Réalisateur, producteur,
éditeur et scénariste (il a notamment participé à l'écriture du
scénario du jeu vidéo Rise of the Tomb Raider),
le cinéaste Philip Gelatt a jusqu'à maintenant tourné deux
long-métrages pour son propre compte. The Bleeding
en 2011, ainsi que They Remain
cette année. Pour son second film, il tente une approche très
particulière de l'épouvante puisqu'il situe l'intrigue de They
Remain
entre une forêt, théâtre d'un massacre orchestré par les membres
d'une secte, et un complexe scientifique implanté dans une clairière
où vont évoluer ses deux principaux interprètes (le film n'en
comptant qu'un troisième qui ne fera qu'une très courte apparition)
incarnés par William Jackson Harper et Rebecca Henderson. Philip
Gelatt met tout en œuvre afin d'instaurer un climat étrange.
Suspect. Anxiogène. L'isolement de Keith et Jessica, les héros en
question, participe à l'angoisse, au même titre que le récit
lui-même qui ne se contente pas d'être claustrophobique malgré le
cadre, mais tente également de distiller au compte-goutte les éléments d'un
événement passé qui nous échappe quoi qu'il arrive. Bien décidé
à perpétuer le mystère qui entoure ce que l'un des personnages
évoquera comme étant une légende urbaine, le cinéaste y intègre
des visions mystiques parfois effroyables convoquant une certaine
idée du sectarisme auquel s'adonnaient déjà dans les années
soixante-soixante dix des allumés de la trempe d'un Charles Manson
ou d'un Jim Jones.
Non
comptant de nous offrir une œuvre épurée, cadrant ses personnages
de manière tellement étrange et inhabituelle qu'il n'est pas rare
d'y voir la volonté de Philip Gelatt de créer un climat
agoraphobique (contrairement à l'ambiance claustrophobique qui se
dégage des plans tournés dans le complexe scientifique)
particulièrement étouffant, l'auteur installe une relation ambiguë
entre deux individus dont le comportement laisse présager tout ce
qui va suivre. Ambiance particulière, entre l'ultra modernisme des
tentes disposées dans la clairière et la nature ambiante,
They Remain
tourne autour de l'étude de l'environnement, lequel semble avoir été
le théâtre d'importantes modifications. Des transformations dont
semble avoir été « victime »,
non seulement la végétation, mais les animaux eux-mêmes.
Le
résultat à l'écran sort du cadre habituel. Ici, tout n'est
qu'attente. Entre une Jessica analysant des prélèvements et un
Keith passant le plus clair de son temps à l'extérieur armé d'un
fusil, They Remain balance
quelques visions passéistes. Comme de vieux démons remontant à la
surface, lesquels vont avoir bizarrement des conséquences sur l'état
mental de nos deux héros. Dans une ambiance post-The
Thing,
Philip Gelatt instaure un climat de paranoïa se développant à
partir d'éléments plutôt minces. Tout commence par des caméras
qui tombent en panne, ou qui transmettent des images parasitées que
seul Keith sembler percevoir. Puis c'est au tour de Jessica de
s'inquiéter des bruits de coups frappés sur la toile de tente,
persuadée que Keith en est à l'origine alors que ce dernier nie
toute implication. Philip Gelatt insinue de cette manière la lente
dégradation psychologique de ses personnages quant d'autres
événements laissent supposer la présence d'une entité maléfique.
Sans jamais essayer d'apporter la moindre explication confirmant de
manière définitive une hypothèse plutôt qu'une autre, le
cinéaste explore les rapports entre un homme et une femme isolés
sur des terres fertiles en mystères : en effet, quel sens
peut-on offrir à ce chien errant, à ces fourmilières ou encore à
cet étrange trophée d'où semble tout à voir démarré ? Que
les voix ou que les silhouettes qui apparaissent soient réelles ou
non, Philip Gelatt préfère laisser le spectateur avec ses
questions. Sur un rythme léthargique qui ne conviendra pas à tout
le monde, le cinéaste nous offre un film d'épouvante moderne, mais parfois aussi, psychédélique
et mystique, laissant posées d'innombrables questions... Bonne interprétation de William Jackson Harper et Rebecca Henderson. Une
curiosité...
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