Si Lolly Madonna reste un
personnages plus ''fantaisiste'' encore que la totalité de
ceux que l'on rencontre dans cet authentique chef-d’œuvre du
septième art, en figurant sur l'affiche du film, il symbolise tout
d'abord ce moment crucial d'exacerbation qui agite désormais deux
familles dont la haine des patriarches s'est transmise au fil du
temps jusqu'au dernier de leurs descendants respectifs. Les problèmes
de voisinage n'étant pas exclusivement réservés aux habitants des
lotissements ou aux voisins de paliers installés dans de grands
ensembles HLM, l'intrigue de Lolly Madonna XXX
situe
son action au début des années soixante-dix et dans une Amérique
si profonde que l'on n'y croise que deux familles de culs-terreux
dont il faut faire parfois le tri pour y dénicher des individus
capables de ressentir des émotions ou de réfléchir de manière
cohérente. D'un côté, nous avons les Feather. Une lignée de
descendants du peuple Cherokee qui a perdu les terres qui lui
appartenaient depuis des générations et qu'ont remporté les
Gutshall lors d'un enchère. Pour Laban, le chef des Feather, cette
situation impossible à accepter est le sujet de mésententes
perpétuelles entre sa famille et celle dirigée par Pap Gutshell.
Après que les fils de Laban aient volé plusieurs cochons à leurs
voisins, ces derniers ont mis au point un subterfuge afin de
détourner l'attention de ses fils et ainsi récupérer leur bien. En
effet, Pap et les siens ont laissé présumer l'arrivée très
prochaine d'une jeune et belle femme prénommée Lolly Madonna que
les fils Feather vont s'empresser de kidnapper afin de pouvoir mettre
la pression sur les Gutshell. Malheureusement pour elle, Ronnie Gill,
une jeune fille de la ville, débarque à ce moment très précis et
se trouve être confondue avec celle qu'attendaient de pouvoir
enlever les Feather. Kidnappée puis retenue prisonnière dans la
ferme de ces derniers, la jeune femme a beau affirmer qu'elle n'est
pas celle qu'ils croient, le père Laban et ses fils Hawk et Skylar
ne veulent rien savoir. Lorsque Pap Gutshall apprend qu'une étrangère
a été enlevée par leurs ennemis jurés et par sa faute (le chef de
famille étant l'instigateur du piège tendu aux Feather), il prend
la décision d'intervenir afin de la faire libérer...
Sorti
chez nous sous le titre un peu dévoyé d'Une
fille nommée Lolly Madonna,
le long-métrage du réalisateur américain Richard C. Sarafian fait
partie de ces films qui dans le courant des années soixante-dix
marquèrent de leur empreinte le septième art. Mais concernant
celui-ci, d'indélébile, il n'en a que le nom puisqu'aux côtés
d'autres très grands films produits à l'époque par la Metro
Goldwyn Mayer,
celui n'est pas des plus célèbres. L'on pourrait même affirmer
qu'il reste relativement méconnu malgré la très grande puissance
émotionnelle et la très grande profondeurs qui pèsent sur le récit
de ces deux familles totalement irréconciliables. Adaptation du
cinquième roman de l'écrivaine américaine Sue Grafton, The
Lolly-Madonna War,
Lolly Madonna XXX
est à mi-chemin entre le drame et le western. De ce dernier, le film
de Richard C. Sarafian n'a surtout conservé que le visuel de cette
grande prairie qui sépare les deux fermes. Pour le reste, l'on est
bien face à l'un de ces drames poignants, déchirants, et qui dans
le cas présent est capable d'un regain de dynamisme et d'émotions
perpétuels jusque dans ses derniers instants. Mais Lolly
Madonna XXX,
c'est d'abord et avant tout un casting de premier choix. Car parmi la
petite quinzaine de personnages qui orbitent autour de la jeune et
magnifique Season Hubley, l'on a droit à de sacrées pointures du
septième art. À commencer par l'acteur Rod Steiger qui ici
interprète le patriarche de la famille Feather. Un homme rendu fou
de douleur (l'on découvrira d'ailleurs plus tard les raisons de
cette folie), ''empoisonnant''
et perturbant ainsi la vie de ses fils parmi lesquels l'on retrouve
les excellents Jeff Bridges, Scott Wilson (qui bien des décennies
plus tard deviendra le méconnaissable Hershel Greene de la série
The Walking Dead)
ou encore Ed Lauter. Participant à l'incarnation de la famille
Gutshell, nous retrouvons notamment l'ancien ouvrier agricole (ça
tombe bien) Robert Ryan, lequel tournera dans un certain nombre de
longs-métrages dont plusieurs westerns ainsi que Gary Busey dont le
meilleur de la carrière se situe dans le courant des années
soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt dix même s'il n'a pas
fini de tourner devant la caméra, sur petit et grand écrans...
D'une cruauté parfois insoutenable (la mort des chevaux), émouvant
(la relation entre Ronnie et Zack) et même parfois tragique (la
relation entre Laban et certains de ses fils et plusieurs flash-back
évoquant la mort de l'ancienne épouse de Zack), Lolly
Madonna XXX
est un pur moment de cinéma. Magnifiquement interprété et mis en
scène avec une très grande sensibilité par un Richard C. Sarafian
alors au sommet de son art...
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