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jeudi 16 juin 2022

Bad Luck de Thomas Woschitz (2015) - ★★★★★★★☆☆☆


 

 

Voila en général le genre de production qui ravît une soirée sans autre but que de passer un moment de détente sans avoir forcément à faire tourner le moteur à cellules grises à plein régime. Un film autrichien dont on devine d'emblée qu'il s'éloigne de la froideur d'un Michael Haneke bien qu'il semble toutefois proposer un contenu que pourrait lui jalouser le cinéma scandinave. Soit un humour noir situé dans un contexte social où les icônes des catalogues ne sont pas les bienvenues. Il n'y a qu'à regarder la tronche des interprètes et les handicaps réels dont certains sont affublés pour comprendre qu'ils ne seront jamais conviés à venir jouer sur le sol américain dans un quelconque blockbuster. Au mieux, dans l'un de ces nombreux films indépendants salués chaque année par le festival de Sundance... Bad Luck de Thomas Woschitz porte très bien son nom puisque l'antinomie qui lie ici ces deux mots est relativement représentative de son contenu. L'argent fait-il le bonheur ou le malheur de celui qui l'acquiert dans des conditions pas tout à fait légitimes ? Je sais, c'est très con comme réaction et sans doute pas très humain, mais lorsque l'on voit la dégaine, la gueule d'ours et la démarche claudicante de Christian Zankl ou le bec de lièvre de Thomas Oraze, on pense que la page consacrant leur biographie cinématographique doit être bien vide. C'est peut-être un peu misérable que de penser cela mais pourtant, c'est bien le cas puisque l'un comme l'autre, ces deux là ont débuté leur carrière en 2014, année de sortie du long-métrage, et n'ont malheureusement rien interprété d'autre depuis. Et pourtant, ces gueules cassées, ces corps endoloris, voilà bien le genre de spécimens de l'espèce humaine que l'on aimerait voir plus souvent. Plutôt que ces corps entièrement refaits et qui ressemblent davantage à des couvertures de magasines de mode qu'aux individus que l'on a l'habitude de croiser dans notre quotidien...


Aucun interprète qu'il soit de sexe féminin ou masculin ne s'est apprêté avant de se positionner devant la caméra. Thomas Woschitz filme avec passion une poignée de ploucs, de rednecks, d'âmes perdues, appelez-les comme vous voulez, prenant des distances avec toute forme de jugement. Un petit groupe d'individus va se croiser lors d'une journée décidément bien morne, et parmi lesquels, Limmo, qui vient d'être renvoyé de son boulot et Rizzo, le boiteux en question, épileptique et asocial. Le film situe son action dans le land le plus au sud de l'Autriche du nom de Carinthie ! L'affiche du film a vraiment la tronche de ces thrillers humoristico-désespérés qui fleurissent dans les pays Scandinaves et limitrophes au notre. Un cinéma moins frileux et pourtant glacial ou l'ironie le dispute au cynisme. Il m'aura fallut deux visions pour profiter à leur juste valeur des aventures de ces âmes en peine, la première ayant été entrecoupée de nombreuses phases de sommeil. C'est dire si le rythme et lent. Presque léthargique... Les individus de sexe masculin ne sont ici pas les personnages exclusifs de ce récit puisque l'actrice Valerie Pachner, qui elle s'est lancée dans une véritable carrière cinématographique et télévisuelle (on l'a notamment vue récemment dans Les animaux fantastiques: Les secrets de Dumbledore de David Yates), y interprète le personnage de Dagmar, jeune femme qui vient d'être expulsée de sa demeure pour non paiement du loyer. Ce sont donc trois personnages et tout autant de destins qui vont se croiser. Mais si la mise en scène est loin d'atteindre la virtuosité de celle du réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu pour Amour Chiennes en 2000, le film mise par contre sur ces trois personnages que sont Dagmar, Lippo et Rizzo et leurs interprètes respectifs...


Thomas Oraze dans la peau de Lippo est significativement le plus intéressant de tous. Rude, désagréable, éprouvant peu d'empathie pour son prochain, arborant lui-même une certaine forme de sociopathie, aussi repoussante que puisse être son attitude, il demeure au fond le plus attachant, errant sans véritable but, s'enfermant dans une colère sourde et ancrée en lui. Puis vient Dagmar qui pour se faire un peu de fric organise à la vas vite le braquage de la station-essence dans laquelle elle est employée. Ce qui nous vaut une longue, très longue séquence plutôt pittoresque ! Pince-sans-rire mais en réalité très amusant, Bad Luck finira logiquement par boucler la boucle avec les premiers personnages à avoir d'entrée de jeu planté le décor dont un Rizzo blafard, ventripotent et pris de malaises. Au final, le long-métrage de Thomas Woschitz est une excellente surprise qui nous sort un peu du confort commun à de trop nombreuses productions. Ici, ça n'est pas tant l'action qui domine puisqu'elle est quasiment absente du projet que les personnages et le burlesque des situations. Un film qui mérite largement d'être (re)découvert...

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