Au sein d'une communauté
vivant dans une forêt dirigée par Sheperd et exclusivement
constituée de femmes, vit Selah, une adolescente dont la mère est
morte durant son accouchement. Deux groupes distincts forment la
communauté. D'un côtés, les ''Épouses'', vêtues de
tuniques rouges. De l'autre, les ''Sœurs'', filles de ces
dernières vêtues de bleu et dont le père n'est autre que Sheperd
que toutes nomment le ''Berger''. Vivant paisiblement à
l'écart de la ville, les plus âgées prennent soin des plus jeunes
et toutes se partagent les tâches quotidiennes. Dans cette
communauté où le troupeau est précieusement gardé par un Sheperd
qui enseigne à chacune le bon de l'ivraie en matière de pureté, il
semble que quelque chose ne tourne cependant pas vraiment rond. En
effet, bien qu'il arbore une silhouette christique, Sheperd se
comporte de manière parfois très ambiguë envers ses brebis. Témoin
de ces étranges ''activités'' nocturne, Selah, justement, qui peu à
peu entrevoit le trouble jeu auquel s'adonne le ''Berger'' et auquel
elle a jusqu'ici échappé. Contrainte de quitter les lieux sous
l'injonction des autorités, la communauté part pour un long périple
à la recherche d'un nouvel Eden. Alors qu'elle a pour la première
fois ses règles, signe d'impureté, Selah est temporairement isolée
et est rapprochée d'Esther, considérée comme ''brisée'' et
elle-même mise à l'écart. Alors que la communauté marche depuis
des jours, les tensions et la fatigue ne font que s'accentuer,
révélant notamment la personnalité de Sheperd...
The Other Lamb semble surgir comme une alternative au formidable Midsommar d'Ari Aster et pourtant, les deux films n'entretiennent aucun rapport...
Ça n'est certes pas la
première fois que je l'écris, mais il faut parfois toute la
sensibilité d'une femme pour accoucher de certaines œuvres. Cela
n'a sans doute jamais été aussi vrai que pour The Other Lamb,
avant-dernier long-métrage à ce jour de la réalisatrice polonaise
Malgorzata Szumowska. Une œuvre d'une saisissante beauté visuelle
qui se vit d'abord comme un objet de contemplation. Comme une
succession d’œuvres picturales douées d'une vie propre et qui
envoûtent invariablement par leur beauté. The
Other Lamb,
c'est donc en premier lieu, une alchimie. Entre, lumière, ombres,
cadrages, décors et photographies. Impossible de demeurer insensible
devant des séquences d'une remarquable maîtrise visuelle. C'est la
première fois que la polonaise tourne en langue anglaise. Filmé
dans d'impressionnants décors irlandais, le film est une alternance
de clichés dont l'ampleur graphique demeure exceptionnelle, et de
séquences nocturnes troublant les événements à travers une grande
maîtrise en matière de photographie. Surtout, The
Other Lamb témoigne
de l'attention apportée au moindre petit détail de la part de la
réalisatrice. Ici, une ombre effaçant tout ou partie d'un visage.
Là, l'image se brouillant pour conserver une forme de pudeur au
récit tout en accentuant le trouble que révèle des séquences
parfois explicites.
Un drame qui parfois flirte dangereusement avec l'épouvante...
Plus
loin, les contre-plongées, les plans rapprochés ou encore les
somptueux travellings arrières pour approcher l'intimité de
l'héroïne ou au contraire, s'en échapper. The
Other Lamb
injecte un venin qui peu à peu diffuse ses effets sur le spectateur.
Outre la très belle interprétation de l'actrice britannique Raffey
Cassidy, le néerlandais Michiel Huisman a beau arborer la silhouette
du Christ, le comportement de Sheperd le rapprochera davantage de
certains des pires et des plus célèbres gourous de l'histoire de la
criminalité, Charles Manson le premier. Lent et hypnotique,
bénéficiant des remarquables musiques du belge Rafaël Leloup et du
polonais Pawel Mykietyn, des décors de Ferdia Murphy, de la
photographie de Michal Englert, le scénario de The
Other Lamb est
l’œuvre de l'australienne (à vérifier) C.S. McMullen. Touché
par l'épidémie de Covid-19
comme bon nombre de films dont la sortie fut prévue ces derniers
mois, le long-métrage de Malgorzata Szumowska n'a malheureusement
pas connu les honneurs d'une sortie sur grand écran et est
directement passé par la case VOD.
Ce qui ne doit pas vous empêcher de vous laisser envoûter par cette
histoire comme l'ont été les brebis par leur mentor...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire