2023. Alors que le
réalisateur Takashi Miike a déjà signé cette année là huit
épisodes de la série Keibuho daimajin et
huit autres pour Onimusha
en partenariat avec Shinya Sugai, l'un des chiens fous du cinéma
japonais revenait avec un seul long-métrage. Et lorsque l'on connaît
la productivité du bonhomme, la chose peut paraître étonnante.
Autre détail amusant, la sortie chez nous de Lumberjack
the Monster
directement sur la plate-forme de streaming Netflix.
Fait assez rare pour être souligné, le film est considéré par
certains comme un retour au cinéma extrême pour Takashi Miike mais
si l'on regarde vraiment le contenu de ce thriller composé de
quelques éléments de science-fiction, le cinéaste donne
l'impression d'avoir cette fois-ci choisi de rouler sur une route de
campagne tranquille plutôt que sur une autoroute bondées de
véhicules filant à toute allure... Car si dans le fond, avec ses
psychopathes dotés d'un implant dans le cerveau assassinés les uns
après les autres par un mystérieux inconnu Lumberjack
the Monster
promet un spectacle comme seul ou presque le réalisateur japonais
est capable d'en produire, au final l'on se retrouve devant une œuvre
sinon plate, du moins beaucoup plus raisonnable que d'habitude.
Quelques meurtres lors desquels des geysers de sang typiques du
cinéma asiatique jaillissent, certes, mais ne font pas forcément un
bon film. C'est d'autant plus dommage que le fond, toujours lui,
illustre la volonté de mettre en scène des personnages plus
profonds qu'ils n'y paraissent habituellement dans ce genre de faux
délire gore. Comparé à l'outrancier Ichi the
Killer,
Lumberjack the Monster
fait pâle figure mais intègre bien le concept de la chasse au tueur
en série tout en accordant à une partie des personnages une
psychologie très particulière liée à un passé traumatique. Car
dans ce tout dernier long-métrage de Takashi Miike (qui depuis a
signé en 2024 le court Midnight),
l'acteur Kazuya Kamenashi incarne l'arriviste avocat Akira Ninomiya.
Tellement
ambitieux d'ailleurs qu'il n'a pas hésité a jeter celui qui aurait
dû être son futur beau-père du haut du toit de sa société afin
de prendre sa place. Face à lui, la détective Ranko Toshiro (Nanao)
enquête sur une série de meurtres perpétrés par un individu qui
s'en prend exclusivement à d'anciens orphelins auxquels furent
implantés il y a des décennies en arrière, des puces modifiant le
comportement. C'est donc sur cette base reposant sur le roman
Kaibutsu no Kikori
de l'écrivain Mayusuke Kurai que Takashi Miike et son scénariste
Hiroyoshi Koiwai développent une intrigue au départ relativement
complexe de part la multiplication des personnages. Avec son gore
festif, Lumberjack the Monster
ne risque pas de choquer grand monde. Ce qui par compte peut s'avérer
relativement étonnant est cette petite part accordée à l'émotion
par son auteur car il faut bien l'avouer, au delà de son strict
statut de thriller, le film s'inscrit également dans un cadre
dramatique assez poignant. Takashi Miike semble donc s'être assagit
avec ce tout nouveau long-métrage qui a d'abord parcouru les
festivals du monde entier avant d'échouer sur Netflix.
Un signe qui pour certains demeurera sans doute de mauvais aloi,
laissant les autres sans doute indifférents aux quolibets, bien trop
fans de l'artiste pour se laisser influencer par l'idée que ce seul
support est un indicateur raisonnable quant à l'intérêt d'une
œuvre qui y est rattachée. Foutaises. Car si Lumberjack
the Monster paraît
parfois plutôt pépère (surtout après que le hongkongais Soi
Cheang ait définitivement assis sa suprématie en Asie dans le
domaine du thriller avec son extraordinaire et insurpassable Limbo
en 2021), ses deux heures passent à vive allure, Takashi Miike
parvenant à rendre ses personnages attachants même si ceux-ci
cultivent en général une attitude relativement mauvaise. Bref, pas
le meilleur du réalisateur japonais mais pas le pire non plus, loin
de là...
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