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jeudi 8 septembre 2016

Cycle improbable: J'Irai Comme un Cheval Fou de Fernando Arrabal (1973)



Après la déception consécutive à la vision de Viva la Muerte, c'est avec une assez grande appréhension que j'ai choisi pour ce second article consacré au Cycle Improbable, le deuxième long-métrage de Fernando Arrabal. Non par masochisme mais parce que je ne voulais surtout pas rester sur une impression définitive : celle de penser que le cinéma de l'espagnol était bien trop surévalué.

J'Irai Comme un Cheval Fou est donc le second film de Fernando Arrabal. S'il n'a pas abandonné l'idée de produire des œuvres à l'aspect surréaliste, il semble avoir cependant apporté davantage de soin à celui-ci. Fando a laissé la place à Aden. Et s'il est ici question d'un personnage bien différent, un homme vivant dans une cité qui n'a plus rien à voir avec le village espagnol du petit enfant, celui dont le parcours initiatique nous est conté désormais ne peut lui non plus, compter sur la présence du père. Témoin d'un acte sexuel qui l'a traumatisé étant enfant, Aden s'est réfugié dans un monde de fantasmes morbides. Victimes de crises d’épilepsie ponctuelles, il finit par tuer celle qu'il considère comme responsable de ses maux : sa mère.

Fuyant la justice des hommes, il se réfugie dans le désert et fait une rencontre inattendue. Celle de Marvel, un tout petit individu vivant en ermite, s’abreuvant du lait de sa chèvre et se nourrissant de sable. Marvel possède une capacité qu'il ne partage avec aucun autre homme sur Terre : il communique avec les animaux, les éléments, et tout ce qui existe sur notre planète. Pour Aden, c'est une révélation. Fasciné par ce petit homme savant, il lui propose de l'accompagner afin de découvrir la civilisation qui selon lui, assure le bonheur des hommes. Mais très vite, Marvel va déchanter face à cet univers bruyant et pollué, à mille lieues du havre de paix qu'est le désert...

L'homme se complaît dans le confort qu'il s'est établi peu à peu depuis des générations. L'eau courante, l'électricité, le chauffage. Un toit en dur, des magasins où acheter de la nourriture, ou des vêtements. Des voitures pour aller plus vite. Mais aussi, une atmosphère viciée, le vacarme assourdissant de milliers de moteurs. Un monde dans lequel l'on prône avant tout l'individualisme. Tout ce qui oppose l'univers du personnage de Marvel interprété par Hachemi Marzouk. Ce sculpteur et décorateur qui s'occupa des décors de Viva la Muerte se voit donc offrir par Fernando Arrabal le rôle de ce sage qui apprendra à son nouvel ami, les rudiments d'une existence sans paillettes et de partage. Il sera le révélateur des maux de ce matricide qui finira entièrement dévoré par les soins de Marvel, ce dernier revenant ainsi à la vie, fusionnant à tout jamais avec cet être sans âge mais que l'on suppose être vieux de plusieurs milliers d'années (le sac renfermant les rognures d'ongles annuelles en témoignant).

Si Viva la Muerte ne m'avait absolument pas convaincu, J'Irai Comme un Cheval Fou, lui, mérite effectivement l'engouement et la vénération dont il fait l'objet. La mise en scène de Fernando Arrabal est pour une fois maîtrisée. Beaucoup moins transgressif (et donc bien moins gratuit), le film est davantage marquant. Le réalisateur met en parallèle deux modes de vie diamétralement opposés, et c'est à chacun ensuite de se faire une opinion. L'espagno en profite pour faire la critique féroce de la religion et des rapports mère-enfant avec lesquels il semble toujours avoir un souci. J'Irai Comme un Cheval Fou est une œuvre belle, complexe, surréaliste et poétique. On y retrouve une fois de plus une bande-son hétéroclite faite de chants tribaux africains, de musique sacrée et de comptines pour enfants...

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