Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


dimanche 1 août 2021

Eggshells de Tobe Hooper (1969) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

David Cronenberg et Fast Company en 1979. John Carpenter et Le roman d'Elvis la même année. George Romero et Knightriders en 1981. Ou Wes Craven et Music of the Heart dix-sept ans plus tard. Que les uns et les autres soient de fervents adorateurs de cinéma d'horreur, d'épouvante, de science-fiction ou de fantastique, il n'est pas rare comme dans ces quelques exemples que certaines de leurs œuvres échappent aux genres qui les ont célébré. Tobe Hooper ne faisant pas exception à la règle et bien que l'on puisse imaginer encore que son tout premier film est le cultissime Texas Chainsaw Massacre (Massacre à la tronçonneuse, 1974), le réalisateur a véritablement débuté sa carrière avec une poignée de courts-métrages et de documentaires à la toute fin des années cinquante et au milieu de la décennie suivante, son premier long format datant en fait de 1969. Pas un film d'horreur contrairement à la longue liste de pellicules horrifiques qui verront le jour les décennies suivantes mais plutôt un objet très étrange. Un OFNI comme il convient de le nommer. Et comme l'exact opposé du sentiment d'horreur que l'on éprouvera cinq ans plus tard devant l'un des pires cauchemars couchés sur bande magnétique. D'un côté, une illumination américaine (“an American Freak Illumination”) et de l'autre, un cauchemar américain (“An American Freak Nightmare”)...


En plein mouvement hippie, un courant qui naquit dans les années soixante aux États-Unis avant de se propager un peu partout sur notre planète pour ensuite péricliter entre la fin de cette même décennie et la suivante (pas de date précise sur le sujet), Tobe Hooper et son premier film sont donc en terrain connu. Bien que certains cinéastes aient abordé l'horreur dans le contexte du mouvement hippie (on pense notamment au curieux I Drink Your Blood que signa le scénariste et réalisateur américain David E. Durston ou le tout aussi étrange Last House on Dead End Street que réalisa son homologue Roger Watkins deux ans plus tard), on ne rangera pas forcément Eggshells dans la même catégorie de films. Signifiant ''Coquilles d’œufs'', le premier long-métrage de Tobe Hooper entre peut-être finalement dans le cadre de certains de ses projets futurs. Pourquoi ? Parce que dans cette demeure jumelle à celle de la célèbre famille Tronçonneuse parmi les membres de laquelle allait sévir un certain ''Tronche de cuir'' cinq ans plus tard, les hippies du récit ne vont pas y faire que boire de la bière, fumer de l'herbe, baiser et passer leur temps à parler pour ne rien dire mais aussi évoquer également la présence d'un supposé fantôme. Légende ? Fait avéré ? On est encore très loin du traumatisme enfantin qui allait s'abattre sur nous dix ans plus tard avec Amityville, la maison du diable de Stuart Rosenberg, mais il y a bien dans les combles de cette demeure que se partagent plusieurs amis dont un futur couple de mariés, une entité... diabolique (?).


Beaucoup de dialogues pour pas grand chose au final. Des acteurs amateurs qui ressentent rapidement les effets de l'herbe et des jeux érotiques plutôt timides qui se terminent soit hors caméra, soit filmés à la manière des ébats d'Orange Mécanique de Stanley Kubrick qui ne sortira que deux ans plus tard. On trouve déjà la patte de Tobe Hooper. Ce style docu-fiction que ce premier long-métrage partage avec son suivant. Ne manquent finalement plus que l'auto-stoppeur, le vieil homme, le grand-père ou Leatherface qui composent la famille de cinglés de Massacre à la Tronçonneuse pour que l'illusion soit parfaite. On retrouve dans les dialogues ce même débit qui ouvrait les hostilités du plus grand film d'horreur de tous les temps lorsque les compagnons de Sally et de son frère Franklin traversaient le trou du cul des États-Unis à bord d'un van. Eggshells n'aurait pu être qu'un tout petit film insignifiant si Tobe Hooper n'avait pas eu la bonne idée d'y apporter quelques délires visuels qui en général font leur petit effet. Stroboscopiques, psychédéliques, voire poétiques, certaines séquences font appel à l'imagination d'un cinéaste en devenir qui invente le concept du duel entre soi-même. Ou comment filmer avec les moyens du bord un combat à l'épée entre un homme et lui seul. Absolument génial pour l'époque, et toujours aussi brillant de nos jours. Montage travaillé et parfois épileptique, musique psychédélique omniprésente (voire, envahissante), une touche d'érotisme et quelques autres passages totalement décomplexés, le premier long-métrage de Tobe Hooper est tout aussi barré que fascinant... à noter la présence parmi les interprètes de l'acteur Allen Danziger qui ne fut autre que l'un des compagnons d'infortune de Sally et de son frangin dans Massacre... ainsi que celle de Kim Henkel dans la peau de l'un des personnages et qui sera le scénariste culte de Massacre... et du Crocodile de la mort, le troisième long-métrage de Tobe Hooper...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...