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dimanche 28 novembre 2021

Jabberwocky de Terry Gilliam (1977) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

En 1977, le réalisateur, scénariste et dessinateur Terry Gilliam s'affranchissait réellement pour la première fois de la troupe des Monty Python en réalisant son premier vrai film en solo. Après s'être fait la main sur deux courts (Storytime en 1968 et Miracle of Flight en 1975) et sur le plus célèbre des longs-métrages de la troupe Monty Python:Sacré Graal co-réalisé avec son acolyte Terry Jones, Terry Gilliam lance lui-même le projet Jabberwocky qui verra donc le jour deux ans plus tard. D'abord opportunément intitulé Monty Python's Jabberwocky par les producteurs, ce n'est qu'après un procès qu'ils perdront que le titre connaîtra finalement sa forme définitive. Une œuvre inspirée du poème éponyme provenant à l'origine du roman de Lewis Carroll De l'autre côté du miroir que Terry Gilliam rêve de mettre en scène. Lorsque l'on parle de s'affranchir ici de la troupe des Monty Python, ça n'est qu'en partie vrai puisque le réalisateur (qui y fait une apparition) convie son ami Michael Palin à tenir le rôle principal de Dennis Cooper et Terry Jones d'y faire une apparition dans le rôle d'un braconnier. De plus, Jabberwocky s'inscrit dans une veine similaire à celle du premier long-métrage cinématographique des Monty Python à être sorti sur les écrans de cinéma deux ans auparavant. Le récit situe son action au moyen-âge, dans un royaume dirigé par le roi Bruno le Douteux. S'ouvrant sur les premiers vers du poème de Lewis Carroll (ainsi traduits à l'écran :''Il brilgue, les tôves lubricilleux. Se gyrent en vrillant dans le guave. Enmîmés sont les gougebosqueux. Et le mômerade horsgrave''), c'est là-bas que le héros Dennis Cooper choisit de refaire sa vie à la mort de son père (interprété par l'acteur Paul Curran) tout en promettant de revenir bientôt épouser la fellinienne Griselda Fishfinger (Annette Badland) qui pourtant, l'ignore scrupuleusement !


Fainéant et bon à rien, Dennis parvient à se faufiler au cœur d'une cité fangeuse dans laquelle les gueux meurent de faim tandis que les nantis cherchent à trouver un moyen d'arrêter l'ambition projet de leur roi qui espère que son plus valeureux chevalier parviendra à tuer l'immonde créature qui terrifie son peuple : le Jabberwocky en question. Créature énorme que l'on ne verra qu'en tout dernier instant, dévoreuse d'hommes dont elle ne laisse derrière elle que des carcasses sanguinolentes et fumantes et n'épargne que les visages. Tout l'humour des Monty Python persiste ici et Monty Python:Sacré Graal semble y faire parfois figure de modèle inaliénable au point que l'on s'attend à y voir débarquer Lancelot, le roi Arthur, Robin, Patsy, Galahad ou encore Bevedere. Terry Gilliam évoque l'un de ces contes fantastiques moyenâgeux qui comblèrent les pages blanches de nombreux ouvrages littéraires tout en y injectant une forte dose d'absurde et une noirceur qu'il continuera d'étaler couche après couche durant une bonne partie de sa carrière (Brazil, L'armée des douze singes). Derrière le comique de situation se cache un message. Une critique anticapitaliste qui transpire à travers l'un des principaux thème du long-métrage. Ce problème qui interroge l'état et qui terrifie autant ses administrés que les pauvres miséreux du royaume, affamés et surtout terrifiés par la présence d'une créature qui dévore quiconque ose braver les dangers en foulant le terrain de la forêt qui jouxte l'enceinte de la cité...


Terry Gilliam brise les conventions en octroyant au roi et à sa fille unique qui espère un jour voir débarquer le prince charmant, des caractères spécifiques au long-métrage. Lui est un vieillard à moitié sénile. Elle, enfermée dans sa tour ''dorée'', est victime de son isolement et s'avère d'une naïveté et d'une ignorance crasses. Comme a pu l'évoquer le réalisateur qui ici se charge également des superbes séquences animées, le film bénéficie d'un budget riquiqui égal à la somme de cinq-cent mille dollars (le film est alors produit par les sociétés Python Films et Umbrella Entertainment Productions). Ce qui à l'écran se voit mais participe de l'aspect délicieusement bricolé du projet. Aussi crade dans tous ses recoins que puisse être le film, celui-ci baigne dans une certaine bonne humeur tandis que Terry Gilliam, également auteur du scénario en compagnie du romancier Charles Alverson, profite de l'occasion pour égratigner certaines valeurs capitalistes qui dans le cas présent s'expriment à travers le choix des nantis de faire perdurer l'inquiétante situation présente aux alentours du royaume afin de continuer à récolter de l'argent (ceux-ci craignent en effet qu'une fois libérés du Jabberwocky, les villageois ne quittent le royaume pour un avenir meilleur!). Pour son premier long-métrage, Terry Gilliam signe avec Jabberwocky une excellente comédie, ponctuée de séquences cultes (le concours de joute équestre, l'effet-domino se déroulant dans la fabrique, le héraut rencontrant des difficultés à faire une annonce devant le peuple ou encore le combat final contre le Jabberwocky) et s'inscrivant dans des décors s’avérant incroyables et évoquant une certaine idée des conditions de vie d'alors. Un premier long-métrage foisonnant, inventif, cruel, sale, drôle... Bref, culte !

 

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