Bon, on va pas faire les
choses dans le désordre. D'abord, Jan Bucquoy, késako ? Un
metteur en scène, réalisateur, scénariste de bandes-dessinées et
auteur de performances belge. Au cinéma, il s'est lancé dans une
saga explicitement intitulée La Vie Sexuelle des Belges.
Et si c'est tout à fait par hasard que je suis tombé sur l'affiche
du second opus Camping Cosmos
en cherchant à mettre la main sur le dernier long-métrage du
réalisateur polonais Andrzej Zulawski (Cosmos,
donc), je vais devoir prendre mon mal en patience. Car avant de
pouvoir découvrir à quoi pouvait ressembler la Célébrissime Lolo
Ferrari dans un film non pornographique, je vais d'abord devoir me
frotter au premier volet d'une saga qui compte six volets de 1994 à
2003. Le premier d'entre eux s'intitule La Vie
Sexuelle des Belges
1950-1978
et s'articule autour d'un jeune écrivain d'origine flamande après
son départ de sa ville natale, Harelbeke.
Comme
un enfant qui s'ouvre à la vie, le premier long-métrage de Jan
Bucquoy est d'abord hésitant. Timide et perfectible dans son
approche du septième art. Une œuvre de débutant qui apprend de ses
défauts, évolue au fil du récit, approfondi son écriture et
améliore son concept. La Vie Sexuelle des Belges
1950-1978,
c'est un peu L'Homme qui aimait les Femmes
chez les flamants. Le réalisateur revient sur son enfance, puis son
adolescence avec, toujours dans la ligne de mire, les femmes,
toujours les femmes. Comme il l'évoque, ''C'est
pénible avec, mais impossible sans''.
Et tout d'abord sa mère, qui lui donna le sein, ''parce que ça coûte
pas cher''. Une mère qui gifle, qui radote son obsession pour
l'argent. Le père, lui... bon, passons. La séparation est
douloureuse. Surtout pour elle. Parce que pour Jan, c'est désormais la vie de
famille. Avec ses joies mais aussi ses contraintes. Un mariage, deux
gosses, une séparation et une pension alimentaire à la clé. Mais
le monde de Jan tourne à plein régime. Et toujours ces femmes qu'il
sacralise, qu'il vénère en leur donnant des noms fleuris. Qu'elles
soient barmaids, prostituées, ou comme celle qui avait promis qu'ils
se marieraient et passeraient le reste de leur existence ensemble.
Première
désillusion. Comme d'être enfermé dans un bureau à taper sur une
machine à écrire pour un journal local au lieu de se lancer dans la carrière que lui
ambitionne d'avoir l'une de ses conquêtes : celle d'écrivain. Autre révélation de La
Vie Sexuelle des Belges
1950-1978,
l'acteur belge Jean-Henri Compère. Immense gaillard qui incarne
l'alter ego de Jan Bucquoy avec une sensibilité et une fragilité
inattendues. Loin du cinéma d'auteur, le réalisateur signe une
œuvre émouvante et rassurante qui balaye tous les préjugés que
l'on aurait pu ressentir devant ce projet au départ, sacrément
nombriliste. Mais à y regarder de plus près, Jan Bucquoy ne fait
pas qu'évoquer ses années d'enfance, d'adolescence et les premières
du jeune adulte qu'il est devenu par la suite. La
Vie Sexuelle des Belges
1950-1978 parle
d'abord des autres. Ceux, et surtout celles qu'il a croisé et ont
sans doute façonné sa personnalité. M'étant encore inconnu il y a deux
heures, Jan Bucquoy a réalisé un hold-up en entrant dans ma vie.
Maintenant que j'ai découvert le poète, l'amateur de musique qui a
bien compris depuis sa rencontre avec André Delvaux qu'elle est
d'une importance considérable dans la conception d'un film, ainsi
que l'homme de lettres qui jongle avec les mots face caméra, je n'ai
plus qu'une idée en tête : découvrir le reste de son œuvre.
Un conseil, faites-en autant...
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