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mercredi 4 août 2021

Caveat de Damian Mc Carthy (2020) - ★★★★★★★☆☆☆

 



 

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, on peut dire que l'irlandais Damian Mc Carthy a réussi un petit coup de maître avec Caveat dans le domaine de l'épouvante. Sans doute les moyens financiers furent-ils calculés au plus juste, le long-métrage n'en est pas pour autant dénué de tout intérêt. Bien au contraire puisque les amateurs de frissons tiendront là une belle surprise. Une aventure cauchemardesque qui permettra de reprendre une citation du philosophe allemand Arthur Schopenhauer que l'on pourra adapter à l'image de Caveat et qui dit très exactement ceci : ''La vie oscille, comme un pendule, de la souffrance à l’ennui. '' Entre ce que peuvent ressentir les personnage de ce très étrange long-métrage plus psychologique que graphique et le sentiment du spectateur plongé dans un univers terriblement anxiogène. Ceux qui connaissent les travaux antérieurs de Damian Mc Carthy seront sans doute surpris de retrouver dans Caveat des thématiques qu'il explora par le passé à travers ses courts-métrage. L'exploration d'une demeure décrépite par un jeune garçon à travers divers trous circulaires pratiqués dans les murs de How Olin Lost His Eye ainsi que Hungry Hickory et son adolescente assise sur son lit terrorisée par la porte de sa chambre. Deux courts-métrages très significatifs dont les thématiques couplées à de nouvelles ont donc donné naissance à Caveat. Lent, hypnotique et sensitif, le premier long-métrage de Damian Mc Carthy ne devrait logiquement pas laisser grand monde indifférent...


À moins d'être particulièrement insensible à l'absence de rythme ou d'y être même carrément allergique, Caveat a ce don d'emplir tous les espaces tout en faisant preuve d'une exemplaire économie de moyens dans ses effets. Mais si le film fonctionne, c'est sans doute d'abord parce que la rareté des dits effets n'empêche pas le réalisateur d'avoir tout entrepris pour que le potentiel horrifique de chacun d'eux soit exploité de manière optimale. Une poupée (au demeurant inquiétante) tenant entre ses mains des baguettes interagit avec la présence d'Isaac (l'acteur Jonathan French), un vagabond employé par Barret (Ben Caplan) afin de tenir compagnie à sa nièce Olga (Leila Sykes) qui vit seule dans une maison délabrée sur une île où il n'y a pas âme qui vive. Une toile de peinture récalcitrante montrant le sinistre visage d'une jeune fille fait invariablement face au lit d'Isaac même lorsque celui-ci tente de tourner le portrait vers le mur de sa chambre. Un trou dans l'un des murs de la cave cache derrière un cadavre dont la vision s'avère particulièrement glaçante. C'est toutes ces petites choses mises bout à bout qui font de Caveat une agréable surprise dont certains ne sauront sans doute pas avant longtemps quel sera le fin mot de l'histoire...


Mais le réalisateur et scénariste Damian Mc Carthy cache bien son jeu en enrobant son œuvre d'une épaisse chape de mystère. Car sans avoir à trop se creuser la tête, le spectateur le plus éclairé aura tôt fait de deviner ce qui en arrière-plan sert de fondations au récit. Débarrassé de ses atouts esthétiques et sonores (la partition musicale de Richard G. Mitchell et le travail sur le son de Richard De Mowbray, de Sylvain Le Bihanic et de Hugo Parvery contribuant très largement à faire de Caveat une expérience sensorielle intense), le film de l'irlandais aurait sans doute été déjà beaucoup moins fort puisque relativement classique dans son approche du thriller. Tout le génie de Damian Mc Carthy étant alors d'avoir fait appel à des décors, une bande sonore et une photographie typiques d'un certain cinéma d'épouvante mais aussi de s'être amusé à tordre les conventions liées à la manipulation et la vengeance au cinéma pour perdre les spectateurs dans un dédale qui en premier lieu fera appel à leurs émotions. Visuellement, le film de Damian Mc Carthy claque. Comme un vieux disque vinyle poussiéreux et rayé diffusant de vieux airs totalement désuets. Il transpire dans Caveat un sentiment de malaise, de folie et d'amertume. Entre les visions parfois sinistres, un environnement cauchemardesque où se réfugier dans son lit n'est même pas synonyme de sécurité, des protagonistes tous plus troubles les uns que les autres, Caveat fait l'effet d'une toile d'araignée enfermant entre ses mailles le pauvre insecte qui est venu s'y échoir. Et le dit insecte, ici, est non seulement le personnage d'Isaac mais le spectateur également. On a hâte de découvrir les futurs projets de ce réalisateur très prometteur...

 

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