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dimanche 22 octobre 2023

Le règne animal de Thomas Cailley (2023) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Il est rare qu'au sortir de la projection d'une œuvre de science-fiction, d'épouvante ou de fantastique française l'on ressorte de la salle les deux extrémités de la banane pointées vers le ciel. Au mieux l'on affiche un sourire poli pour ne pas contrarier les quelques spectateurs qui une fois dehors vantent les qualités qui nous sont demeurées invisibles. Au pire, c'est le visage grimaçant, contrit, voire décomposé d'avoir mis de l'argent pour découvrir un film qui n'en méritait pas tant que l'on placarde devant ceux qui viennent d'entrer dans la salle pour la projection suivante. Les visiteurs de Jean-Marie Poiré demeure finalement peut-être le meilleur d'entre tous. Une comédie fantastique que l'on peut revoir en boucle sans que jamais elle ne nous lasse. J'avoue n'avoir jamais entendu parler du scénariste et réalisateur français Thomas Cailley. Sans doute parce qu'avant Le règne animal celui-ci n'a mis en scène qu'un clip vidéo, un court-métrage et les épisodes de la série télévisée Ad Vitam ou que son premier long-métrage intitulé Les combattants ne m'avait pas encore donné envie de le découvrir jusqu'à aujourd'hui. S'il est toujours bon d'apprendre de ses erreurs et de réparer ses manquements, c'est désormais chose faite avec Le règne animal qui contrairement à la série documentaire éponyme mise à disposition des abonnés Netflix est bien une œuvre de fiction. Entre dystopie, film fantastique, science-fiction et drame, le dernier long-métrage de Thomas Cailley est sans conteste l'un des plus grands moments de bravoure que nous ait proposé le cinéma français depuis belle lurette.


Le réalisateur français s'attaque à un sujet dont les maîtres-étalons sont rarement originaire de l'hexagone. Certains pourront voir dans ce dramatique récit tournant autour de la mutation de l'homme vers l'animal une régression tandis que d'autres envisageront sans doute ce processus aux origines inconnues comme un retour vers la nature. Un point de vue qui dès lors peut être strictement envisagé comme une approche environnementale d'ordre utopiste ! D'emblée, Thomas Cailley ne fait aucun mystère de l'étrange phénomène dont les stigmates seront visibles tout au long des cent-trente minutes que dure le long-métrage. L'on peut ainsi observer en même temps que François et son fils Emile, une créature hybride, mélange d'homme et d'oiseau prenant la fuite en pleine capitale. L'attitude du père et du fils semble atone, mais l'on comprendra très vite pourquoi quelques instants plus tard. En effet, ça n'est pas un secret que de révéler que l'épouse du premier et donc la mère du second est elle-même atteinte par ce mal étrange qu'aucun être parfaitement sain d'esprit ne pourra considérer comme une étape normale dans l'évolution de l'homme. Traitée dans un institut spécialisé, celle-ci doit bientôt être transférée dans le sud. François et Émile vont donc déménager eux aussi pour venir s'installer dans un camping de vacances. Nous pourrions développer le résumé de l'intrigue jusqu'à l'un de ses points culminants lors duquel l'on découvre qu’Émile est lui-même atteint par la maladie mais point trop n'en faut. Au départ, je l'avoue, j'ai ri. Devant cette créature hybride mi-humaine, mi-oiseau qui m'apparaissait alors un brin ridicule. Comme plus tard, cette femme-poulpe qui allait fuir entre les rayons d'un supermarché. Vision sans doute trop abrupte et instantanée (l'homme-oiseau) ou saugrenue (la femme-poulpe), la lente transformation d'Emile arrivera pourtant à point nommé pour renverser la vapeur de ce qui pouvait apparaître grotesque et qui désormais fait figure d'événement dramatique.


Il y a de commun entre ce que peuvent observer Emile et le spectateur, ce rejet qui peu à peu se mue en accoutumance avant d'être finalement accepté dans sa globalité. Écrit par le réalisateur lui-même ainsi que par la scénariste Pauline Munier, Le règne animal repose en partie sur des critères en matière de fantastique balisés depuis bien des décennies. L’œuvre semble être parfois effectivement inspirée par les mutants de la franchise X-Men dont les créatures partagent avec celles du Règne animal le rejet d'une grande partie de la société ou la ségrégation dont elles sont les victimes. Conscient ou non d'avoir ainsi transposé le mythe de la créature fantastique invariablement chassée par l'homme (de Frankenstein en passant par E.T, tout ce qui nous dépasse est irrémédiablement traqué et anéanti), Le règne animal peut également s'envisager comme une version largement plus élaborée du mythe du loup-garou. Œuvre fantastiques dotée de remarquables effets-spéciaux de maquillage et de CGI, le film est surtout porté par l'incroyable performance de Paul Kircher qui bien qu'étant ''accolé'' à un interprète dont la renommée n'est plus à faire en la personne de Romain Duris, incarne un Emile absolument bouleversant. L'une des spécificités dont est pourvu Le règne animal et que l'on ne retrouve pas systématiquement chez nos lointains voisins des ''Amériques'' est cette propension à transformer un simple film fantastique en une œuvre authentiquement poignante. Le film de Thomas Cailley semble parfois partir dans tous les sens en abreuvant le spectateur de sous-intrigues et de personnages secondaire, lesquels participent pourtant avec une étonnante mais parfaite cohésion à l'ensemble du récit. On en sort alors ébloui devant tant de beauté (les décors soigneusement choisis par Julia Lemaire et la remarquable photographie de David Cailley, frère du réalisateur) et de sentiments mêlés. Le règne animal, c'est du grand cinéma, tout simplement, porté par d'excellents interprètes auxquels l'on ajoutera Adèle Exarchopoulos dans le rôle de la gendarmette Julia, Tom Mercier dans celui de Fix, l'homme-oiseau ou encore la jeune Billie Blain dans celui de Nina...

 

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