Peter Fonda nous a quitté hier, 16 Aout 2019. Interprète de plus de cent-dix rôles, il fut l'un des plus célèbres représentants de la contre-culture américaine. Hommage...
Plus âgé de deux années
que le culte (mais beaucoup trop surestimé) Easy Rider
de Dennis Hooper, The Trip
réunit déjà en 1967 ce dernier, aux côtés duquel s'impose dans
le premier rôle, l'acteur Peter Fonda, et en tant que scénariste,
Jack Nicholson. Forcément à la recherche d’emblèmes
représentatifs de leur culture, les hippies ont jeté leur dévolu
sur ces deux longs-métrages. Qu'en reste-t-il à notre époque ?
En réalité, pas grand chose. A moins d'être assez âgé pour avoir
conservé toutes les émotions qui se dégagèrent de la projection
du film de Roger Corman lors de sa sortie, on ne peut autrement
s'émouvoir du voyage intérieur que va vivre le personnage de Paul
Groves qui après son divorce ne trouve plus réellement de sens à
son existence.
Alors,
lorsqu'il invite chez lui son ami John qui lui propose de vivre une
expérience au LSD, Paul s'engouffre dans la brèche pour ne plus en
sortir avant la fin des soixante-quinze minutes que dure The
Trip.
Si l'on a bien à faire à un voyage sous psychotrope hallucinogène,
les effets visuels n'ont malheureusement pas conservé l'impact
qu'ils durent avoir sur le public d'alors. La majorité des dialogues
sont devenus désuets, tout comme les effets visuels à base de
lumières stroboscopiques et de reflets kaléidoscopiques.
Le film de Roger Corman demeure cependant un spectacle hallucinogène
conservant parfois, mais trop rarement, quelques-unes de ses bonnes
idées. Si l'aspect kitsch peut naturellement rebuter les générations
nouvelles, il y demeure une vision des effets du LSD particulièrement
étonnante. De bonnes idées, il y en a. Si une grande majorité des
plans n'ont plus aucun intérêt, quelques passages laissent imaginer
l'état de trance dans lequel certains ont dû pouvoir se plonger à
l'époque de sa sortie. C'est lors des scènes mélangeant musique
rock répétitive et dessins sur imprimant les corps dénudés que le
film parvient encore à distiller un ersatz de message que le reste
fini malheureusement pas rendre stérile.
Malgré
ces quelques trop rares passages, The Trip
est une œuvre éminemment ennuyeuse. Presque aussi chiante que Easy
Rider.
On s'y emmerde prodigieusement. La sauce ne prend plus. Et même le
message, cette éloge à la prise de LSD devient futile. Alors que
l'on attendait une ode à la vie et à l'amour,
The Trip
a trop souvent des allures de descente incontrôlée. Si Dennis
Hooper porte le confortable costume de « gourou »
des stupéfiants, Peter Fonda ressemble à un rat des villes tentant
de s'accoutumer au climat des champs. Un contraste finalement pas si
saisissant qu'il aurait pu être.
Très
impliqués dans le film, Peter Fonda , Jack Nicholson et Dennis Hoppe
ont choisi de prendre eux-même du LSD afin d'en ressentir les
effets, Roger Corman affirmant devoir en prendre s'il voulait pouvoir
réaliser une œuvre sur le sujet. En écrivant le scénario, Jack
Nicholson s'est servi de sa propre expérience en tant que
consommateur de drogues. Le sujet de The Trip
portant
en lui une partie du vécu du scénariste et acteur américain. The
Trip a
peut-être, à une certaine époque, été l'un des flambeaux d'un
courant, aujourd'hui, il n'en demeure plus grand chose qu'un film
psychédélique quelque peu ringard. Les vrais trips
cinématographiques, il faut les chercher du côté de Ken Russell et
de son prodigieux Au-Delà du Réel
ou du côté de Gaspar Noé et de son tout aussi extraordinaire Enter
The Void...
Ah ça faisait partie des films que je voulais voir... m'attendant bien à être déçu du spectacle. Donc toujours pas vu à l'heure actuelle. La seule scène intéressante de l'autre "monument" (merdique) hippie qu'est Easy Rider, c'est le trip dans le cimetière : non pas que la scène soit cinématographiquement mémorable, mais parce qu'elle résume assez bien Easy Rider comme bad trip pour le spectateur.
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