Le phénomène des tueurs
en série est un sujet qui a toujours passionné les foules ainsi que
les différents arts dont le septième qui lui a consacré des
centaines d’œuvres cinématographiques. La manière d'aborder le
sujet dépend du scénario et de l'approche du réalisateur. Elle
peut être tout à fait fantaisiste et ne reposer sur aucun fait
divers concret ou au contraire revêtir un sérieux tout religieux en
évoquant un événement aillant réellement eu lieu. Jack
L'éventreur fut officiellement reconnu coupable de cinq meurtres.
Il s'agit sans doute du plus célèbre d'entre tous et celui
auquel l'on consacra probablement le plus de films, téléfilms,
ouvrages littéraires ou documentaires et reportages. Lorsque l'on
évoque les tueurs en série, on pense tout d'abord aux États-Unis
qui semblent être le berceau du plus grand nombre d'assassins sans
pitié. Ou à la France qui depuis des décennies et notamment
l'émission Faites entrer
l'accusé
a démontré à plusieurs reprises que dans l'hexagone, nous n'avions
pratiquement rien à envier à ceux d'origine outre-atlantique. En
réalité, les tueurs en séries sont partout sur notre planète.
Chaque continent à connu son lot de drames et l'Asie elle aussi.
Histoire de la Violence de l'Underground japonais
2 : le Violeur
(Zoku Nihon bôkô ankokushi: Bôgyakuma)
de Kôji Wakamatsu ne fait pas exception à la règle puisque ce film
de 1967 réalisé pratiquement à la suite du premier volet intitulé
Le sang de l'homme étrange s'inspire
d'un cas authentique qui s'est déroulé au Japon durant deux
décennies dans la préfecture de Tochigi entre 1932 et 1946.
Reconnu coupable d'au moins huit meurtres, Yoshio Kodaira fut arrêté
le 20 août 1946, condamné à mort le 16 novembre 1948 à la suite
de son procès et fut exécuté presque un an plus tard, le 5 octobre
1949 à la prison de Miyagi à Sendai...
Contrairement
au premier volet de la trilogie qui se penchait sur l'hérédité
meurtrière qui touchait un violeur et sa descendance à travers
l'époque de L'Empire du Japon, Le violeur
s'intéresse uniquement au cas d'un seul individu qui d'emblée se
retrouve en position d'accusé. Demeure alors la question que tout le
monde se pose : a-t-il agit seul ou un complice a-t-il participé
aux onze meurtres dont il est désormais accusé ? Le
cheminement du réalisateur japonais Kôji Wakamatsu diffère de la
plupart des cinéastes qui imaginent en général leur fiction sous
la forme d'une enquête policière où les véritables héros
demeurent des inspecteurs de police. C'est du moins ainsi qu'est
généralement envisagé ce genre d'affaire au cinéma. Il arrive
cependant que des cinéastes choisissent de s'intéresser en priorité
au tueur lui-même en lui réservant la plupart des scènes si ce
n'est dans leur totalité. Ici comme chez William Lustig (Maniac)
ou Gerald Kargl (Schizophrenia),
Kôji Wakamatsu suit les méfaits de son tueur et violeur en série.
Sans accorder le moindre intérêt à l'enquête policière qui de
toute manière a déjà eu lieu (je rappelle qu'au commencement, le
tueur est déjà derrière les barreaux). Loin d'avoir simplement
envie de décrire les actes monstrueux de son assassin et violeur en
série, le réalisateur évoque un être torturé, habité par des
pulsions homicides depuis qu'il se rendit coupable de la mort de
celle qu'il aimait. Il projette ainsi sur ses futures victimes
l'image de sa fiancée qu'il étrangla après l'avoir violée. Une
image qui depuis le hante et un crime qu'il reproduira à diverses
reprises. Tout comme ce fut le cas supposé de Yoshio Kodaira, le
tueur du long-métrage est nécrophile. Vivant dans une grotte
aménagée, il y installe les cadavres des jeunes femmes qu'il a
assassiné, s'entretient avec elles et entreprend sur elles des actes
d'ordre sexuels.
D'une
certaine manière, Le violeur
est à rapprocher de l’œuvre de William Lustig qui lui, tuait
celles qu'il confondait avec sa propre mère. Installant chez lui des
mannequins d'exposition ornés des scalps de ses victimes ! Dès
lors, le film mêle le quotidien du personnage central, dénué de
but autre que de trouver de nouvelles victimes à des séquences
anodines et des actes de perversion qui plus que de vouloir choquer
les spectateurs définissent assez bien les tourments dont est la
proie le violeur et assassin. Une grotte renfermant des cadavres de
femmes nues sur lesquelles le tueur pratique à loisirs des actes
contre-nature. Accompagné par la bouleversante partition musicale du
compositeur japonais Koji Takamura, lequel remplace à cette occasion
Satoru Koba qui fut en charge de mettre en musique Le
sang de l'homme étrange,
ce second volet de la trilogie de Kôji Wakamatsu qui sera complétée
trois ans plus tard par Histoire de la violence
de l'undergound japonais 3: la bête haineuse (Nihon
bôkô ankokushi: Onjû)
dérange, certes, mais s'avère surtout poignante face à cet
individu aux abois, schizophrène, et finalement plutôt sobre vu le
contexte et des scènes de nécrophilie qui heureusement ne se
complaisent jamais dans le sordide bien qu'elles peuvent parfois
créer un réel sentiment de malaise. Étonnamment, le tueur s'avère
touchant même si ses actes sont évidemment répréhensibles. Kôji
Wakamatsu signe avec Le violeur,
le saisissant portrait d'un tueur et violeur en série hanté par la
mort de celle qu'il aima et tua jadis. Au final, le film de Kôji
Wakamatsu peut être vu comme une curieuse histoire d'amour...
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