Coïncidence ou guerre
déclarée entre les chaînes Canal + et
TF1 ? Toujours
est-il qu'une fois de plus, ce sont les spectateurs qui sortiront
vainqueurs de cet affrontement qui, comme l'indique le calendrier des
diffusions, oppose deux séries inspirées d'un même ouvrage :
The War of the Worlds
de l'écrivain britannique H.G.Wells, tout d'abord adapté sur grand
écran à deux occasions. Le premier long-métrage en 1953 avec l’œuvre
éponyme de Byron Haskin, puis, bien plus tard, avec celle de Steven
Spielberg en 2005. Pour rappel, la toute première adaptation ne fut
en réalité pas celle qui sortit sur les écrans dans les années
cinquante mais la version radiophonique d'Orson Wells. Mais ça,
c'est une autre histoire. En 2019, donc, ça n'est pas une mais deux
variations d'un même thème que nous proposent la Grande Bretagne
d'un côté, et cette même Grande Bretagne accompagnée de la France
et des États-Unis de l'autre. Nous reviendrons sur la première dans
le prochain article pour nous consacrer dans celui-ci sur la seconde.
Une production internationale ambitieuse mais sur laquelle les fans
du roman de H.G.Wells auront sans doute beaucoup de choses à dire.
Car s'il est une évidence qui saute très rapidement aux yeux, c'est
le grand écart opéré par la série La Guerre des
Mondes vis à vis du roman.
En effet, par rapport à ce dernier, cette série constituée pour
l'instant d'une saison de huit épisodes (la seconde étant en
préparation) est très éloignée du roman. Au point que l'on se
demande dans quelles mesures son créateur, l'auteur britannique
Howard Overman, ne s'est pas tout simplement servi du prestige
qu'entoure le nom du roman de H.G.Wells pour s'assurer l'attention du
public.
Si
dans un premier temps, la chute de très nombreuses ''météores''
rappelle ostensiblement le début du roman The War of the
Worlds, la suite prend par
contre des chemins de traverse qui entraînent les spectateurs dans
une aventure plus proche de la série Falling Skies
de Robert Rodat ou de Colony
de Carlton Cuse et Ryan Condal que de l’œuvre de l'écrivain
britannique. Comme nous le verrons dans le second article consacré à
cette double adaptation du roman de H.G.Well sortie cette année, il
subsiste de très nombreuses différences entre la création Canal
+
et la mini série diffusée pour la première sur la chaîne
britannique BBC One. La Guerre des Mondes
s'inscrit dans un contexte contemporain qui de fait, l'éloigne très
nettement des préoccupations qui couvraient une partie du roman
original. Alors que dans ce dernier H.G.Wells soulignait notamment
l'impérialisme occidental, la série de Howard Overman se penche
quant à elle forcément sur des thématiques bien différentes comme
l'immigration, à travers le personnage de Kariem Gat Wich Machar
qu'interprète avec subtilité l'acteur Bayo Gbadamosi. À production
internationale, casting international. C'est ainsi donc que vont se
côtoyer des interprètes (et donc des personnages) d'origines
diverses. L'Irlandais Gabriel Byrne, l'américaine Elizabeth
McGovern, la britannique Natasha Little ou encore les français Léa
Drucker et Adel Bencherif pour les récurrents.
L'une
des principales critiques généralement formulées demeure dans le
rythme imprimé à cette saison dont la durée est, il est vrai,
disproportionnée en comparaison des enjeux qui y sont déployés
(chaque épisode durant une moyenne de quarante-cinq minutes, je vous
laisse faire le calcul). Que Howard Overman ait choisit d'organiser
son œuvre autour de ses personnages en privilégiant tout d'abord
leur caractérisation est une chose. Mais de là à tourner en rond
en omettant (presque) de faire évoluer le récit autour de son
invasion extraterrestre s'avère parfois très gênant. De plus, ceux
qui connaissent bien la série Black Mirror
sentiront sans doute comme moi un certain malaise devant les seules
créatures exhibées dans cette première saison et qui font
furieusement penser à celles de l'excellent épisode MetalHead
réalisé par David Slade et diffusée pour la première fois voilà
deux ans. On pourra également regretter le fait que la production
ait fait preuve d'une économie de moyens assez importante en matière
d'effets-spéciaux. À titre d'exemple, la séquence tant attendue de
l'explosion du champ magnétique créé par les entités
extraterrestres que le spectateur n'aura pas la chance d'observer,
l'auteur préférant les enfermer dans le noir auprès de divers
protagonistes.
Mais
à côté de ces différentes failles qui ne feront pas de cette
première saison prometteuse l'inoubliable adaptation d'un roman
culte de la science-fiction, on pourra tout de même louer le travail
effectué sur les dialogues et le professionnalisme de ses
interprètes. En effet, qu'il s'agisse de Léa Drucker et Adel
Bencherif, de Gabriel Byrne, ou d'autres tels que Stephen Campbell
Moore, Stéphane Caillard ou encore de l'inquiétant Mathieu
Torloting, chaque interprète y incarne son personnage à la
perfection. Quant aux décors, désolés et parfois anxiogènes, s'ils
ne surpassent ni n'égalent ceux d'un Walking
Dead
jusqu'auboutiste, ils se révèlent suffisamment crédibles pour
plonger le spectateur dans une aventures parfois riche en émotions.
En espérant que les auteurs de la seconde saison aient pris conscience des
erreurs faites sur la première et nous offrent un spectacle digne du matériau
d'origine...
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