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jeudi 3 octobre 2019

Fear City d'Abel Ferrara (1984) - ★★★★★★★☆☆☆



Fear City est le troisième long-métrage ''classique'' du cinéaste américain Abel Ferrara (qui débuta sa carrière dans le porno). Une œuvre sombre, nocturne, glauque et brutale à travers laquelle le réalisateur laisse s'exprimer son goût pour la noirceur, les ruelles humides et jonchées de détritus, les dealers, la mafia italienne et les boites de strip-tease. Le long-métrage est pour lui surtout l'occasion de rendre hommage à la mythique ''42nd Street'' de Manhattan à New York. Un axe qui dans les années trente accumulait bon nombre de cinémas mais dont la programmation à l'aube des années soixante-dix ne proposa plus que de la pornographie. Connu chez nous sous le titre New York, 2 Heures du Matin, l’œuvre d'Abel Ferrara nous plonge dans un univers sordide, gangrené par des gangs se battant pour avoir le monopole de l'une des plus importantes activités du coin : les clubs de strip-tease...

Première impression : Fear City semble faire écho au 10 to Midnight que réalisa l'année précédente en 1983 le réalisateur J. Lee Thompson avec son tueur en série s'attaquant exclusivement à des jeunes femmes. Un an après Charles Bronson dans la peau de Leo Kessler, Abel Ferrara nous propose sa vision d'un New York décadent, avec ses ruelles insalubres, mal éclairées, terrain de jeu favori d'un serial killer qui s'attaque tout d'abord aux ''filles'' de Matti Rossi et Nick Parzeno, laissant ces deux là supposer que le responsable pourrait être leur concurrent direct, un certain Goldstein. Mais alors que le tueur a fait plusieurs victimes dont toutes sont mortes à l'exception de la première,  voilà que celle qu'il prend ensuite pour cible fait partie de ''l'écurie'' de Goldstein. Bien que la police enquête, le tueur semble insaisissable. En excellente condition physique et adepte des arts martiaux, il échappe aux rares individus qui tentent de le stopper dans sa folle virée meurtrière...

Abel Ferrara, qui connaîtra la consécration au moins à deux occasions avec ses brillants The King of New York et Bad Lieutenant, signe avec Fear City une œuvre qui ne se contente pas d'être un simple ''serial killer film'' mais observe également avec une certaine intelligence les conséquences économiques dues à la ''désertion'' de strip-teaseuses affolées à l'idée d'êtres les prochaines victimes du maniaque. À partir d'un scénario écrit par son fidèle collaborateur depuis ses débuts (le scénariste Nicholas St. John), Abel Ferrara signe une œuvre âpre, violente et particulièrement chaude pour laquelle il engage les plus belles filles d'un catalogue personnel sans doute inspiré de ses propres fantasmes ou plus simplement de ses goûts en matière de femmes. Il faut dire que les interprètes féminines sont toutes plus jolies les unes que les autres, d'autant plus qu'aucune n'hésite à se mettre littéralement à nu dans des clubs surchauffés et hantés par des âmes perdues. Parmi elle, la superbe Melanie Griffith qui l'année suivante interprétera le rôle de Holly dans le sublime et troublant Body Double de Brian De Palma. La canado-américaine Rae Dawn Chong que l'on verra notamment dans Commando de Mark L. Lester aux côtés d'Arnold Schwarzenegger ou dans La Couleur Pourpre de Steven Spielberg. Ou bien encore l'actrice Janet Julian que l'on reverra dans The King of New York six ans plus tard aux côtés de Christopher Walken.

Côté ''mâles'', on retrouve le charismatique Tom Berenger dans le rôle de Matt Rossi, ancien boxeur ayant abandonné sa carrière au profit de celui d'agent de strip-teaseuses après avoir causé la mort de son dernier adversaire sur le ring. Jack Scalia incarne le personnage de Nick Parzeno, fidèle ami et associé de Matt. En cette année 1984, Abel Ferrara égratignait déjà la police en la montrant particulièrement agressive à travers le personnage d'Al Wheeler qu'interprète l'acteur Billy Dee Williams. Mais Fear City c'est aussi des ''gueules'' comme on aimerait continuer à en voir sur grand écran : celle de Michael V. Gazzo (à son propos, la version originale s'impose), ou celle de Rossano Brazzi. Quant au tueur, il est incarné par John Foster qui à part sa participation au long-métrage d'Abel Ferrara ne semble pas avoir joué dans d'autres productions. Si avec Fear City on est encore loin d'atteindre la perfection de certains de ses meilleurs films, Abel Ferrara y affirme déjà son goût pour les ambiances poisseuses et nihilistes.

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