Après une introduction
qui sent véritablement la viande avariée, deux choix s'imposent :
soit l'on persévère avec l'hypothétique espoir que les choses
rentreront dans l'ordre par la suite, soit l'on met un terme immédiat
à ce que l'on pressent être une véritable épreuve pour les
nerfs..... On ne dira jamais assez combien Nicolas Cage a durant sa
carrière, joué au yo-yo, entre chefs-d’œuvre inestimables
(Leaving Las Vegas
de Mike Figgis et sa flopée de récompenses) et nanars (plus ou
moins) assumés (la liste serait trop longue). Concernant Willy's
Wonderland,
il n'y a pas discussion. Le film s'inscrit malheureusement dans cette
seconde catégorie. Pourtant, lorsque le héros sans nom qu'il
incarne à l'écran débarque à bord de sa Chevrolet Camaro noire,
l'acteur arbore une barbe noire, des lunettes noires, un blouson de
cuir noir et des bottes elles aussi, noires. Un type dont
l'identification est d'emblée abandonnée au profit du mystère qui
l'entoure. Une énigme que ce personnage, buveur invétéré de Punch
Pop,
un soda qu'il ingurgite à des moments très précis du récit et qui
durant les quatre-vingt huit minutes que dure le film ne prononcera
pas un seul mot. Quelques soupirs marquant tout au plus l'apparente
satisfaction/addiction causée par cette nébuleuse boisson. Ces
silences sont un moyen moins singuliers qu'ils n'y paraissent de
faire l'économie de dialogues. Signe avant-coureur des problèmes
qui émaillent Willy's Wonderland dans
son ensemble. Le scénario ? Mais de quoi parlons-nous
exactement ? De cet individu dont le réalisateur Kevin Lewis et
son scénariste G.O. Parsons préfèrent ignorer les origines ?
De ces personnages secondaires au comportement adolescent dont la
caractérisation est passée à la trappe ? Ou bien de cette
histoire réduite au combat entre des poupées animatroniques
possédées par l'esprit de tueurs en séries et un homme qui pour
payer les réparations de sa voiture accepte de nettoyer une salle de
jeux pour enfant du nom de Willy's
Wonderland ?
Car c'est bien à ça que se réduit le long-métrage. Une œuvre
dont les scènes d'action sont entrecoupées de séances de flipper,
de lavages intensifs et même d'une scène de sexe dont les
protagonistes ne nous gratifieront même pas de leurs atouts
corporels !
Chez
nous, Willy's Wonderland
sortira en 2021, à quelques mois d'intervalle avec l'excellent
Prisoners of the Ghostland
de Sion Sono qui pourtant ne semble pas très apprécié du plus
grand nombre. Dans les deux cas, cette même volonté de proposer un
spectacle festif, coloré, voire déjanté. Entre le génie de l'un
et l'absence totale de réelle ambition de l'autre, à l'arrivée,
pas besoin de photo pour départager les deux films. Willy's
Wonderland tombe
au sol par KO après seulement un round. Lors duquel toutes les
cartes qui étaient mises entre les mains de la star du cinéma
d'action volent dans les airs pour s'éparpiller au sol. La faute à
qui ou à quoi ? Certainement pas à Nicolas Cage qui en bon
élève fait là où on lui demande de faire. D'ailleurs,
reconnaissons qu'avec son look de cow-boy sorti tout droit d'un
néo-western, l'acteur a vraiment de la gueule. Comme cette manière
de regarder avec insistance le dépanneur comme s'il avait la
perverse intention de le mordre au cou... Ouais, ça le fait !
Pourtant, lorsque le bonhomme ôte son blouson pour enfiler un
tee-shirt à l’effigie du Willy's
Wonderland,
ce passage coïncide très exactement avec le moment où tout
déraille. On se remémore alors cette piteuse séquence
d'introduction en craignant que dans sa grande majorité, le film y
ressemblera. Et c'est malheureusement le cas. Après, qu'il n'y ait
pas de scénario, quelle importance ? Nombreux sont les films
qui passent crème sans qu'aucune profondeur ne soit apportée aux
personnages ou au récit dans lequel ils évoluent. Le spectateur se
rattrape alors sur l'action, uniquement sur l'action... Le problème
de Willy's Wonderland se
situe lors de ces passages à vide qui entrecoupent cette dernière.
PIRE ! Les combats sont d'une laideur et d'une telle absence de
lisibilité que l'on a bien du mal à saisir ce qui se déroule à
l'écran. Nous ne remercierons donc pas le monteur Taylor Levy,
lequel semble avoir été atteint de graves troubles neurologiques
une fois assis devant sa table de montage. Film qui aurait pu être
tout simplement jouissif comme peuvent l'être certains s'inscrivant
dans la même catégorie, Willy's Wonderland
déçoit.
Résultat : tout y est dramatiquement vain !
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