Réfrigérateur, canapé,
voitures, préservatif, pneu, poupées, lit, tondeuses à gazon,
sapins, tampon hygiénique, bonhommes de neige et j'en passe et des
meilleurs. L'imagination ultra-fertile des scénaristes a mis les
spectateurs face à des tueurs plus étranges et incongrus les uns
que les autres. S'il a pu nous sembler parfois que certains d'entre
eux ont innové en la matière, il faut en réalité remonter dans le
temps pour trouver les véritables origines d'une méthode pour le
moins inattendue. La vidéo, celle employée dans l’œuvre culte du
japonais Hideo Nakata Ringu
n'est que l'un de ces ersatz qui font suite à toute une série
d'événements cinématographiques qui n'entretiennent de
concomitance que le support. Cultivant plus ou moins de rapports avec
trois franches réussites du septième art que sont Halloween
3: Season of the Witch de
Tommy Lee Wallace en 1982, Videodrome
de David Cronenberg en 1983 et They Live
de John Carpenter en 1988, Remote Control
ou Meurtre en VHS
traite de l'image à l'écran à travers cet ancien support que
regrettent ceux qui aimaient flâner dans les vidéoclubs à la
recherche de la perle rare. Dans le cas présent, celle-ci est
représentée par la vidéo d'un petit film fantastique tourné en
noir et blanc pour laquelle certains acheteurs sont prêts à se
battre et à s'entretuer pour l'acquérir. Une fois celui-ci acquis,
les spectateurs pourront observer un étrange phénomène :
celle ou celui qui regarde la vidéo se retrouve hypnotisé par le
regard intense de l'un des personnages du film, en l'occurrence une
femme, et se trouve directement intégré au cœur de son action
comme si une caméra de surveillance était directement branchée
dans la pièce où elle ou il se trouve. S'ensuit alors le meurtre de
celui ou celle qui se situe à proximité. Un phénomène qui va
prendre une ampleur terrible qui semble liée à la présence dans
divers vidéoclubs d'une machine pourvue d'une antenne qui agit sur
le cerveau des clients. L'hécatombe peut alors commencer...
Le
nom de Jeff Lieberman ne vous évoque rien ? C'est pourtant bien
celui de l'auteur de quelques bobines horrifiques cultes des années
soixante-dix et quatre-vingt connues sous les titres de La
nuit des vers géants,
Le rayon bleu
et Survivance
et qui se doivent d'être placée en bonne position dans toute
collection qui se respecte. Visuellement, on est avec Meurtre
en VHS,
relativement proche de l'esthétique abordée par le réalisateur
Robert Zemeckis dans Retour
vers le futur 2,
et notamment le bar ''Café 80’' dans lequel se déroulaient une
succession de séquences mettant en scène le jeune héros Marty
McFly. C'est coloré, ''vivant'' et plus proche de la comédie que du
véritable film d'horreur ou du thriller. Un choix esthétique qui
donne au long-métrage de Jeff Lieberman l'allure d'une comédie bon
enfant d'où l'on s'attend à voir surgir des rires en boite !
La chose ne vole pas très haut et comparée aux quelques exemples
cités plus haut, Meurtre
en VHS
fait pâle figure. Si au départ la fibre nostalgique pour ce format
quelque peu encombrant que pouvait représenter la VHS fait mouche,
force est de reconnaître que le film tourne très rapidement en
rond. De plus, son hésitation entre donner dans la comédie, la
science-fiction, le fantastique ou l'épouvante font que l'on se
retrouve devant un objet bâtard dont on ne sait jamais s'il faut en
rire ou au contraire s'en effrayer. Moins populaire que son frère
Matt, on comprend que la carrière de l'acteur Kevin Dillon n'ait pas
connue le même essor. Parcourant le métrage comme un pantin sachant
à peine jouer la fibre de l'émotion quelle qu'elle soit, l'acteur
est aussi crédible que le contenu du récit. On reconnaîtra
également à l'écran l'actrice Jennifer Tilly, sœur de Meg, et
dont l'une des plus appréciables apparitions demeure celle du
personnage de Violet dans l'excellent thriller Bound
des anciens frères Larry et Andy Wachowski devenus depuis les sœurs
Lana et Lilly !
Mais
Meurtre en VHS,
c'est également et surtout la présence à l'écran de la charmante
actrice Deborah Goodrich que cherche à séduire le personnage de
Cosmo qu'interprète Kevin Dillon. Avec sa musique typée années
quatre-vingt, ses costumes branchés, ses coiffures bigarrées et son
design typique d'une certaine époque, le long-métrage de Jeff
Lieberman aurait eu davantage de chance de devenir un film culte,
voire une référence pour tous ceux qui vécurent leur adolescence à
cette époque, si seulement le réalisateur n'était pas passé à
côté de son sujet. À force de s'appuyer sur un second degré qui
ne fonctionne jamais vraiment et en ne faisant que survoler
l'hypothèse selon laquelle tout ne serait le fruit que d'un
hypothétique asservissement de l'humanité par une race d'individus
venus de l'espace, Jeff Lieberman rate tout ce qu'il entreprend
malgré un début très prometteur. On rangera le film dans cette
même catégorie de comédies de science-fiction qui parfois,
heureusement, brillent davantage (Invaders
from Mars
de Tobe Hooper, sorti deux ans auparavant). Également auteur du
scénario, Jeff Lieberman semble incapable de renouveler l'intrigue
et produit le même effet qu'une envie d'aller faire pipi en plein
milieu d'une conférence dont il serait interdit de quitter son siège
avant la fin. Poussif et finissant par être interminable, Meurtre
en VHS
aura au moins su (in)volontairement ouvrir la voix à l'un des plus
grands films de terreur japonais jamais conçu dix ans plus tard...
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