Un peu comme la
bande-annonce du prochain Terminator : Dark Fate
de Tim Miller dont la sortie est prévue
pour mercredi prochain, celle de Gemini Man,
le dernier long-métrage du cinéaste taïwanais Ang
Lee qui depuis un quatre de siècle ne tourne pratiquement plus
qu'aux États-Unis promettait un film au parfum de rance pas du tout
assumé. Surtout que le film, sous couvert d'employer une technique
3D inédite (ici, il s'agit en fait de 3D+ qui consiste à filmer
l’œuvre à partir du procédé High Frame Rate (HFR), soit une
cadence d'images beaucoup plus importante permettant de fluidifier le
rendu) ne nous raconte finalement rien d'autre que la rencontre entre
un tueur à gages/sniper redoutable (soixante-douze meurtres au
compteur) et son clone. Et les clones au cinéma, s'ils ne sont pas
aussi courants que n'importe quelle autre ''créature'' du bestiaire
fantastique, n'en sont pas moins une approche inédite dans Gemini
Man.
À seul titre d'exemple, nous pourrions citer A
l'Aube du 6ème Jour
du réalisateur Roger Spottiswoode, sorti dix-neuf ans plus tôt avec
un Arnold Schwarzenegger croisant la route de son double. Un clone
parfait impossible à différencier de l'original.
La
différence entre cet exemple et le film d'Ang Lee repose davantage
sur ce détail. Un point crucial sur lequel repose l'essentiel d'une
partie du long-métrage, donc. Car en effet, le héros de Gemini
Man
incarné par un Will Smith vieillissant (celui d'aujourd'hui, âgé
de cinquante et un ans) est confronté à son double, un clone plus
jeune d'une vingtaine d'année. Mais plutôt que d'opposer l'acteur à
un double entièrement créé en images de synthèse, l'auteur de
Tigre et Dragon
et du Secret de Brokeback Mountain a
offert à Will Smith l'opportunité d'interpréter les deux rôles,
dont celui du clone ayant été rajeuni à l'aide du procédé ''deepfake
'',
une technique permettant d'appliquer sur le visage d'un acteur
l'image d'un second, ici, un Will Smith plus jeune de vingt ans. Si
l'effet est saisissant et réaliste, tourner le film en 120 images
par seconde ne sautera forcément pas aux yeux du spectateur.
Concernant
le scénario, on ne peut pas dire que le cinéaste taïwanais et les
scénaristes David Benioff, Billy Ray et Darren Lemke aient fait
preuve d'une grande originalité. Car au delà de ses effets-spéciaux
foncièrement remarquables puisque se fondant parfaitement au récit,
Gemini Man
n'est rien d'autre qu'un thriller mêlant science-fiction et action
qui fera certes le bonheur des amateurs du genre mais pourra décevoir
ceux qui attendaient autre chose qu'une vitrine permettant de
profiter de technologies sinon nouvelles, du moins, rarement
employées sur grand écran. Reste que l'on ne s'ennuie jamais devant
certaines séquences qui de l'aveu même du réalisateur furent
conçues presque entièrement sans l'apport d'effets-spéciaux autres
que ceux employés et cité plus haut. À titre d'exemple, on reste
abasourdis par la longue course-poursuite en motos entre le
personnage de Henry Brogen et son clone Junior. Une scène
d'anthologie lors de laquelle les deux antagonistes terminent leur
course par un combat entre un clone usant de sa moto comme d'une arme
de kung-fu, Ang Lee affirmant à qui veut l'entendre que la scène
fut entièrement filmée telle quelle sans quasiment le moindre
emploi d'effets-spéciaux. Aux côtés d'un Will Smith quinquagénaire
et de sa troublante version trentenaire, l'actrice américaine Mary
Elizabeth Winstead et l'acteur britannique Benedict Wong sont les
deux courageux compagnon d'un personnage principal opposé à un
Clive Owen s'érigeant en Dieu. Tourné entre la Géorgie, la
Colombie et la Hongrie, Gemini Man
est donc au final un film d'action plutôt convainquant, et une œuvre
de science-fiction tout public...
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