Sur le long chemin qui
sinue jusqu'à cette ultime confrontation avec ''l’innommable'' dont
j'évite de croiser le regard depuis dix-sept ans (Dans ma Peau
de Marina De Van), petit, et même, grand détour par le Canada avec
l’œuvre du canadien Eric Falardeau qui tout d'abord et à travers
La Petite Mort
filme en l'espace de trois minutes le meurtre d'une femme de telle
manière qu'il donne l'impression qu'entre la victime et son
bourreau, il s'agit davantage d'un acte sexuel que d'un meurtre. Ou
comment détourner une expression relative à l'orgasme en la prenant
au sens propre. Purgatory
expose quant à lui un individu qui après son suicide est envoyé au
purgatoire. Là-même où pour se purifier de ses péchés, face à
une Faucheuse ''bienveillante'', il s'entaillera les membres,
s'ouvrira le ventre, ira même jusqu'à se dévorer lui-même. Mais
tout ceci est-il bien réel ? Ce qui l'est en revanche, c'est
l'aspect gore et crapoteux de ce court de 16 minutes environ. Ayez
surtout le cœur bien accroché ! Après les bruns scatologiques
et les rouges sang du précédent, Cam Shot
joue comme dans le premier court d'Eric Falardeau avec les mots. Car
du Cam shot au.... Cumshot, la distance est courte. Une plantureuse
femme vêtue de cuir façon S.M ''branle'' un type hors-champ, lequel
éjacule de la pellicule. D'où, une fois encore, ce malin plaisir
que prend l'auteur à détourner les mots. Avec Coming
Home,
Eric Falardeau maîtrise un peu mieux son outil. Deux hommes, sur une
route de campagne enneigée. Ils s'arrêtent en chemin puis le
premier demande au second de l'assommer. Ce dernier s'exécute puis
pratique un étrange rituel. N'essayez pas de trouver un sens à ces
dix-neuf minutes, car probablement qu'il n'y en a pas. Eric
Falardeau joue une fois de plus avec la sensibilité du spectateur.
Paupière arrachée. Peau des mains grattée jusqu'au sang. Des actes
''sublimés'' par la blancheur du décor.
Mais
tout ceci reste encore très amateur et ressemble encore à un projet
de fin d'études cinématographiques. Pas mal du tout les sept
minutes que dure le prochain court-métrage intitulé Le
Cycle.
Joli travail sur le visuel, le canadien usant et abusant des filtres
pour une collections de diapositives en mouvement. Toujours aussi peu
prolixe en terme de dialogues, Le Cycle
bénéficie cependant d'un scénario qui aurait pu donner lieu à un
court-métrage un peu plus long lui permettant d'étoffer le principe
de répétition qui est au cœur de l'intrigue. On termine avec
Élégie Nocturne
avant d'aborder le cœur de cet article. Un court d'une dizaine de
minutes réalisé trois ans après le premier long-métrage d' Eric
Falardeau et qui fait montre de l'évolution du réalisateur en terme
de mise en scène. Visuellement très propre et radicalement
différent des précédents courts-métrages, le canadien s'offre une
virée post Body Double
toute en bichromie mais toutes proportions gardées bien évidemment.
Si quelques bonnes idées émaillent l'ensemble des travaux de courts
du réalisateur canadien, ceux-là laissent cependant craindre un
Thanatomorphose chancelant
en matière d'écriture et de mise en scène malgré certains échos
favorables entraperçus dans la presse spécialisée. Mais voyons
cela tout de suite...
En
regard du résultat presque général de ses courts-métrages, on
peut considérer le seul long-métrage du canadien à ce jour comme
une potentielle réussite. Thanatomorphose,
s'il n'est finalement pas aussi abjecte que certains le disent, mieux
vaut être averti avant de se lancer dans cette aventure au scénario
malheureusement aussi minuscule qu'une cellule cancéreuse. Eric
Falardeau fait en effet l'économie d'un script en ne proposant
qu'une histoire qui ne repose sur rien d'autre que la lente et
douloureuses dégradation physique de son héroïne interprétée par
une Kayden Rose qui a tout de même le courage de passer le plus
clair de son temps à poil, son corps étant peu à peu recouvert des
stigmates d'une maladie dont le spectateur ne saura rien sur ses
origines.
Thanatomorphose est
l'un de ces Body
Horror
qui fleurissent parfois sur le terrain fertile de l'horreur. Proche
de La Mouche
de David Cropnenberg dans sa conception de la dégradation physique,
le canadien poussant le vice jusqu'à faire de son héroïne Laura la
collectionneuse des parties de son organisme qui régulièrement se
détachent de son corps, Thanatomorphose
n'en a cependant ni les qualités narratives, ni l'émotion, ni le
talent de la mise en scène. Proche également de Contracted
d'Eric England (et de sa piètre séquelle
Contracted: Phase II
signée Josh Forbes), le film du canadien repose donc uniquement sur
la performance de son actrice principale et sur les effets-spéciaux
particulièrement repoussants qui titilleront sans aucun doute les
spectateurs les plus sensibles. Long d'une centaine de minutes,
Thanatomorphose
demeure une expérience intéressante mais sans doute pas aussi dure
que l'éprouvant Dans ma Peau
cité plus haut. Tout au plus pourrons-nous y voir le symbole de la
corruption physique de son héroïne péchant par le sexe (car en
effet, sa condition physique semble se dégrader à mesure qu'elle
entretient des rapports intimes avec les hommes). Devant la stérilité
du récit, Eric Falardeau impose quelques idées relativement
douteuses, comme lorsque Laura, déjà dans un état de dégradation
physique très avancé, pratique une fellation sur un ami à elle. La
séquence évoque alors de sordides pratiques sexuelles telle que la
nécrophilie. D'une manière générale, on est donc ici plus proche
d'un Jörg Buttgereit signant en 1987 le cultissime (mais surestimé)
Nekromantik
que du Cronenberg évoqué au dessus...
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