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dimanche 19 mai 2019

Jeu de Massacre d'Alain Jessua (1967) - ★★★★★★★☆☆☆



Curieux que ce second long-métrage d'Alain Jessua qui ne déroge finalement pas ici à l'habituel spectacle hors du commun auquel il nous habituera le long de sa carrière constituée de neuf longs-métrages seulement. La rencontre entre un mythomane immature et un couple formé d'un écrivain et de son épouse dessinatrice. Deux époux qui ont bien du mal à boucler les fins de mois et qui acceptent contre mauvaise fortune bon cœur de venir s'installer dans la luxueuse demeure suisse de ce menteur patenté qui s'est inventé une histoire personnelle intégralement liée aux ouvrages publiés par l'auteur de bandes-dessinées dont il est un adorateur.
D'où cette exploration psychédélique et un brin foutraque. Cette déviance psychologique qui réunit des êtres qui chacun à leur manière explorent la fiction pour s'en faire une réalité propre. Car si la mythomanie est pour le personnage de Bob Neuman, incarné par l'acteur français Michel Duchaussoy, une profession de foi, idéalisant ainsi sa propre (et morne) existence de pseudo-châtelain, le personnage que crée Pierre Meyrand (Jean-Pierre Cassel) est-lui même issu d'un imaginaire. Bref, d'un mensonge colporté par l'esprit d'un artiste qui pour vivre s'invente des personnages, des récits fictifs.

Le mensonge, chez les Meyrand, est une nécessité. Celle de pouvoir manger, payer son loyer, ses impôts, bref, vivre dignement. Chez Bob, la raison en est tout autre. Gosse de riche, le canular que représente son existence est la représentation intellectuelle d'un naufrage affectif. Pas d'amis et pour seules amantes les prostituées d'un bordel, le mythomane va se référer à l'artiste pour se construire une vie à venir qui lui échappera ainsi qu'à ses nouveaux amis, Bob et Jacqueline. La réalité prend peu à peu ses jambes à son cou, laissant place nette à un univers virtuel que le fragile Bob va tenter de faire prendre forme dans le monde réel. En réalisant son œuvre de manière psychédélique (tant dans la bande originale que dans sa manière de filmer) le cinéaste Alain Jessua l'enrobe, s'il était utile d'en arriver là, d'une chape de plomb surréaliste qui appuie davantage encore l'aspect improbable du récit. Pour ce faire, il va jusqu'à créer ce personnage de papier et de crayons de couleur, Le tueur de Neuchâtel. Substantielle moelle et représentation concrète des dérives allégoriques dont sont responsables chacun des personnages et qui, tous ensemble, l'alimentent au point de lui faire prendre forme dans la vie réelle sous la forme d'un Bob ne sachant plus vraiment distinguer le vrai du faux.
Comédie noire sur fond de solitude et de manipulation (la mère de Bob étant elle-même prête à financer très chèrement les ambitions de son fils chéri), Jeu de Massacre est une œuvre réjouissante qui derrière son message, souffle un vent pop décalé. Les planches psychédéliques sont l'oeuvre du dessinateur bruxellois Guy Peellaert. Le jury du festival de Cannes en 1967 ayant reconnu les qualités du film d'Alin Jessua, Jeu de Massacre y reçu le prix du meilleur scénario original cette année là...

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