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mercredi 15 juin 2022

Petite fleur de Santiago Mitre (2022) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

La présence de l'actrice française Vimala Pons est en général la promesse d'un cinéma inattendu, original et souvent drôle. N'a-t-elle d'ailleurs pas débuté sa carrière sur grand écran auprès d'Albert Dupontel dans Enfermés dehors ? Ne l'a-t-on pas découverte dans Comme un avion de Bruno Podalydès une dizaine d'années plus tard ? N'a-t-elle pas joué pour Antonin Peretjatko (La loi de la jungle), Bertrand Mandico (Les Garçons sauvages) ou Douglas Attal (Comment je suis devenu super-héros) ? Quant en plus lui sont adjoints les services de Melvil Poupaud qui récemment a brillé dans les deux saisons de la série farfelue et ''biopesque'' OVNI(s) , on se dit que l'émulsion, à laquelle ont été ajoutés Daniel Hendler et Sergi López, ne peut donner que de bons résultats. D'emblée, le réalisateur argentin Santiago Mitre imprime à son quatrième long-métrage Petite fleur, un ton très particulier. Les spectateurs auront rarement eu le droit à un duel (en cuisine) aussi intense que celui du Bon, la brute et le truand de Sergio Leone (les carottes). Vimala, le ventre rond. Vimala sur le trône, chiant la clope au bec. Mais aussi, Vimala qui en a marre de parler l'argentin alors que son personnage et celui qu'interprète Daniel Hendler sont désormais installés en France. Entre deux hurlements de leur bébé, Lucie et José essaient de baiser, histoire de tordre le cou à la routine. Mais rien ou presque ne va plus. Elle, travaille. Lui, garde leur enfant, le nourrit, lui torche le cul et le couche. Si les habitudes de ce dessinateur professionnel sont bousculées, José à l'air de prendre les choses avec positivité. Tiens, d'ailleurs, aujourd'hui, il ira planter un arbre dans le jardin. Mais avant cela, il ira demander au voisin Jean-Claude ( Melvil Poupaud) de lui prêter une pelle. Un drôle de type que celui-ci. Qui travaille pour une société qui audite des entreprises, leur proposant des ''stratégies pour améliorer leurs bénéfices...'' ! En fan de jazz, Jean-Claude possède mille cinq-cent trente-trois albums ! En grand passionné, il partage son amour de la musique avec José qui lui, ne pense qu'à une chose. Retourner chez lui pour finir ce qu'il a commencé (vous vous souvenez ? Il devait planter un arbre dans son jardin). Tout le monde connaît le coup du type qui vous tend un objet et le retire juste avant qu'on ne l'ait attrapé. Ben Jean-Claude, qui dans le genre beauf se rapprocherait presque de son homonyme de la série Caméra café, semble tant aimer ce petit jeu qu'il le répète, encore et encore... Et c'est alors le drame...


Voici comment démarrent les aventures de ce drôle de couple franco-argentin formé par la française Vimala Pons et l'uruguayen Daniel Hendler. Le réalisateur argentin Santiago Mitre quitte le petit confort de son pays ainsi que le drame et le thriller qui jusque là étaient majoritairement ses fonds de commerce pour se lancer dans une aventure franco-argento-hispano-belge étonnante et qui au fond, n'est peut-être pas si éloignée de son approche passée du cinéma. Car derrière la comédie noire et absurde se cache aussi le mal-être d'un être déraciné, auquel on avait promis un bel avenir une fois installé à Clermont-Ferrand en compagnie de son épouse mais qui va se retrouver à s'occuper lui-même du bébé que Lucie a mis au monde tandis que celle-ci aura la charge de rapporter l'argent à la maison ! Inenvisageable pour certains, cette situation n'est finalement pas pour déplaire à José. Avant même que l'on ait appris à connaître les différents personnages, un lien invisible nous rattache à eux, aussi absurdes que se révèlent certaines situations... Et puis débarque dans le rôle du psychiatre/gourou, le savoureux Sergi López, terminant de former un carré d'acteur que l'on ne verra jamais vraiment réunis dans un même plan. Petite fleur est un petit bijou. Un travail d'orfèvre orchestré de main de maître par le réalisateur argentin, lequel a conçu le scénario en compagnie de Mariano Llinás sur la base d'un roman écrit par Iosi Havilio...


Le film est un véritable vent d'air frais. Un dépaysement qui fait énormément de bien dans un cinéma humoristique français qui a majoritairement l'habitude de cloner ce qui se fait de pire en matière de comédies. Surnagent parfois quelques tentatives qui laissent de bons souvenirs comme de jolies fleurs sur un immense tas de merde. La fleur, ici, n'est pas l’œuvre de l'un de nos compatriotes mais d'un cinéaste étranger venu nous offrir un très bel objet, drôle, noir, touchant, excentrique et même parfois perturbant. On ne sait jamais vraiment ce qui traverse l'esprit de José. Comme l'on ne devine pas toujours par avance ce qui nous attend derrière un mot, ou un geste de l'un ou l'autre des protagonistes. Avec finesse et intelligence, Santiago Mitre maîtrise le sujet de fond, qui n'est autre que l'histoire d'un couple qui se délite et transforme le social en une anomalie du septième art pourtant parfaitement lisible. On rit beaucoup (ce qui devient de plus en plus rare au cinéma) et l'on reste stupéfait de voir combien la structure pourtant fragile du récit tient la route jusqu'à la dernière seconde. Le réalisateur argentin nous invite dans un monde parallèle au notre où tout semble avoir déjà été écrit par l'histoire des hommes et des femmes qui les accompagnent. Des individus qui dans le cas présent, sont tous bons, adorables et merveilleux mêmes dans leurs travers. Sauf qu'ici, l'absurde naît de ces mêmes personnages et des situations qu'ils partagent entre eux. Petite fleur se renouvelle sans cesse, sans jamais répéter la même action, changeant de ton tout en conservant ces mêmes fils conducteurs que sont l'extravagant et l'humour noir. Le long-métrage est un roman dont les personnages prennent vie. L'on y croisera une vieille star de la chanson française sur le retour (Hervé Vilard dans son propre rôle), un thérapeute entouré de ses patients/adeptes, un couple et leur bébé, ainsi qu'un amateur de jazz et de très bon vin. Que ceux qui aiment et apprécient Vimala Pons pour ses choix artistiques se rassurent : Petite fleur est dans la lignée des pépites qui accompagnent sa carrière depuis ses débuts...

 

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