Si j'ai malheureusement
loupé Les Griffes de la Nuit
au cinéma à l'époque de sa sortie, je me suis par contre
rattrapé cinq ans plus tard en allant voir Shocker,
le seul et unique long-métrage de Wes Craven que j'ai découvert sur
grand écran. La naissance de ce film fut d'après mes souvenirs,
assez particulière. Alors que Wes Craven connut donc en 1984 un
certain succès grâce à son ''bogeyman''
Freddy Krueger (reconnaissable grâce à son pull rayé rouge et
vert, son chapeau mou de couleur marron, mais aussi et surtout à
cause de son visage atrocement brûlé et de sa main droite dont les
quatre des cinq doigts sont affublés de lames acérées), celui qui
créa ce monstrueux personnage sembla en perdre le contrôle.
Dénigrant à peu près toutes les séquelles jusqu'à ce qu'il
reprenne le contrôle en 1994 avec le septième opus de la franchise
Freddy sort de la Nuit,
Wes Craven imagina avant cela une alternative. Un nouveau personnage,
digne de l'emblématique cauchemar de nos nuits adolescentes, auquel
il décida de donner le nom de Horace Pinker (incarné par l'acteur
Mitch Pileggi qui se fera mondialement connaître grâce à son
interprétation du directeur adjoint chargé des affaires
non-classées Walter Skinner dans la série culte de science-fiction,
X-Files).
Tout
comme Freddy Krueger, Horace Pinker est un tueur en série. Mais
alors que le premier ne s'en prenait de son vivant qu'aux enfants, le
second lui, s'est spécialisé dans le massacre de familles entières.
L'un des points communs entre les deux hommes, c'est qu'après leur
mort, ils continueront d'agir et de commettre des meurtres en toute
impunité. Une fois encore, les héros sont des adolescents. Et dans
le cas présent, LA star du football américain Jonathan Parker
(l'acteur et réalisateur Peter Berg qui débutait seulement sa
carrière un an auparavant). Si Freddy Krueger s'en prenait à la
progéniture de ceux qui mirent fin à ses exactions en le jetant au
feu (d'où les brûlures au visage) en les tuant dans leurs rêves,
Horace Pinker utilise les réseaux électriques et l'échange de
corps pour se déplacer et commettre ses meurtres. Si l'idée semble
ingénieuse, il ne faut cependant pas croire qu'elle soit totalement
inédite puisqu'à titre d'exemple, on peut citer le formidable
Hidden
réalisé par Jack Sholder qui sortit deux ans auparavant et dont la
créature usait d'un ''moyen de locomotion'' en tout point semblable.
De là à penser que Wes Craven s'en soit inspiré...
Si
à l'époque de sa sortie Shocker
pouvait apparaître comme une alternative honorable au chef-d’œuvre
de Wes Craven, il est difficile de nos jours d'adouber un
long-métrage accumulant les lourdeurs et surtout, les visions
carrément dépassées. On a le sentiment, devant ce film qui ne
lésine pourtant pas sur les effets, que son auteur a non seulement
voulu faire entrer son nouveau personnage dans la légende du
bestiaire fantastique, mais qu'il a cherché à surenchérir par
rapport aux Griffes de la Nuit.
Sauf que ben, ça ne fonctionne pas vraiment. Et même si Shocker
jouit d'un rythme relativement appréciable, pas mal de scènes se
révèlent d'un grotesque et d'une puérilité absolument désarmants.
Si les ''rêves prémonitoires'' que fait le héros conservent une
certaine cohérence lorsque l'on apprend ses origines, voir débarquer
sa petite amie assassinée (la charmante Alison, interprétée par
Camille Cooper) par Horace Pinker sous la forme d'un ectoplasme
protecteur n'a aucun sens et s'avère ridicule. Shocker
n'est pour autant, pas tout à fait aussi misérable. La première
partie est relativement bien construite et ce, jusqu'à l’Exécution
d'Horace Pinker. Malheureusement, le film s'enlise dans un aggloméré
de situations qui s'enchaînent sans soucis de cohésion. On pourra
par contre s'amuser de cette séquence cartoonesque durant laquelle
Horace Pinker et Jonathan Parker combattent à travers le tube
cathodique, mais au final, Shocker
n'est qu'un piètre ersatz des Griffes de la
Nuit...
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