Nathan Fillion) qui sur demande de la jeune femme et malgré le
rejet de la production accepte de tout entreprendre pour que soit
diffusé l'enregistrement filmé au début du récit... à la seule
condition que Hope accepte de lui faire une ''petite
pipe'' !
Skincare
nous rabâche donc à son tour les oreilles avec ce principe qui veut
que tous les hommes ou presque sont des salauds. Allant même jusqu'à
faire de l'une des seules aides auxquelles elle aura accès un
individu calculateur et aux ambitions aussi démesurées que les
siennes. La révélation sur l'identité du harceleur qui s'en prend
à l'héroïne survenant après une heure de projection, ce qui
faisait le sel du long-métrage, c'est à dire la paranoïa ambiante
qui semblait avoir une emprise sur la jeune femme, disparaît au
profit d'un récit qui devient de plus en plus convenu. Mais ne nous
trompons pas puisque de toute manière, tout y était déjà par
avance prévisible. Prenant même parfois le spectateur pour un
imbécile en intégrant par exemple cet individu louche qui de loin
semble épier l'héroïne sans que pourtant aucune explication ne
soit apportée quant aux raisons de sa présence. Histoire que le
spectateur en face le suspect idéal. Le genre de malade amoureux fou
de cette magnifique naïade motivée par des enjeux qui restent
malgré tout relativement puérils. Reste que Skincare
est un sympathique long-métrage qui aurait sans doute pu frayer
davantage avec l'horreur comme le font certains de ses concurrents...
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