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jeudi 21 novembre 2024

Lolly Madonna XXX de Richard C. Sarafian (1973) - ★★★★★★★★★★

 


 

Si Lolly Madonna reste un personnages plus ''fantaisiste'' encore que la totalité de ceux que l'on rencontre dans cet authentique chef-d’œuvre du septième art, en figurant sur l'affiche du film, il symbolise tout d'abord ce moment crucial d'exacerbation qui agite désormais deux familles dont la haine des patriarches s'est transmise au fil du temps jusqu'au dernier de leurs descendants respectifs. Les problèmes de voisinage n'étant pas exclusivement réservés aux habitants des lotissements ou aux voisins de paliers installés dans de grands ensembles HLM, l'intrigue de Lolly Madonna XXX situe son action au début des années soixante-dix et dans une Amérique si profonde que l'on n'y croise que deux familles de culs-terreux dont il faut faire parfois le tri pour y dénicher des individus capables de ressentir des émotions ou de réfléchir de manière cohérente. D'un côté, nous avons les Feather. Une lignée de descendants du peuple Cherokee qui a perdu les terres qui lui appartenaient depuis des générations et qu'ont remporté les Gutshall lors d'un enchère. Pour Laban, le chef des Feather, cette situation impossible à accepter est le sujet de mésententes perpétuelles entre sa famille et celle dirigée par Pap Gutshell. Après que les fils de Laban aient volé plusieurs cochons à leurs voisins, ces derniers ont mis au point un subterfuge afin de détourner l'attention de ses fils et ainsi récupérer leur bien. En effet, Pap et les siens ont laissé présumer l'arrivée très prochaine d'une jeune et belle femme prénommée Lolly Madonna que les fils Feather vont s'empresser de kidnapper afin de pouvoir mettre la pression sur les Gutshell. Malheureusement pour elle, Ronnie Gill, une jeune fille de la ville, débarque à ce moment très précis et se trouve être confondue avec celle qu'attendaient de pouvoir enlever les Feather. Kidnappée puis retenue prisonnière dans la ferme de ces derniers, la jeune femme a beau affirmer qu'elle n'est pas celle qu'ils croient, le père Laban et ses fils Hawk et Skylar ne veulent rien savoir. Lorsque Pap Gutshall apprend qu'une étrangère a été enlevée par leurs ennemis jurés et par sa faute (le chef de famille étant l'instigateur du piège tendu aux Feather), il prend la décision d'intervenir afin de la faire libérer...


Sorti chez nous sous le titre un peu dévoyé d'Une fille nommée Lolly Madonna, le long-métrage du réalisateur américain Richard C. Sarafian fait partie de ces films qui dans le courant des années soixante-dix marquèrent de leur empreinte le septième art. Mais concernant celui-ci, d'indélébile, il n'en a que le nom puisqu'aux côtés d'autres très grands films produits à l'époque par la Metro Goldwyn Mayer, celui n'est pas des plus célèbres. L'on pourrait même affirmer qu'il reste relativement méconnu malgré la très grande puissance émotionnelle et la très grande profondeurs qui pèsent sur le récit de ces deux familles totalement irréconciliables. Adaptation du cinquième roman de l'écrivaine américaine Sue Grafton, The Lolly-Madonna War, Lolly Madonna XXX est à mi-chemin entre le drame et le western. De ce dernier, le film de Richard C. Sarafian n'a surtout conservé que le visuel de cette grande prairie qui sépare les deux fermes. Pour le reste, l'on est bien face à l'un de ces drames poignants, déchirants, et qui dans le cas présent est capable d'un regain de dynamisme et d'émotions perpétuels jusque dans ses derniers instants. Mais Lolly Madonna XXX, c'est d'abord et avant tout un casting de premier choix. Car parmi la petite quinzaine de personnages qui orbitent autour de la jeune et magnifique Season Hubley, l'on a droit à de sacrées pointures du septième art. À commencer par l'acteur Rod Steiger qui ici interprète le patriarche de la famille Feather. Un homme rendu fou de douleur (l'on découvrira d'ailleurs plus tard les raisons de cette folie), ''empoisonnant'' et perturbant ainsi la vie de ses fils parmi lesquels l'on retrouve les excellents Jeff Bridges, Scott Wilson (qui bien des décennies plus tard deviendra le méconnaissable Hershel Greene de la série The Walking Dead) ou encore Ed Lauter. Participant à l'incarnation de la famille Gutshell, nous retrouvons notamment l'ancien ouvrier agricole (ça tombe bien) Robert Ryan, lequel tournera dans un certain nombre de longs-métrages dont plusieurs westerns ainsi que Gary Busey dont le meilleur de la carrière se situe dans le courant des années soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt dix même s'il n'a pas fini de tourner devant la caméra, sur petit et grand écrans... D'une cruauté parfois insoutenable (la mort des chevaux), émouvant (la relation entre Ronnie et Zack) et même parfois tragique (la relation entre Laban et certains de ses fils et plusieurs flash-back évoquant la mort de l'ancienne épouse de Zack), Lolly Madonna XXX est un pur moment de cinéma. Magnifiquement interprété et mis en scène avec une très grande sensibilité par un Richard C. Sarafian alors au sommet de son art...

 

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