Sur le principe ultra usé
du film d'infectés, le cinéaste irlandais David Freyne nous propose
en 2018 avec The Cured,
une alternative intéressante. Du moins sur le papier,
car à l'écran, même le plus virulent défenseur du zombie qui
traîne la patte regretterait presque l'option choisie par le
réalisateur qui, ici, intellectualise le propos et nous offre une
œuvre d'un ennui abyssal. Ou comment rater le coche et provoquer
chez le spectateur une envie de dormir irrépressible. Un véritable
somnifère qui, en réalité, n'est pas tout neuf puisque la série
télévisée britannique In the Flesh
de Dominic Mitchell évoquait déjà le retour de morts à la vie
avec tout ce que cela pouvait comprendre comme conséquences, et
cela, cinq ans plus tôt. David Freyne aborde donc à sa manière la
même thématique, l'ennui en sus...
Autre
long-métrage éminemment ennuyeux. Celui-ci est français. Son
auteur également. Titre évocateur laissant présager pour certains
du meilleur, comme pour d'autres, le pire, c'est malheureusement dans
cette seconde catégorie que nous rangerons ce premier long-métrage
d'un auteur qui aurait mieux fait de rester couché le jour où lui
vint en tête l'idée de reprendre, une fois encore, le thème de
l'infecté. Seul intérêt, son titre : La
Nuit a Dévoré le Monde
est à lui seul, tout un programme. Une promesse. Tenue diront les
intellectuels qui se sont sans aucun doute pâmés d'admiration
devant le chiantissime A Ghost Story
de David Lowery, et outrepassant la poésie qu'il dégage sentiront
objectivement ceux qui se sont ennuyés devant un produit final d'une
insupportable prétention. Ou comment suivre le quotidien ennuyeux
d'un jeune français qui au lendemain d'une fête (Wouah, le début
de scénario hyper original) doit s'organiser face à une capitale
(Paris) infestées de morts-vivants... Oups ! Je voulais dire,
infectés !!!
On
remonte de presque dix ans. C'est en 2009 que les frères Alex et
David Pastor réalisent ensemble leur premier long-métrage. Et à ce
titre, ils réussissent là où échouent la plupart des cinéastes.
Ils évitent ainsi tout le ridicule qui entoure le mythe de
l'infecté, ce pseudo-zombie qui cavale avec toujours plus de vigueur
que n'importe quel individu dit 'sain'.
Mieux, ils offrent parmi les meilleurs caractérisations de
personnages du genre. En effet, Infectés,
sous ses allures de post-apocalyptique horrifique, propose une étude
approfondie de la psychologie de ses personnages. Face au danger d'un
virus mortel qui s'attrape de bien des manières, quatre jeunes gens
font route vers un motel abandonné afin de s'y réfugier jusqu'à ce
que la contagion prenne fin. C'est l'occasion pour les deux espagnols
de dresser les portraits de ces quatre tout jeunes adultes, du plus
sanguin d'entre eux, jusqu'à son frère, l'intellectuel du groupe,
en passant par les deux femmes qui les accompagnent. Infectés
parvient
à toucher la corde sensible de l'émotion lors de scènes où les
personnages sont contraints de choisir entre les liens qui les
unissent et leur propre survie. En cela, le film des frères Pastor
est une grande réussite. Ici, les infectés se partagent la portion
congrue. On ne les verra effectivement que sporadiquement, l'intrigue
ne tournant presque exclusivement qu'autour de quatuor et des
rencontres fortuites qu'ils feront en chemin...
On
termine avec un second détour par la France. Le
Périple est
un long-métrage qui lorgne volontairement ou pas du côté de
l’œuvre du cinéaste Jean Rollin. Un tout petit film dont le
principal atout est de proposer des zombies et non plus des infectés
devenus trop nombreux au cinéma. Œuvre indépendante signée par
Vincent Orst dont c'est là le premier film, Le
Périple réunit
un curieux casting constitué d'interprètes de seconds rôles au
milieu duquel trône l'acteur et humoriste Eric Collado. Les
amateurs de séries B fauchées et de Jean Rollin vont être aux
anges tandis que les fans de The
Walking Dead
risquent de rester sur leur faim. Le récit tourne autour d'un groupe
de survivants d'une ville du sud de la France tentant de trouver
refuge au somment d'une montagne. Entre tensions et menaces physique,
Le Périple a
bien du mal à décoller. Le synopsis ne repose sur rien de
réellement passionnant et l'interprétation est souvent médiocre.
En bref, on n'y croit pas vraiment et et la peur est suffisamment
frileuse pour ne pas oser pointer le bout du nez. Quelques tout
petits effets-spéciaux de maquillages font regretter que le film
verse si peu dans le gore, et quant aux zombies, leurs maquillages
font pâle figure avec les standards du genre. Même quarante ans
auparavant, ceux de George Romero étaient bien plus impressionnants.
Reste que Le Périple,
du haut de son statut d'oeuvre indépendante, se doit d'être
respectée pour ce qu'elle est : un hommage plus ou moins réussi
fait à l'un des plus grands mythes du bestiaire fantastique...
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