Réalisateur dernièrement
du décevant You Should Have Left,
David Koepp débutait sa carrière sur grand écran en 1996 avec The
Trigger Effect.
Et déjà, à l'époque, nous pouvions remarquer la faiblesse d'une
mise en scène dans l'incapacité à sublimer un thème pourtant
captivant. Sur un scénario écrit de ses propres mains en compagnie
de James Burke, David Koepp accouche en effet d'une œuvre timide
même si parfois il est vrai, l'on ressent une certaine tension.
Palpable notamment lorsque le héros Matthews est confronté à
l'anarchie ambiante qui s'instaure d'elle-même lorsqu'un black out
d'ampleur nationale provoque la paralysie de tout un état. Si le
suspens est bien présent avec le risque d'assister à tout moment à
un bouleversement dans l'existence d'un couple presque tout à fait
irréprochable, le film repose cependant sur des bases relativement
fragiles dues au manque de panache et à la timidité de la mise en
scène du réalisateur américain. Survivre à ce qui pourrait
devenir une apocalypse d'ordre électromagnétique (bien qu'ici l'on
ne sache en réalité par grand chose sur la question) semble la
principale préoccupation de David Koepp qui cependant, et malgré de
bonnes idées de scénario, avance avec prudence, les conflits
débouchant alors sur des conséquences dramatiques mais jamais
vraiment jusqu’au-boutistes. Et ce, malgré quelques séquences
relativement violentes. À dire vrai, The
Trigger Effect a
tout du brouillon et n'est alors pas comparable au chef-d’œuvre de
Steve De Jarnatt, Miracle Mile,
lequel dans un contexte assez éloigné, osait faire des propositions
qui relançaient sans cesse la vapeur...
Matthew
et Annie Kay forment un couple d'américains moyens, vivant dans un
lotissement auprès de voisins apparemment charmants. Bien que le
scénario du film soit à l'origine l’œuvre du réalisateur et de
son scénariste, The Trigger Effect donne
le sentiment étrange d'avoir été tout d'abord calqué sur l'un des
meilleurs épisodes de la série de science-fiction The
Twilight Zone.
En effet, le long-métrage de David Koepp évoque The
Monsters Are Due on Maple Street dans
lequel une coupure d'électricité provoquait la panique dans la rue
principale d'une petite ville. Un sentiment de paranoïa s'y
instaurait mais semble absent ou presque de The
Trigger Effect
qui déroule son intrigue sous la forme de séquences se succédant
parfois de manière tout à fait déconnectée. Il y a donc des trous
dans ce récit que le réalisateur aurait sans doute eu la bonne idée
de combler en rallongeant son œuvre d'une bonne demi-heure. De quoi
apporter davantage de chair à un film qui pourtant, n'est pas dénué
d'intérêt. Car si The Trigger Effect
n'est pas le survival que l'on aurait aimé découvrir, le
réalisateur l'alimente pourtant en caractérisations. Celle de
Matthew par exemple. Ce poltron qui face à l'adversité va se sortir
les mains des poches pour trouver ce courage nécessaire qu'il devra
mettre à profit s'il veut survivre dans un monde qui semble glisser
vers un retour à la barbarie. Annie, l'épouse désillusionnée, qui
rêvait sans doute d'une vie plus riche au bras d'un homme plus fort.
Joe, ce copain cynique proche de la rupture. Ou encore Raymond, cet
inconnu victime du regard des autres en raison de sa couleur et
capable de tout pour protéger sa fille.
Et puis, il y a Gary,
formidable Michael Rooker (Henry Portrait of a
Serial Killer),
dont l’ambiguïté glaçante en fait l'antagoniste le plus
intéressant mais qui à l'image ne fait malheureusement que
passer... Kyle
MacLachlan (Blue Velvet
et Dune de
David Lynch, la série Desperate Housewives)
et Elisabeth Shue (le sublime Leaving Las Vegas
de
Mick Figgis, Retour vers le Futur 2 &
3
de Robert Zemeckis) campent le couple Kay. Dermot Mulroney celui du
copain Joe et Richard T. Jones le personnage de Raymond. The
Trigger Effect
se clôt comme il a vécu durant les quatre-vingt quatorze minutes
qui ont précédé. Sur une ellipse ne résumant même pas de manière
trop hâtive, le passage du black-out au retour à la normalité. Un
petit thriller sans prétention, ponctué de quelques séquences
prenantes mais qui aurait mérité davantage de soin de la part des
scénaristes et du réalisateur...




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