Vingt-six ans après sa
sortie sur les écrans de cinéma du monde entier, le thriller
crépusculaire de David Fincher Seven continue à faire
des émules. Et parmi eux, le Resurrection
de Russell Mulcahy en 1999 et en 2013, l'excellent Prisoners
de Denis Villeneuve. On pourrait en réalité citer des dizaines de
longs-métrages dont l'approche est aussi sombre et désespérée. Et
même trouver dans cette liste, des œuvre antérieures à celle
réalisée par David Fincher. À commencer par la plus grande d'entre
toutes. Le sublime et glaçant Manhunter
de Michael Mann en 1986 ou le non moins traumatisant Bad
Lieutenant
d'Abel Ferrara en 1992. Dernier exemple en date, The
Little Things
et son tire passe-partout est signé du réalisateur John Lee
Hancock, notamment auteur du biopic The Founder
consacré aux frères Richard et Maurice McDonald, les fondateurs de
la célèbre enseigne de fast food américaine mais s'appuyant
surtout sur celui qui leur rachetea pour une poignée de pain, Ray
Kroc. Avec The Little Things (sorti
chez nous directement en vidéo sous le titre Une
affaire de détails),
on ne peut pas dire que John Lee Hancock ait conservé le même ton
puisque son film plonge ses protagonistes dans une affaire criminelle
particulièrement sordide : une série de meurtres sur laquelle
enquête le jeune inspecteur de police de Los Angeles Jim Baxter.
Ambitieux, celui-ci semble vouloir mettre toutes les cartes de son
côté et se sert de l'expérience du shérif-adjoint Joe Deacon du
comté de Kern, lequel est très provisoirement dépêché à Los
Angeles...
Parfaitement
intègre, Jim Baxter va devoir composer avec un ''Deke'' aux méthodes
peu conventionnelles. Car l'important est de mettre une bonne fois
pour toute la main sur celui qui jusqu'à maintenant a fait quatre
victimes... Ici, pas de meurtres rituels basés sur les sept péchés
capitaux mais un tueur qui comme le John Doe de Seven
(interprété par le génial Kevin Spacey) joue avec les autorités.
Mais le mimétisme avec l’œuvre de David Fincher ne s'arrête pas
là. Car outre une ambiance mortifère accentuée par la partition
musicale du compositeur Thomas Newman (Beignets
de tomates vertes en
1991, Skyfall
2012, Spectre
en 2015, etc...) et les nombreuses séquences tournées de nuit, le
duo formé par Denzel Washington (que l'on ne présente plus) et Rami
Malek (qui incarna notamment le chanteur du groupe Queen
Freddie Mercury dans le long-métrage de Bryan Singer Bohemian
Rhapsody
en 2018, devenant par là-même, un acteur mondialement célèbre)
rappelle sensiblement celui que formèrent Morgan Freeman et Brad
Pitt dans Seven.
D'un côté, le jeune loup blanc, impulsif, un peu trop sûr de lui
et de l'autre le noir vieillissant et expérimenté. Tout comme Kevin
Spacey, l'acteur Jared Leto (oui, oui, le héros de Requiem
for a Dream,
ce ''tout petit film'' signé de Darren Aronofsky qui traumatisa des
légions de spectateurs et que l'on ferait bien de faire étudier aux
élèves dès leur entrée en classe de 6ème...) incarne un cas de
tueur typiquement américain.
Sans
être une étude approfondie basée sur la psychologie du serial
killer tel que les médias le décrivent en général, celui de
The Little Things
semble au moins être inspiré par l'un des plus célèbres d'entre
tous, même s'il n'a au fond, jamais directement été au contact
avec ses victimes : on parle ici bien évidemment de Charles
Manson face auquel Jared Leto n'a absolument pas à rougir de la
comparaison. Charismatique, nanti d'un look de redneck au regard
totalement fou, à la voix traînante et au cynisme
jusqu’au-boutiste, l'acteur marque véritablement le film de sa
présence. Un long-métrage qui d'ailleurs se décompose en deux
parties. Entre l'enquête difficile de deux flics que tout semble
opposer et une seconde phase qui intègre totalement le tueur
supposé. Tiens ! D'ailleurs tout comme dans Seven.
Encore une circonstance dénuée de toute volonté de la part de ses
auteurs ? Un sentiment d'incertitude dont les verrous sauteront
forcément lors des vingt dernières minutes tant The
Little Things
semble vouloir approcher sa conclusion de celle, hautement
saisissante, de Seven.
Au final, un bon film mais qui ne restera malheureusement pas dans
les mémoires pour les mêmes bonnes raisons que l’œuvre de David
Fincher car à se cacher dans l'ombre du géant, le film de John Lee
Hancock en deviendrait presque invisible...
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